mardi 16 juin 2009

Lettre ouverte Affaire Artaud Le Monde 2009 — 1/6

TABLE POUR LA REVIFICATION DES NOYÉS.
“Table mobile, renfermant dans son milieu un réservoir en cuivre étamé occupant juste l’espace représenté par la surface du corps, et pouvant, en un temps fort court, réchauffer d’une manière continue toute la partie postérieure du noyé.” par Félix Archimède Pouchet, 1840.

AFFAIRE ARTAUD LE MONDE
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).


Saluons tout d’abord le courage de Jean-Louis Jeannelle. Et du Monde en arrière-plan. Oser, simplement oser, un papier, ou un semblant de papier, sur L’Affaire Artaud ne semble pas évident. Le silence de presque toute la presse en témoigne. Rendons donc hommage à cette simple initiative.
L’Affaire Artaud concernant l’ensemble de la presse et des médias, nous donnerons à cette lettre un aspect “générique”.

UNE CRITIQUE “IMPOSSIBLE” ?

“À force de disséquer chaque recension que les journaux ont consacrée (ou non) à ses précédentes publications, Florence de Mèredieu rend délicate la critique de son nouveau livre, L’Affaire Artaud. Les articles des journalistes du “Monde des livres” y sont décortiqués. Peu désireux d’être soupçonnés de collusion ou de censure, il ne nous reste plus qu’à refuser de prendre parti - position insatisfaisante aux yeux de l’auteur qui y voit une forme de “jésuitisme”...
(Jean-Louis Jeannelle, Le Monde, 11/06/09)

“Artaud et les jésuites”. - Ce titre m’a amusée. Pour quelqu’un comme moi, dont la réputation de grande gueule et le peu de sens diplomatique sont connus, il est délicieux de se faire ainsi traiter de “jésuite”. Surtout à l’occasion d’un livre qui les assène et ne les cache pas ces vérités-là qui ne sont pas bonnes à dire. Un livre qui semble en effrayer et déranger plus d’un ! Alors oui : ce que l’on peut saluer en moi, c’est un “jésuitisme à l’envers”, un certain sens de la “diplomatie à rebours”.

Plutôt que de traiter de l’Affaire et du fond de l’Affaire, l’article de J.-L. Jeannelle se concentre (mais de manière fort elliptique) sur le traitement d’Artaud et de l’Affaire par Le Monde des livres. Le journal fut effectivement très impliqué dans l’histoire et l’on peut dire qu’à un certain moment, il ne lui déplut pas d’y “mener le jeu”.
Certaines des critiques contenues dans mon dernier livre concernent en effet des articles publiés naguère par Le Monde ou l’absence, tout aussi significative, d’articles concernant les ouvrages que j’ai consacrés au poète.

On comprend bien que L’Affaire Artaud, journal ethnographique (Fayard, mars 2009) n’ait pu être appréhendé par Le Monde qu’avec des pincettes. Et de bien curieuses lorgnettes.
Mais trêve de nombrilisme. Ce n’est là qu’un aspect du livre incriminé, lequel met en scène bien d’autres journaux (Combat, Libération, Le Nouvel Observateur, le Figaro, Art Press, Télérama, etc.), bien des institutions (Gallimard, La Bibliothèque nationale de France, le Centre Georges Pompidou, etc) et de succulentes personnalités (Paule Thévenin, Roland Dumas, Philippe Sollers, Derrida, Bernard Noël, etc.). Et tant d’événements.
Pourquoi donc cet article (“Artaud et les jésuites”) dont l’essentiel consiste à proclamer qu’on ne dira rien du livre en question, de crainte de ce que son auteur pourrait en dire ou en penser ?

L’article de J.L. Jeannelle se contente ensuite d’énoncer quelques faits déjà connus. Et passe sous silence la masse de documents, d’informations, de faits nouveaux dont beaucoup sont inédits. Tout cela qui devrait induire bien des débats.
- “Artaud toujours en débat”, écrivait Josyane Savigneau en 1995. - À lire aujourd’hui ce bref papier, on comprend que Le Monde n’a qu’une idée en tête : clore au plus vite ce débat. Autrement dit : “circulez ; il n’y a rien à voir”. Passez votre chemin et SURTOUT : oubliez l’Affaire Artaud.

