jeudi 28 mai 2009

RUPTURE de BLOG.

© FDM.

27 mai 2009. Il pleut. Je regarde le paysage au travers du verre. Tout est brouillé. Assourdi. Les formes ont disparu. Ne subsistent plus que certains halos colorés.

Percevoir un monde brouillé, dilué : repos. C'est une rupture d'avec le monde. Un oubli. Bienfaisant.

On passe alors dans d'autres mondes. Parallèles. Où il pleut ! Et l'on peut aussi y regarder le monde, au travers d'une vitre ou d'un verre...

Le Petit Théâtre de l'AFFAIRE ARTAUD

Longtemps, les différents éléments de L'Affaire ont été cloisonnés. Tenus au secret. Ignorés des différents protagonistes de l'histoire, qui n'avaient alors accès qu'à un seul plan de l'Affaire. L'ouvrage récemment paru chez Fayard, en mars dernier, a, d'un coup, abattu les cloisons.

Comme au théâtre, les différents protagonistes de cet "opéra" se sont retrouvés nez à nez. - Résultat : un CHOC. Suivi d'un long silence, de ce silence qui est aujourd'hui celui des médias et des intellectuels (ou desdits intellectuels), , embourbés dans ce qui a toutes les apparences d'un vaudeville.

Qui donc aura l'audace, la présence d'esprit, la simple honnêteté de PRENDRE LA PAROLE. De s'engager sur ce terrain-là, apparemment bien "glissant" de l'AFFAIRE ARTAUD ?

samedi 23 mai 2009

WILHELM LEHMBRUCK. "Oublier Rodin ?"

Rares sont les grandes expositions de sculpture, celles qui couvrent un champ historique significatif, celles qui ouvrent des voies critiques neuves, tout en dégageant de puissantes impressions sensorielles.

L'exposition "Oublier Rodin ? La sculpture à Paris, 1905-1914" est de celles-là. - Disons-le, on oublie vite le puissant et incontestable modèle que fut Rodin. Tant paraissent puissantes et inventives les formes que prend la sculpture européenne entre 1905 et 1914.

Il s'agit d'une époque-charnière. L'art moderne y est en gestation et s'exprime ici au niveau des formes comme au niveau du traitement des matières.

Je m'attarderai sur ce seul aspect des matériaux : marbres, bronzes, ciments diversement patinés, pierres. Matériaux qu'il faut ici, en chaque cas, décliner au pluriel tant sont riches et diversifiés les aspects qu'ils peuvent revêtir.

D'où une prodigieuse leçon de sensualité. Il est des marbres laiteux, crayeux, d'autres transparents et parfois proches de l'albâtre. Des bronzes dorés, vert-de-gris ou presque noirs. Des pierres granulées, d'autres polies et comme soyeuses. Sans même y passer la main, on devine à l'œil le grain de la caresse possible et la courbe appuyée de tous les arrondis.

Beaucoup des sculpteurs ici présentés seront par le public à découvrir et redécouvrir : Pompon, Maillol, Bourdelle, Joseph Bernard, Brancusi, Gargallo, Archipenko, etc.

À mettre à part, Wilhelm Lehmbruck, sculpteur allemand ici omniprésent, et dont il est si rare de voir les œuvres. Il fut le sculpteur favori de Joseph Beuys. Ses sculptures longilignes (qui évoquent parfois le futur Giacometti) reposent fréquemment sur une cassure, sur la dichotomie d'un corps déjà géométrisé et d'une tête qui, elle, est en rupture d'avec le bloc sculpté. - La tête tourne ou se retourne, songe et se perçoit d'emblée comme DÉ-CALÉE.

Alors, courez vite au musée d'Orsay : l'exposition dure jusqu'au 31 mai.

lundi 18 mai 2009

ANDRÉ MASSON : le bestiaire automatique.

Le Musée de la Poste vient de programmer une exposition André Masson. Rares sont les expositions consacrées à celui qui fut le compagnon de route des surréalistes, l'ami d'Antonin Artaud et qui, toujours, sut rester indépendant.

Consacrée au BESTIAIRE de l'artiste, l'exposition couvre toutes les périodes de sa carrière. Riche et diversifiée, elle abonde en métamorphoses et fantaisies diverses.

Je reste pour ma part attachée au Masson de la période automatiste. Quels sont les animalcules qui peuplent la fulgurance des dessins automatiques des années 1923-1927 ?

L'oiseau, le poisson, les céphalopodes, crustacés et animaux marins... Comme si l'air et l'eau avaient pris le pas sur les autres éléments. L'oiseau et le poisson ont en commun d'ondoyer et de filer dans les tourbillons, que ceux-ci soient aqueux ou aériens. On y retrouve le goût des surréalistes pour les "poissons solubles" et les lignes complexes de ce vol des oiseaux jadis décrit avec tant de minutie par le Vinci.

L'oiseau et le poisson comme métaphores de l'automatisme : c'est là sans doute qu'il faudrait en venir ou en revenir. À la vitesse de ces lignes décochées comme autant de flèches.

cf. www.editions-blusson.com

"ELLES". Un nouvel "accrochage".

