dimanche 31 janvier 2010

"PALACE DE LA GAIETÉ" (ZOOPREJ), PARIS, 30 JANVIER 2010

"Palace de la Gaieté". Photographie ©FDM, 2010

Un immeuble à l'abandon, frappé d'alignement. Et depuis si longtemps cette enseigne, qui a résisté aux dégradations du temps.

Noires et blanches, le mur s'est récemment enrichi des vagues ondulées d'un dragon. On reste en Chine. Mais le graphisme est en pleine mutation.

Bravo à ZOOPREJ !

vendredi 22 janvier 2010

ÉLECTROCHOC : ÉVELYNE GROSSMAN INVITÉE "EN LIEU ET PLACE D'ANTONIN ARTAUD"

Les Nouveaux Chemins de la Connaissance (France Culture, 12 janvier 2010) nous gratifiaient récemment d'une émission "Artaud et la folie".

Il y a deux manières de traiter cette question :

Ou l'on aborde la question de manière précise et historique. En tenant compte de l'histoire de la psychiatrie, du discours des psychiatres et de la position qui fut celle d'Artaud. Position critique et dénonciatrice qui, elle aussi, appartient à l'Histoire. Il ne faudrait pas l'oublier.

Ou l'on traite le sujet de manière "universitaire", "littéraire" et rhétorique, en en faisant un joli sujet de conversation.

Cette récente émission de France Culture relève de cette dernière option.

Cela ne serait pas forcément gênant, s'il n'y avait plusieurs points qui font plus que chiffonner.

1°- Évelyne Grossman, en charge de l'édition des Œuvres d'Artaud chez Gallimard, et désormais commentatrice officielle et en titre de la vie et des Œuvres du poète, y intervient sur la question de l'électrochoc. Sans manifestement connaître grand chose de la réalité de l'électrochoc, ni de l'abondante littérature psychiatrique qui s'est développée autour de la question. Avec des assertions qui en ont laissé plus d'un pantois.

Grâce au traitement par électrochoc Artaud, nous dit-elle, "a progressé". Il n'avait certes pas arrêté d'écrire (enfin on le reconnaît !). Mais les électrochocs ont fait qu'il a "recommencé la littérature" !

De la part d'une "Grande spécialiste", l'ensemble de ces propos sont bien curieux. Et il faut bien le dire CONFONDANTS.

2°- Raphaël Enthoven précise en début d'émission (et c'est peut-être encore une figure de rhétorique...) qu'Évelyne Grossman est invitée dans l'émission "en lieu et place d'Antonin Artaud" !

Et voilà-t-il pas que notre Antonin se met, dans la bouche d'Évelyne Grossman, à défendre cela même contre lequel il n'a cessé de s'élever avec la plus extrême virulence : à savoir les traitements par électrochoc et la psychiatrie.

Facétieux, un de mes interlocuteurs de ce blog, se demandait si Mme Grossman accepterait de se soumettre à un traitement d'électro-convulsivothérapie afin de vérifier le bien-fondé des vertus créatives et "littéraires" de l'électrochoc !

Nous n'irons pas jusque-là. Mais de la part de celle qui gère aujourd'hui l'Œuvre du poète et fait figure de parole officielle, on attendrait un peu plus de retrait et de neutralité. Et un examen un peu plus sérieux de la question.

En appeler par ailleurs, dans l'émission, à Deleuze et à Foucault, qui ont défendu les positions que l'on sait, paraît également relever de la tromperie.

Verra-t-on bientôt Évelyne Grossman intervenir, ex cathedra et en comité restreint, à l'Académie de médecine ? "En lieu et place" bien sûr d'Antonin Artaud". Et pour y défendre les vertus hautement créatives de cet électrochoc qu'Artaud a si magistralement vitupéré.

"L'électrochoc, Mr Latrémolière, me désespère, il m'enlève la mémoire, il engourdit ma pensée et mon cœur et fait de moi un absent qui se connaît absent et se voit pendant des semaines à la poursuite de son être, comme un mort à côté d'un vivant qui n'est plus lui, qui exige sa venue et chez qui il ne peut plus entrer." (Antonin Artaud)

samedi 16 janvier 2010

vendredi 15 janvier 2010

SUR L’ÉLECTROCHOC, LE CAS ANTONIN ARTAUD : Table des matières

Introduction

Mis au point en Italie en 1938, appliqué à l'homme en 1939, héritier des techniques de choc ou “sismothérapies”, l’ électrochoc connaît entre 1939 et 1946 un développement considérable en Psychiatrie. — L’œuvre et la vie d'Antonin Artaud (interné à l'Asile de Rodez de 1943 à 1946) interfèrent avec l'histoire de l'électrochoc. A la toute puissance médicale, susceptible de transformer en profondeur l'ensemble des données neurophysiologiques de l'être humain et de remettre le psychisme “à zéro” Artaud opposera ce cheval de Troie qu'est la littérature.
Au travers d'un formidable travail de la langue et sur la langue. C'est alors d'une véritable surrection et recréation qu'il est question la machinerie littéraire se faisant précisément électrique pour perturber en profondeur les effets du coma de l'électrochoc. — On trouvera dans cet ouvrage une histoire de l'électrochoc ainsi qu'une analyse de ses effets et contre-effets sur l'œuvre de cet écrivain d'exception que fut Artaud.