Le Monde aurait-il quelque chose à perdre ? Ou à cacher ? Ou à voiler ? - Le Monde et, bien sûr, ceux qui en arrière-plan tirent les ficelles de l’histoire. - Il y a trop de beau monde impliqué dans l’Affaire Artaud.

De quoi donc a peur Le Monde, qui refuse explicitement de “prendre parti”, de crainte d’être à nouveau taxé de “jésuitisme” ou - plus grave encore (et c’est moi ici qui m’avance) de vouloir dérober la vérité et faire en sorte que le lecteur surtout ne se précipite pas sur ce livre-là : L’Affaire Artaud ? - Je ne suis pas un ennemi bien puissant et l’on me ferait beaucoup rire en me faisant croire que l’article pourrait se résumer à ce bref adage : “Qui a peur de FdeM ?” - Personne, n’est-ce pas ? Alors ? Il faudrait éclairer un peu plus ma lanterne.

Lettre ouverte Affaire Artaud Le Monde 2009 — 2/6

AFFAIRE ARTAUD-LE MONDE
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).


ARTAUD “EN APARTÉ”.

C’est au cœur d’une bien curieuse rubrique, “APARTÉ”, que Le Monde des livres publie ce papier.
Oyez ! Oyez ! Gentes dames, gentils seigneurs ! Pour parler de l’Affaire Artaud, il convient de baisser le ton, de sortir du cadre des rubriques importantes et de se faire tout petit. Pour PARLER de l’Affaire Artaud et d’Artaud tout court, il convient d’abord et avant tout de SE TAIRE. - On l’aura compris.

Le Monde des livres ne se mouille pas. - Serait-ce parce que le fleuron du journalisme français est déjà, en cette histoire, mouillé jusqu’à la racine des cheveux ? Disparu corps et biens dans les arcanes et profondeurs de l’Affaire Artaud. Le Monde s’y serait-il noyé ? Dissous ? Dilué ?

Pour ressusciter les vigueurs de notre quotidien, je proposerai l’usage de cet antique appareil, destiné à la revivification des noyés (Cf. image de couverture).

Lettre ouverte Affaire Artaud Le Monde 2009 — 3/6

AFFAIRE ARTAUD-LE MONDE
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).


UNE MODIFICATION DU STATUT DE LA PRESSE

En 1994, lorsque j’adresse à quelque 900 personnes ma “Lettre ouverte à Josyane Savigneau” (1), ce fut un beau tollé. Outre une critique du travail de Paule Thévenin, ma lettre ouverte franchissait (allègrement) un autre tabou majeur : on ne met pas en cause un journaliste. Celui-ci (ou celle-ci en l’occurrence) est persona non grata.
Les auteurs peuvent ne pas reconnaître leurs livres dans ce qui est énoncé par le dit “critique”, être (pourquoi pas) attaqués injustement ; ils peuvent se sentir trahis, manipulés. En aucun cas ils ne doivent “répondre” et s’attaquer aux grands noms de la presse.

Cette situation n’est pas normale. Un journal culturel se doit de promouvoir RÉELLEMENT et non pas seulement pour la façade un débat d’idées. L’auteur doit pouvoir s’expliquer.

La situation n’est plus aujourd’hui tout à fait la même. La situation de la presse écrite s’est modifiée. Internet a peut-être beaucoup de défauts, mais il a tout de même fait voler en éclats l’ancien monopole détenu par les journaux.

Jean-Louis Jeannelle juge “délicate” la critique de ce nouveau livre. Je serais en quelque sorte trop méchante avec les journaux. Entreprendre la critique de son article ne me paraît, inversement, une entreprise ni délicate, ni pharaonique.