On pourrait longuement gloser sur ce terme de "nouvel accrochage" utilisé par le Centre Georges Pompidou pour nous présenter le versant féminin de l'art dit moderne et contemporain.

S'agit-il d'un nouvel avatar dans la récente histoire du féminisme ? Il est certain que l'histoire des arts plastiques fut longtemps un territoire essentiellement masculin. Faut-il pour autant tracer, et trancher à nouveau, et délimiter des frontières, aviver ces querelles et délimitations de "territoires" (au demeurant très animales) que l'on souhaiterait voir abolir pour de bon.

En regard de tous ces "ILS", ces "ELLES", ne faudrait-il pas promouvoir, comme le firent tant d'artistes irrévérencieux, une gamme intermédiaire de presque "ILS" et de "ELLES" à tiroirs ou à rallonges.

Comme le firent, chacun et chacune en leur temps, DUCHAMP, feuille de vigne femelle et Rrose Sélavy à la boutonnière, ou LOUISE BOURGEOIS, armée de ses forêts de protubérances laineuses, et de l'armée de ses "zizis", revisités façon Pierre Perret et si bien cousus et recousus.

Que dire enfin de ces espèces intermédiaires - végétaux marins, hermaphrodites et transvestismes des divers règnes végétal, animal et minéral... Lisières et mondes que le Butô a si magistralement explorés...

lundi 11 mai 2009

RAPPEL - L'AFFAIRE ARTAUD : Rencontre-débat.

À l'occasion de la parution de :
L'AFFAIRE ARTAUD : Journal ethnographique (Fayard, 2009),
la Librairie PENSÉES CLASSÉES est heureuse de vous inviter pour une rencontre-débat avec Florence de Mèredieu
le Jeudi 14 mai, à 19H00.

Librairie PENSÉES CLASSÉES,
9 rue Jacques Cœur, Paris 4e
Tel : 01 40 27 87 94
Mail : librairiepenseesclassees@orange.fr
Métro : Bastille

L'AFFAIRE ARTAUD : les honneurs de la censure.

Deux mois se sont écoulés depuis la sortie de L'Affaire Artaud chez Fayard. Deux longs mois.

Un constat, que je ne suis pas seule à faire : la presse écrite est coite. Muette. - Ce livre retraçant l'histoire des idées, de la presse et des milieux culturels de ces soixante dernières années, ce silence paraît bien poisseux. Et en tout cas symptomatique.

L'atmosphère de censure, qui me poursuit depuis déjà quelques décades, est toujours aussi épaisse. Et efficace.

Aujourd'hui - en Europe et au cœur même de ce pays qui n'a jamais manqué d'esprits éclairés prêts à s'emballer dès que pointe le museau de ladite censure, il est singulier d'être ainsi systématiquement "censuré".

Serait-ce un exploit ? Une performance ! Je dois posséder en la matière quelque talent !

L'AFFAIRE ARTAUD. Tournez Manège ! Un certain bandeau publicitaire.

Fin avril : je tape mes mails sur l'écran de mon ordinateur. Sur ma droite apparaît l'image de mon dernier livre. Je crois à une hallucination ; je poursuis ma tâche.

Quelques jours plus tard, il faut bien se rendre à l'évidence : une importante chaîne de librairies vient d'inclure le C'était Antonin Artaud, la biographie parue chez Fayard en 2006 et L'Affaire Artaud qui vient de sortir, dans un bandeau publicitaire qui circule sur Internet.

Les deux livres sont associés aux deux ouvrages d'un romancier à succès, Guillaume Musso, que je découvre pour la circonstance. Il y a même des animations : les quatre livres tournent en rond. Comme dans un manège.

Un ami me téléphone. Il s'intéressait à la cuisson du méchoui et vient de voir mes livres, en bandeau, sur un site Internet, lacuisinemarocaine.com. - Surréaliste, non ? Et moi qui parlais de censure !

vendredi 8 mai 2009

L'AFFAIRE ARTAUD. DERRIDA et la DÉCONSTRUCTION.

Outre sa dimension de grande saga romanesque et son parfum de "polar", L'Affaire Artaud (Fayard, 2009) déboucherait sur quelques implications théoriques pour le moins surprenantes.

Qu'en est-il effectivement de la "Théorie de la Déconstruction" lorsqu'on la compare à un certain traitement des manuscrits d'Antonin Artaud ? Le bien-fondé de la pensée ou "non-pensée" de Derrida s'en trouve-t-il perturbé ?

Les éléments du dossier, en tout cas, sont désormais réunis, les données mises à plat. Le débat est ouvert : La "Théorie de la déconstruction" a-t-elle servi d'assise à la déconstruction, reconstruction et mise en forme des manuscrits originaux du poète ? (cf. L'Affaire Artaud, pp.. 604-624)

L'AFFAIRE ARTAUD : le silence de Philippe SOLLERS.

Le silence que Philippe Sollers entretient aujourd'hui sur cet ouvrage est-il surestimé ? Notre brillant pourfendeur de chimères fut pourtant, jadis, d'une prolixité et d'une générosité verbales à toute épreuve lorsqu'il s'agissait, dans le cadre de cette même Affaire, de dénoncer l'ensemble des complots, ourdis massivement à l'encontre du petit père Artaud. Plus personne aujourd'hui pour relever le gant, prendre "date" et se signaler en faveur du même "poète assassiné".