1 - De l'électrochoc resitué dans l'histoire de la psychiatrie

LES TRAITEMENTS ANTÉRIEURS :
Les thérapies de choc. — Un modèle : l’épilepsie. — Le coma. — Le traitement par l’insuline (1933). — Le cardiazol (1935). — Comparaison des méthodes.

L’ÉLECTROCHOC :
L’électricité dans le traitement des maladies mentales.— Cerletti et la mise au point de l’électrochoc (1938). — La crise et ses effets. — L’électrochoc en France (1940-1945). — L’électrochoc dans le monde.

L'ASPECT TECHNIQUE :
Automatisme de la machine et perfection technique. — Prothèses thérapeutiques. — Appareillage technique et déroulement de la crise. — La position des électrodes. — les cas d’auto-observations. — Accidents et contre-indications. — La conduite de la cure.

LES RÉSERVES :
L’électrochoc, “ monstre du Lochness de la thérapeutique ”. — La position du professeur Baruk.

DE L’INFLUENCE DES TECHNIQUES CONVULSIVANTES SUR L’ÉVOLUTION DE LA PSYCHIATRIE :
Une nouvelle trilogie : l’institution/le malade/le personnel soignant. — Une dimension expérimentale. — De l’usage de la statistique. — Quelques chiffres.

DES ANNÉES D’APRÈS-GUERRE À NOS JOURS :
L’utilisation intensive de l’électrochoc. — Réflexes conditionnés et placebos.

2 - Les aspects théoriques

Organicistes et dynamistes. — Mode d’action de l’électrochoc. — Hughlings Jackson (1835-1911). — Delmas-Marsalet et la théorie de la “ dissolution-reconstruction ”. — Les travaux de Jean Delay. — L’amnésie. — L’aphasie. — Breggin : La thérapeutique par altération mentale. — Un traitement moderne ! — Du fantasme de la machine à “ l’homme-nouveau ” électrique. — De l’électricité cérébrale. — Homme-machine et circuits cybernétiques. — Le traitement du temps.

3 - Le cas Antonin Artaud

L'enfance, le traitement à l'électricité. — Les traitements avant Rodez.
LES TRAITEMENTS À RODEZ :
L’électrochoc à Rodez. — Le cas Antoine A. — Les protestations d’Artaud. — Une formidable dénégation. — Artaud et ses médecins. — La thèse du Dr Latrémolière. — Les justifications ultérieures. — Les effets de l'électrochoc. — Les questions qui restent en suspens. — Le coût de l’électrochoc. —

4 - Littérature et psychiatrie : le choc de deux Titans

La cruauté asilaire. — L’internement d’une œuvre.
SOUVENIRS DE LA MAISON DES MORTS :
L’expérience des comas. — Une vie d’outre-tombe. — Les troubles de la mémoire et l’univers flottant des souvenirs. — Hypermnésie et pullulement des êtres. — Resserrer l’être. — Dédoublement, illusion des sosies et troubles du schéma corporel. — Sommeil, vigilance et syndrome d’influence.

MACHINES AUTOMATES :
Automatismes. — L’Automate personnel (1927). — Le corps-machine. — La machine à inscrire. — Du théâtre de la cruauté à la pantomime convulsive. — L’insurgé.

UNE NOUVELLE COSMOGONIE :
Une machinerie cosmique. — Hors temps, hors espace. — La verticale de l’être.

LE DISPOSITIF ÉLECTRIQUE :
La métaphore électrique. — Deux sortes de fluide. — la loi de l’ “ hom ”. — Une parenté “ électrique. — Le tonique, le clonique, le spasmodique. — Conduire le courant. — Prise de terre. — Faire “ résistance ”.

LA REFONTE DU LANGAGE :
La grande régression aphasique. — Le trouble de la langue. — Une langue organique. — Une langue archaïque. — Les Cahiers de Rodez. — La déliaison des énergies et la question de l’actuelle transcription des Cahiers. — Du dessin ou de la “ bouillabaisse ” des formes. — Les glossolalies. — Le cri, le râle et la syllabe. — Une tentative anti-grammaticale. — Intonations, interjections, fragmentations. — Un laboratoire de la langue. — Éloge de la cacophonie.