Trêve de coquetteries : “Décortiquer” et critiquer l’article d’un journaliste, quoi de plus normal. C’est d’ailleurs ce que les journalistes font des livres des auteurs. Une saine réciprocité ne peut en la matière nuire à la vie intellectuelle. Nos journalistes devraient plutôt s’en réjouir. Cela montre qu’on les lit encore un peu.Le Monde a-t-il réellement envisagé de faire une “critique sérieuse” de mon livre ? Ce n’est pas impossible. - Le Monde a-t-il au contraire songé à faire l’impasse, à ne rien publier ? C’est peu probable car ce silence, par trop visible, avait déjà été repéré. D’autant plus facilement que mon livre met nommément en cause le journal. Les journalistes du Monde des livres ont donc opté pour une voie médiane et censément diplomatique : le “papier pour ne rien dire”. Publié tardivement, à l’approche de l’été. Trois mois après la sortie de l’ouvrage en librairie.

D’où ce papier écrit, on le sent, avec d’extrêmes pincettes. Un papier de “Précieuse ridicule” pratiquant le “collage” de citations” et quelques amalgames grossiers. Un papier mal ficelé. Les Jésuites, les vrais, sont bien plus doués !

Ainsi de ce prétendu paradoxe final, Jean-Louis Jeannelle me taxant de “jésuitisme”, en me reprochant conjointement :
- ces craintes que j’évoque concernant, à la parution de cet ouvrage, un renforcement des attitudes des uns et des autres, avec “fixation, cristallisation et projection accrues des fantasmes à l’œuvre depuis les origines de cette affaire, il y a soixante ans”
- et ce souhait qui était le mien que cette situation soit dépassée et que “l”Affaire ou les Affaires Artaud cessent enfin de s’écrire”.

Eh bien, oui, Monsieur Jeannelle : on peut tout à la fois se montrer lucide et souhaiter que les choses se clarifient et avancent ! - C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement. Des avis de lecteurs sur Internet, divers courriers me montrent que certaines lectures changent, et changent TRÈS VITE.

L’attitude du Monde, par contre, et de l’ensemble d’une presse écrite à peu près coite, démontre que mes craintes n’étaient pas infondées. - Allons, Allons, Monsieur Jeannelle, un petit effort de rhétorique est encore nécessaire au poli de vos articles. La méchanceté est un art et ce n’est pas si facile !

Lettre ouverte Affaire Artaud Le Monde 2009 — 4/6

AFFAIRE ARTAUD-LE MONDE
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).


LES GRANDS PERDANTS : ARTAUD ET SON PUBLIC

Comme toujours depuis soixante ans, en cette Affaire il y a deux grands perdants :

- Artaud et son œuvre, qui demeurent sous dépendance, sous influence, livrés à la sauce qui arrange ses divers “possesseurs” ou “ayants droit” (maisons d’édition, institutions gérant les archives, héritiers, etc.).

- le public, à qui on livre (comme me l’écrivait si justement Philippe Lacoue-Labarthe en 1994) non pas “Artaud” mais “de l’Artaud”. À savoir une œuvre formatée et reformatée en termes de gestion éditoriale et commerciale. Le public reste le grand dindon de la farce, lui que les divers médias n’ont cessé de maintenir sous influence, dans le non-dit et les faux-semblants de l’Affaire.

LE TRAITEMENT DES MANUSCRITS

Quant au traitement éditorial des cahiers manuscrits d’Artaud tel qu’il fut effectué des années durant, par Paule Thévenin, l’histoire est complexe et je laisse au lecteur le soin de découvrir comment s’est construite, au fil des ans et des intérêts des uns et des autres, une bien monstrueuse légende. Le Monde aujourd’hui ne souhaite visiblement pas que toute clarté soit faite en cette affaire. Pour des raisons qui lui sont propres et qui ne concourent pas à l’établissement de ce que je persiste à nommer “la vérité de l’Affaire Artaud”.

Techniquement, il ne serait pas difficile de proposer (sur Internet, par exemple) une version numérisée des cahiers d’Artaud. C’est une question de volonté, et d’un peu de temps.
Se posent maintenant des questions de droit, lesquelles se doublent (on s’en doute) de données commerciales. Ceux qui disposent de ce droit et pourraient mettre en œuvre ce chantier, sont actuellement Serge Malausséna (ayant droit du poète), Gallimard (l’éditeur des Œuvres Complètes du poète) et la Bibliothèque nationale de France (détentrice des manuscrits).