Un seul silence. Dont on ne saurait dire qu'il est assourdissant. Non. Le temps a passé. Le camarade Sollers est sagement rangé - au garde-à-vous - du côté des institutions. Bien à l'abri dans la forteresse de son statut mandarinal.

Ce silence en conséquence n'est ni en excès, ni "en trop" ! On ne pourrait même dire s'il "s'entend". Je suis peut-être la seule à en percevoir l'inaudible murmure. Il se borne à contresigner la "disparition" de ce qui jadis portait le non d'"intellectuels" et ne craignait pas de penser, de débattre et de relever le gant.

jeudi 7 mai 2009

L'AFFAIRE ARTAUD. Une redondance nommée Bernard NOËL.

Parmi les critiques adressées à mon gros bouquin, celle qui vient en premier est l'argument de la redondance. - Est-elle si grande et si réelle ? Je n'en suis pas sûre et me suis déjà expliquée là-dessus (cf. ma réponse à Thierry Savatier).

Que pourrait-on élaguer ? Chaque fait, chaque événement, chaque "reprise" portent une coloration particulière. Fallait-il gommer cette dimension ?

Je me repose toutefois la question ? Qu'est-ce qui revient si souvent et dont on pourrait amputer ce livre ? La réponse, à l'évidence, tient en un nom : celui de Bernard Noël dont les propos reviennent constamment tout au long des pages. Alors de l'Affaire Artaud et de ce livre faut-il - pour cause de redondance - supprimer Bernard Noël ?

mardi 5 mai 2009

L'AFFAIRE ARTAUD : Rencontre-débat.

À l'occasion de la parution de :

L'AFFAIRE ARTAUD, Journal ethnographique
(Fayard, 2009)

La Librairie PENSÉES CLASSÉES
est heureuse de vous inviter pour une rencontre-débat
Avec Florence de Mèredieu

Le Jeudi 14 mai, à 19H00

Librairie PENSÉES CLASSÉES, 9 rue Jacques Cœur, Paris 4e
Tel : 01 40 27 87 94
Mail : librairiepenseesclassees@orange.fr
Métro : Bastille

CALDER. Un univers mobile.

Du noir. Du blanc. Quelques taches de couleurs primaires : rouges, jaunes, bleues. Et le vent, le moindre souffle, le plus aérien des siroccos s'engouffrent dans les formes qui oscillent et se balancent. La poésie du microcosme de Calder est minimale. - Ses animaux de fil de fer, son lion chevelu, ses acrobates et ses danseuses bondissent et rebondissent dans le cirque qui est celui de nos enfances. La drôlerie elle aussi y est minimale. Légère comme un souffle. Élégante.

Un blog au fil de l'eau.

© FDM.

Un blog est comme un fleuve que l'on descend. On s'abandonne au fil du courant. Nuages et paysages défilent. On ne sait ce que le prochain tournant va réserver. Les textes, les images s'organisent entre eux au gré des événements ou non-événements, au fil des vagabondages, hasards, rencontres. On a tout loisir de quitter le bateau, monter sur la rive et hanter (secrètement) d'autres vies, d'autres mondes. Et puis, l'on revient, on retrouve le cours changeant de ce grand fleuve indifférent du temps qui passe. Et le plaisir de menues notations.

vendredi 1 mai 2009

"Les différents états de l'eau" dans l'art contemporain Conférence : Madrid, 15 avril 2009.

© Evaristo Bellotti.

D'impétueuses vaguelettes, des trombes d'eau, des cascades, des ruisseaux, des océans déferlent sur l'auditorium du Musée Thyssen-Bornemisza. J'y ai convoqué pour la circonstance les aquarelles d'Henri Michaux, les performances et installations aquatiques et "subaquatiques" de Klaus Rinke, le bruit de l'eau des bassins entourant la pyramide du Louvre et ces reflets des lettres des installations de Jenny Holzer. La piscine ensoleillée de Merleau-Ponty y voisine avec les pages dans lesquelles le même Henri Michaux y décrit la gestuelle hallucinatoire de l'acteur chinois versant d'un broc "inexistant" une eau également inexistante.

Cette eau de nature hallucinatoire nous la retrouvons, sous une autre forme, dans l'installation de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau, A Volve : de l'eau recouvre une table lumineuse. En y agitant les doigts, des rides se forment et des animalcules de synthèse surgissent alors du plus profond du bassin. - Le lendemain j'apprends qu'une installation d'Evaristo Bellotti a eu lieu à Madrid quelques mois plus tôt, mettant en scène, au cœur du Palais de Cristal un sol de marbre, soigneusement alvéolé et aux cavités remplies d'eau. Les visiteurs y circulaient pieds nus. Trois qualités de peaux s'y rencontraient de manière sensuelle : la peau de l'eau, celle du marbre et la tendre chair humaine.

Catalogue : Evaristo Bellotti, Escultura, Musée National Centre d'Art de la reine Sofia, 2008.