5 - Artaud / Bataille : le clos et l'ouvert

Une rencontre placée sous le signe historique du malentendu. — Artaud, ombre ou limite de Bataille ? — L'énergie. — La dépense. — La communication. — Rite du peyotl et pratiques consumatoires. — Une réactivation des pulsions (orales, sexuelles, anales). — Électro-choc et mystique. — "L'Acéphale".

Conclusion

Du statut des internés illustres. — Artaud et l’ethnopsychiatrie. — Le symbolique. — Cruauté technique et “ merveilleux ” asilaire. — Transparence et opacité.

Bibliographie

NOTA BENE : publié au printemps 1996, cet ouvrage se complète de recherches et découvertes, effectuées ultérieurement et qui m’ont permis d’affiner la question :
- “ Les premières années d’asile ” et “ La période de Rodez ”, in C’était Antonin Artaud, Fayard, 2006, pp.. 649 à 863.
- “ Nos amis les psychiatres… ”, in L’Affaire Artaud, Fayard 2009, pp.. 293-373.

Livre : Sur l'électrochoc, le cas Antonin Artaud

mardi 12 janvier 2010

BECKETT. LES ROSES DE XIAN. LES ROSES DE MANHATTAN.

"Au fin fond du camp, dissimulé sous quelques lambris de paille et de sciure, le détenu Beckett, matricule 1000001, cultive un plant de rosier. Celui-ci fut d'abord une pâle bouture..." (Et Beckett se perdit dans les roses...)

Comment parler d'un livre que bien peu ont lu... ou liront ? Ce livre dont certains m'ont dit qu'il s'apparentait à un OVNI ?

L'attachement que l'on porte à ses propres livres est souvent inverse de leur diffusion et "retentissement". Cet ouvrage, qui sortit en 2007, est de ceux-là. J'ai de la difficulté d'ailleurs à le porter et supporter. Tant il est à la fois léger (ce que retiennent ceux qui le considèrent de l'extérieur), dérisoire, et "cruel".

L'ouvrage mêle, entremêle, textes et photographies. Les roses de Xian, ces photographies dont beaucoup furent prises en Chine, à l'ombre d'une antique pagode, se mêlent aux roses de Manhattan, ces roses qui, à l'instar des humains, furent réduites en cendres le 11 septembre 2001 et ces autres roses qui fleurirent, on peut l'imaginer, dans les camps de la mort.

Les fleurs, c'est bien connu, peuplent les cimetières. Comme elles jonchent l'œuvre entière de Samuel Beckett.

Mais allez donc imaginer une rose poussant à l'ombre des crématoires ! C'est là cependant la cruauté des choses. Et Beckett, qui chérissait les fleurs, et tout particulièrement les roses et la couleur rose, s'y connaissait en matière de cruauté.

Livre : Et Beckett se perdit dans les roses

ROSES. ROUGES. JAUNES. LES FLEURS DE SAMUEL BECKETT.

"La tête géante coiffée de fleurs et d'oiseaux se penche sur mes boucles..." (Samuel Beckett, Comment c'est)

Chaque écrivain génère, chez ses lecteurs, un certain nombre de clichés. À la vie particulièrement dure. Confondre le monde de Samuel Beckett avec l'image d'un univers uniformément GRIS est de ceux-là.

L'absurde beckettien déploie certes les lettres de noblesse du GRIS jusqu'à puis plus. Mais s'en tenir là serait une grossière erreur.

Car les couleurs pullulent chez Beckett. Leur représentation passe fréquemment par la mention de ces fleurs qui parsèment l'œuvre entière. Crocus. Pâquerettes. Jacinthes. Lilas. Résédas.

Et surtout : les ROSES. Celles-ci s'effeuillent à tous les contours de l'œuvre. Elles y sont gaies, charnelles. Parfois décrépites. Menaçantes ou dérisoires. Et à coup sûr farfelues. - Décalées.

L'œuvre grise de Beckett se double d'une œuvre "au rose", comme l'on dirait d'une œuvre qu'elle est "au noir".

Ce sont-là évidemment subtilités. Qui forment la matière de cet ouvrage kitch et dévoyé...

Et Beckett se perdit dans les ROSES...

Livre : Et Beckett se perdit dans les roses

dimanche 10 janvier 2010

lundi 4 janvier 2010

2010 : DES VŒUX PIQUANTS... TRÈS PIQUANTS...

Venise, 2009 ©FDM

Cette année 2010 que je vous souhaite :
GAIE et "PIQUANTE"
comme ces "peperoncino" vénitiens.