Lettre ouverte Affaire Artaud Le Monde 2009 — 5/6

AFFAIRE ARTAUD-LE MONDE
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).


LES ENJEUX

“Les enjeux”, me direz-vous : quels sont-ils ? C’est là l’important. - Ils concernent tout d’abord l’œuvre d’Artaud et la manière dont cette œuvre a été véhiculée auprès du public. Pour faire vite et demeurer pudique dans mes critiques, disons que l’actuelle transcription des œuvres posthumes du poète demeure sujette à caution, Qu’il s’agisse de la transcription de Paule Thévenin, calamiteuse sur trop de points, ou des essais de transcription menés par Évelyne Grossman (dans le Quarto ou le Cahier d’Ivry) qui demeurent problématiques et aboutissent parfois à des distorsions de sens.

Les Cahiers d’Artaud sont éminemment graphiques. Écriture et dessin se mêlent inextricablement. Le texte même y est distribué de manière polyphonique. Avec des incrustations de textes (et donc de sens) à l’intérieur d’autres textes. On ne peut, sous le prétexte d’une prétendue “lisibilité”, gommer cette dimension.

Le deuxième enjeu serait d’en finir avec la névrose galopante et médiatique qui a si longtemps sévi. Que la liberté d’expression soit, en cette affaire, possible. Que la peur disparaisse, qu’elle s’évanouisse de cet endroit-là où elle semble la plus vive : dans le milieu de la presse, de l’édition et des médias.
Quel est le rôle d’un journal ? Et d’un journal comme Le Monde ? Est-il de pérenniser le poids des influences, de conforter les réseaux, de mener le jeu de quelques-uns ?

Ce que nous souhaitons, ce à quoi le lecteur, le public, ont droit, c’est à une information fiable, à l’organisation de vrais débats : contradictoires. Le rôle du Monde des livres et des journaux culturels devrait être d’initier et de conduire de tels débats. - On est évidemment aujourd’hui loin du compte.

Ce dernier article du Monde n’est pas à la hauteur de l’enjeu, des enjeux de l’Affaire Artaud. Bien des lecteurs, qui ont lu ce livre, me le disent : on ne comprend pas le sens de ce papier qui ne ressemble pas à un papier...

Lettre ouverte Affaire Artaud Le Monde 2009 — 6/6

AFFAIRE ARTAUD-LE MONDE
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).


UNE "HISTOIRE POLÉMIQUE"

Jean-Louis Jeannelle doute du bien fondé de “cet essai d’histoire polémique” que mon livre tente de mettre en œuvre. Y a-t-il contradiction entre “histoire” et “polémique” ?

Ce que notre universitaire et journaliste oublie, c’est que l’Affaire Artaud est demeurée, jusqu’ici, un haut lieu de légendes où toutes les affabulations étaient possibles.
Il suffit donc d’accumuler les faits, les documents, de relater les événements dans leur véracité, pour que, d’un coup, ce qui relève effectivement de l’histoire (ce qui s’est déroulé, a été dit ou accompli à un moment donné par tel ou tel personnage) ou de l’enquête ethnographique (je tiens ici le rôle de l’ethnographe ou du détective) se révèle polémique.

Ce qui fait polémique au premier chef dans cet ouvrage, c’est la masse des documents, des faits, qui viennent contredire les légendes en place. - Ce n’est pas la verdeur de ton qui est en cause. Non, c’est le réel ici qui fait polémique.

Florence de Mèredieu, 14 juin 2009

P.S. Et l’héritier, me direz-vous ? Où donc est passé l’héritier, lui naguère si entreprenant, toujours prêt à voler au secours de son “génial tonton” ? - Depuis la sortie de L’Affaire Artaud, on ne l’entend plus. Silence radio. Sans doute a-t-il disparu dans un trou de souris.P.S. Petite précision. Contrairement à ce que relate J.L. Jeannelle, mon étude sur les dessins d’Artaud n’a pas été entreprise en 1981. À cette date, le texte de l’étude est rédigé. Terminé. C’est la mise en œuvre éditoriale qui commence. J’”entre dans l’arène” et c’est alors que le “ciel” entreprend de me tomber sur la tête.

