vendredi 15 janvier 2010

SUR L’ÉLECTROCHOC, LE CAS ANTONIN ARTAUD : Table des matières

Introduction

Mis au point en Italie en 1938, appliqué à l'homme en 1939, héritier des techniques de choc ou “sismothérapies”, l’ électrochoc connaît entre 1939 et 1946 un développement considérable en Psychiatrie. — L’œuvre et la vie d'Antonin Artaud (interné à l'Asile de Rodez de 1943 à 1946) interfèrent avec l'histoire de l'électrochoc. A la toute puissance médicale, susceptible de transformer en profondeur l'ensemble des données neurophysiologiques de l'être humain et de remettre le psychisme “à zéro” Artaud opposera ce cheval de Troie qu'est la littérature.
Au travers d'un formidable travail de la langue et sur la langue. C'est alors d'une véritable surrection et recréation qu'il est question la machinerie littéraire se faisant précisément électrique pour perturber en profondeur les effets du coma de l'électrochoc. — On trouvera dans cet ouvrage une histoire de l'électrochoc ainsi qu'une analyse de ses effets et contre-effets sur l'œuvre de cet écrivain d'exception que fut Artaud.

1 - De l'électrochoc resitué dans l'histoire de la psychiatrie

LES TRAITEMENTS ANTÉRIEURS :
Les thérapies de choc. — Un modèle : l’épilepsie. — Le coma. — Le traitement par l’insuline (1933). — Le cardiazol (1935). — Comparaison des méthodes.

L’ÉLECTROCHOC :
L’électricité dans le traitement des maladies mentales.— Cerletti et la mise au point de l’électrochoc (1938). — La crise et ses effets. — L’électrochoc en France (1940-1945). — L’électrochoc dans le monde.

L'ASPECT TECHNIQUE :
Automatisme de la machine et perfection technique. — Prothèses thérapeutiques. — Appareillage technique et déroulement de la crise. — La position des électrodes. — les cas d’auto-observations. — Accidents et contre-indications. — La conduite de la cure.

LES RÉSERVES :
L’électrochoc, “ monstre du Lochness de la thérapeutique ”. — La position du professeur Baruk.

DE L’INFLUENCE DES TECHNIQUES CONVULSIVANTES SUR L’ÉVOLUTION DE LA PSYCHIATRIE :
Une nouvelle trilogie : l’institution/le malade/le personnel soignant. — Une dimension expérimentale. — De l’usage de la statistique. — Quelques chiffres.

DES ANNÉES D’APRÈS-GUERRE À NOS JOURS :
L’utilisation intensive de l’électrochoc. — Réflexes conditionnés et placebos.

2 - Les aspects théoriques

Organicistes et dynamistes. — Mode d’action de l’électrochoc. — Hughlings Jackson (1835-1911). — Delmas-Marsalet et la théorie de la “ dissolution-reconstruction ”. — Les travaux de Jean Delay. — L’amnésie. — L’aphasie. — Breggin : La thérapeutique par altération mentale. — Un traitement moderne ! — Du fantasme de la machine à “ l’homme-nouveau ” électrique. — De l’électricité cérébrale. — Homme-machine et circuits cybernétiques. — Le traitement du temps.

3 - Le cas Antonin Artaud

L'enfance, le traitement à l'électricité. — Les traitements avant Rodez.
LES TRAITEMENTS À RODEZ :
L’électrochoc à Rodez. — Le cas Antoine A. — Les protestations d’Artaud. — Une formidable dénégation. — Artaud et ses médecins. — La thèse du Dr Latrémolière. — Les justifications ultérieures. — Les effets de l'électrochoc. — Les questions qui restent en suspens. — Le coût de l’électrochoc. —

4 - Littérature et psychiatrie : le choc de deux Titans

La cruauté asilaire. — L’internement d’une œuvre.
SOUVENIRS DE LA MAISON DES MORTS :
L’expérience des comas. — Une vie d’outre-tombe. — Les troubles de la mémoire et l’univers flottant des souvenirs. — Hypermnésie et pullulement des êtres. — Resserrer l’être. — Dédoublement, illusion des sosies et troubles du schéma corporel. — Sommeil, vigilance et syndrome d’influence.