(1) Lettre reproduite dans L’Affaire Artaud, journal ethnographique, Fayard, 2009.
Un extrait en est consultable sur mon blog.

vendredi 12 juin 2009

LE MONDE, LES JÉSUITES et L'AFFAIRE ARTAUD

Curieux papier du Monde. Sur le fond du livre et de l'Affaire Artaud, quasiment rien, sinon une absence de prise de position hautement revendiquée (quel courage et quel panache !). Toujours le même flou artistique.

Pour ce qui est de la forme et de l'apparence, Le Monde semble entretenir un rêve et un vœu pieux : que l'auteur du livre revête toutes les apparences et le ton d'un "jésuite".

Comment le petit Larousse définit-il le "jésuitisme" ?
"JÉSUITISME : hypocrisie doucereuse, astuce".

Eh oui, ceux qui me connaissent le savent bien :

Hélas ! Hélas ! Je dis les choses. J'assène les vérités, surtout quand elles sont plurielles. J'appelle un chat, un chat et une entourloupe, une entourloupe.

Si j'avais pratiqué ce que notre journaliste nomme ici du "jésuitisme", ce livre n'aurait jamais vu le jour.

Que Le Monde, et beaucoup de monde, ne puisse s'y retrouver, c'est certain ! Mais c'est, après tout, l'"affaire" de chacun. Sans jeu de mots aucun !

La lecture du Monde pèche par cela même qu'elle croit dénoncer : un pur excès de JÉSUITISME.

* Voir l'article de Jean-Louis Jeannelle : "L'Affaire Artaud : Journal ethnographique", de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites", Le Monde des livres, 11/06/09.

LE MONDE et L'AFFAIRE ARTAUD. - Un tout "petit" papier.

On se rappelle naguère les tartines assassines que Dame Savigneau et Compère Sollers produisaient dans les pages du Journal. Une page entière, en septembre 1994 ! Avec des accents grandioses.

Un tout petit papier, en ce 11 juin 2009, pour surtout ne PAS parler et ne rendre compte que pour la forme et l'apparence de cet ouvrage qui gêne aux entournures, cet ouvrage si malséant qu'il en est paru chez Fayard : L'Affaire Artaud, Journal ethnographique.

Oyez, oyez ! Le Monde rend compte de tout. Y compris de ces livres de pleureuses qui osent (quel toupet tout de même) regarder en face celui qui se présente comme le fleuron du journalisme français et du journalisme tout court.

Mais le souffle de notre journaliste est court aujourd'hui. - Ce papier est "petit" sur toute la ligne. Par la quantité et par le ton.

De grâce, retrouvez votre souffle et ces accents autrement guerriers qui furent ceux du Monde à ses beaux jours.

La potion est aujourd'hui frelatée et l'attaque bien mince.

* Voir l'article de Jean-Louis Jeannelle : "L'Affaire Artaud : Journal ethnographique", de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites", Le Monde des livres, 11/06/09.

LE MONDE et L'AFFAIRE - Artaud en "APARTÉ"

Sur Internet, l'article du Monde a une allure "normale". Dans la version papier, il est présenté sous la rubrique "Aparté".

Qu'est-ce qu'un aparté ? - "Paroles échangées à l'écart, quoiqu'en présence d'autres personne". "Être seul à seul avec quelqu'un". (Le Petit Larousse)

Le Monde aurait-il, en cette Affaire, quelque crainte d'être entendu ? Ou d'être lu ? - Qu'il faille baisser le ton. Agir en catimini.

Serait-ce un signe à destination du lecteur ? Vous n'auriez pas un besoin urgent de lire ce qui est inséré. Vous pourriez vous en passer. Ce n'est pas essentiel. C'est "entre nous". Et à voix basse. Dans un lieu secret et à l'écart.

À l'écart, bien sûr, de l'important. Qui mérite un vrai papier. Et peut se dire à haute voix.

L'AFFAIRE ARTAUD : Chut ! Baissez la voix. On ne peut en parler qu'en chuchotant... Dans un arrière couloir et à l'abri des indiscrets... On ne sait jamais...