MACHINES AUTOMATES :
Automatismes. — L’Automate personnel (1927). — Le corps-machine. — La machine à inscrire. — Du théâtre de la cruauté à la pantomime convulsive. — L’insurgé.

UNE NOUVELLE COSMOGONIE :
Une machinerie cosmique. — Hors temps, hors espace. — La verticale de l’être.

LE DISPOSITIF ÉLECTRIQUE :
La métaphore électrique. — Deux sortes de fluide. — la loi de l’ “ hom ”. — Une parenté “ électrique. — Le tonique, le clonique, le spasmodique. — Conduire le courant. — Prise de terre. — Faire “ résistance ”.

LA REFONTE DU LANGAGE :
La grande régression aphasique. — Le trouble de la langue. — Une langue organique. — Une langue archaïque. — Les Cahiers de Rodez. — La déliaison des énergies et la question de l’actuelle transcription des Cahiers. — Du dessin ou de la “ bouillabaisse ” des formes. — Les glossolalies. — Le cri, le râle et la syllabe. — Une tentative anti-grammaticale. — Intonations, interjections, fragmentations. — Un laboratoire de la langue. — Éloge de la cacophonie.

5 - Artaud / Bataille : le clos et l'ouvert

Une rencontre placée sous le signe historique du malentendu. — Artaud, ombre ou limite de Bataille ? — L'énergie. — La dépense. — La communication. — Rite du peyotl et pratiques consumatoires. — Une réactivation des pulsions (orales, sexuelles, anales). — Électro-choc et mystique. — "L'Acéphale".

Conclusion

Du statut des internés illustres. — Artaud et l’ethnopsychiatrie. — Le symbolique. — Cruauté technique et “ merveilleux ” asilaire. — Transparence et opacité.

Bibliographie

NOTA BENE : publié au printemps 1996, cet ouvrage se complète de recherches et découvertes, effectuées ultérieurement et qui m’ont permis d’affiner la question :
- “ Les premières années d’asile ” et “ La période de Rodez ”, in C’était Antonin Artaud, Fayard, 2006, pp.. 649 à 863.
- “ Nos amis les psychiatres… ”, in L’Affaire Artaud, Fayard 2009, pp.. 293-373.

Livre : Sur l'électrochoc, le cas Antonin Artaud

7 commentaires:

F.A. a dit…

HS : Evelyne Grossman était l'invitée des Nouveaux chemins de la connaissance sur France Cultureà à propos d'Artaud et de la folie. Vous pouvez écouter l'émission à cette adresse : http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/chemins/fiche.php?diffusion_id=80395

fdemeredieu a dit…

Oui, j'ai eu connaissance de cette émission par un auditeur doublement surpris : et par les commentaires de Mme Grossman sur l'électrochoc, et par le fait que France Culture ait apparemment refusé de publier ses commentaires critiques. (voir le commentaire de ce blog en date du 17 octobre)

Les assertions de Mme Grossman sur les électrochocs et leur "action" sur Artaud sont assez confondantes.Il s'agit là visiblement d'un sujet qu'elle ne maîtrise absolument pas.
A la suite de ces électrochocs et grâce à eux, nous dit-elle "il est certain qu'Artaud a recommencé la littérature". — "Il a progressé".
On croirait une "instit" en train de se pencher sur les devoirs d'un élève !

Quant à la vertu "créative" des électrochocs !!!
On croit rêver.

Le reste de l'émission est flou, vaseux. de l'humanisme filandreux. Tout ce qu'Artaud aurait détesté.

Mais de quelle littérature nous parle-t-elle ? Artaud voulait liquider la "littérature".

Seule chose intéressante dans cette émission : l'illustration sonore.

je reviendrai dans le blog sur ce serpent de mer que constitue cette idée consternante, saugrenue, d'un art-thérapie à base d'électrochocs.

Verra-t-on bientôt le Ministère de la Culture organiser pour les artistes et les écrivains des stages d'électro-convulsivothérapie ?

F.A. a dit…

Je suis totalement d'accord avec vous concernant les électrochocs... même s'ils avaient vraiment permis à Artaud de recommencer à écrire ce sont toujours des moyens de torture (au service du patient, soit-disant) et ils ont failli tuer Artaud, donc aussi l'arrêter dans son écriture. Et l'écriture qu'il en a tiré n'est-elle pas une écriture de résistance contre la dissolution du moi provoquée par ces électrochocs ?

(sinon le seul commentaire laissé sur la page de l'émission est de mon modeste crû, j'espère ne pas avoir commis trop d'erreurs)

fdemeredieu a dit…

Oui, comme vous le dites justement, les fameux Cahiers de Rodez, commencés — de fait — APRÈS la fin des électrochocs apparaissent fondamentalement comme la réaction à une dissolution profonde. Cette dissolution dont parlent précisément tous les textes des psychiatres ayant travaillé sur la question.

L'écriture d'Artaud est alors une forme d'expression "arrachée" aux chocs antérieurs. Artaud dira s'autoguérir, "comme Job sur son fumier".

Mais ce sont les ressources propres d'Artaud et ce qui est demeuré en lui de force et de capacité à "travailler" la langue (et l'être) qui sont en cause.

Quant à la reprise de l'activité dite "littéraire" — écritures de textes visant une publication — à l'époque de Rodez, elle est due à l'"entregent" de Ferdière, proche de beaucoup de revues littéraires, qui se démène (et on ne peut que l'en féliciter) pour faire publier quelques textes d'Artaud.Mais cela est "anecdotique" par rapport à la puissance faramineuse des Cahiers de Rodez et du Retour à paris.

L'électrochoc et ses effets perturbent la mémoire, le langage et bien évidemment la possibilité d'écrire. Artaud n'a pas "progressé", comme le dit bien naïvement Evelyne Grossman. Il a, au sens analytique du terme, "régressé". Mécanisme que décrivent encore les psychiatres.Et que Ferdière lui-même reconnaissait.

Pour ce qui est de votre intervention, que j'ai lue,elle a le mérite de l'innocence et de la découverte : celle des premières lectures et explorations d'un auteur.
Votre propre expression s'affinera au fur et à mesure des découvertes et re-lectures.
Artaud fait partie de toute façon des lectures qui ne peuvent être neutres.

Anonyme a dit…

Je suis l'auditeur de France Culture (odieusement !) censuré par le responsable des "nouveaux chemins de la [mé]connaissance".

Je profite donc du débat qui s'ouvre ici pour rétablir le texte du mail envoyé.

« Comment pouvez-vous, aussitôt après avoir diffusé la voix d'Artaud qui pulvérise la psychiatrie et ses funestes électrochocs, comment pouvez-vous laisser Mme Grossman prétendre que cette torture (à l'époque réalisée sans anesthésie !) a permis à AA de se «remettre à l'écriture» ???

Précisément, il s'y est remis une fois terminé ce (mal)traitement qu'il vomissait, et non durant la période où il subit 58 chocs qui lui brisèrent une vertèbre !

Madame Grossman aurait-elle l'obligeance de nous expliquer en quoi une fracture de vertèbre est un facteur favorisant d'écriture ?

Par ailleurs, la bibliographie de l'émission passe sous silence la biographie d'Artaud la plus exhaustive à ce jour («C'était AA» Florence de Mèredieu, Fayard 2006) ainsi que sa passionnante enquête sur la captation (euphémisme !) de ses derniers écrits et le dépeçage auquel a donné lieu leur transcription depuis... 60 ans.
(«L'affaire Artaud», journal éthnographique - Fayard 2009)

Merci d'indiquer aux auditeurs ces autres "chemins de la connaissance"... »

Voilà le texte qui a suffi à déclencher la censure. C'est dire !
Cela dit même beaucoup...

Erick Rabette (erick.rabette@free.fr)

[France culture a, par la suite réintégré les deux ouvrages dans la bibliographie...]

Anonyme a dit…

Bonjour,
Serait-il possible de connaître les dates du séjour d'Artaud à Meyzieux (Isère) [aujourd'hui Meyzieu dans le Rhône], dans l'établissement médical du dr Courjon ?
Merci beaucoup par avance, cordialement
Y.Delaporte, CNRS

fdemeredieu a dit…

Le séjour d'Artaud à Meyzieu se situe au premier semestre 1917. - Je n'en ai pas les dates précises.
Bien cordialement.

FM

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