Pas besoin de se demander, en cette histoire, où sont les vrais jésuites !

* Voir l'article de Jean-Louis Jeannelle : "L'Affaire Artaud : Journal ethnographique", de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites", Le Monde des livres, 11/06/09.

mardi 9 juin 2009

Les ARTS VIVANTS au risque des NOUVELLES TECHNOLOGIES - Et réciproquement.

4 juin. Conférence à Lyon. - Les Arts de la scène (danse, théâtre, musique...) et les Arts de la rue confrontés à ce que l'on dénomme les "nouvelles technologies" (vidéo, régie informatique, interactivité et "robotique").

Il s'agit tout d'abord de montrer que les machineries et le déploiement de techniques complexes ont toujours fait partie de l'aventure de la scène. Le théâtre baroque fit un grand usage de ces dispositifs qui permettait de faire descendre des cintres les dieux, le soleil ou les planètes...

Les mondes "virtuels" sont là pour prendre aujourd'hui le relais. Les projections vidéo permettent de multiplier les points de vue, de jouer sur des échelles diverses ou de happer les corps dansants au cœur d'incessants mouvements.

Les progrès de la robotique permettront sans doute l'apparition d'acteurs de synthèses, androïdes d'un genre nouveau qui mimeront les gestes des acteurs du passé.

En attendant, nous tenons la perfection : ROYAL DE LUXE et le corps si bien articulé/désarticulé de la Petite Géante (encore une question d'échelles !). Ou JEANNE MOREAU campant la Célestine... en os, en chair, en voix, en sensibilité.

ANDRÉ MASSON, les dessins automatiques - Comment j'ai écrit ce livre.

C'est à André Berne-Joffroy, conservateur au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris que je dois la découverte des dessins automatiques, montrés au cours d'une exposition qu'il avait organisée en ce lieu.

D'emblée, j'avais été frappée par le caractère si particulier de ces dessins. Par leur singularité. Effectués à grande vitesse et dans un état second, ils constituent le pendant de l'écriture automatique d'André Breton. La ligne y est souveraine. André Masson comparait cette ligne automatique à la flèche de l'archer zen.

Les figures n'y sont pas prépondérantes ; elles apparaissent fréquemment enfouies dans le lacis de la ligne, l'arabesque et le lasso des formes.

Ce fut pour moi le premier livre écrit directement à l'ordinateur, très rapidement (en deux mois) et d'une manière qui, à l'époque, m'apparut, elle aussi, comme "automatique". Je séjournai à l'époque en bord de mer et nageai fréquemment. - Je passais ainsi de l'espace trouble et comme aqueux de l'ordinateur à ces autres mouvements, ces autres lignes et ondoiements de la nage en pleine mer.

Les notes, par contre, abondantes et circonstanciées, furent ensuite ajoutées. Elles constituent, en fin de parcours, comme un second livre. À lire (pourquoi pas ?) de manière indépendante et autonome.

cf. www.editions-blusson.com

lundi 1 juin 2009

SHAKESPEARE et COMPAGNIE - Le petit Théâtre de l'AFFAIRE ARTAUD.

Merci à Corinne Amar pour son papier. Et cette lecture si juste, si proche de ce petit théâtre où les rôles furent à la perfection distribués. Comédie sociale où chacun, à la place qui est la sienne, se pousse pour mieux exister. Et parader sur le champ de la scène littéraire, juridique et sociale.

Je cite :

""Razzia" et mystère ! "Voilà toute l'affaire Antonin Artaud !" Puzzle à trous sans fin, polar à rebondissements, peau de chagrin à l'envers, affaire avec un grand A et reconstituée par l'auteur, au fil minutieux de ses découvertes, de ses recherches, de ses analyses. Mise en scène ethnologique de tout un théâtre de mondes (la famille, les éditeurs, les médecins, les pairs, les intellectuels) et de personnages qui se battent pour avoir le premier rôle.
"All the world is a stage and all the men and women are merely players..."(Shakespeare n'est pas loin)." (Corinne Amar, Florilettres, n° 105, mai 2009,).