lundi 25 février 2013

SALUTE TO THE GUTAI : WIND, AIR, SPACE.

Gutai 2nd Outdoor Exhibition, Ashiya Park, 1956

" Make a unique and complete tear in the ether where nothing exists. Something where all art and all matter are invisible."(Kazuo Shiraga, 1955)

"Everywhere was an air of cheerful excitement. Just like when we continue to blow into a balloon child beginning to swell, asking : "Will it explode now ? Will it explode ?" (Yukio Mishima, Confessions of a mask)

Playful, fragile, ephemeral, Gutai movement was born in Japan in 1954 in the Osaka area. It is in the wake of these times that followed the second world war and have seen the emergence of unusual modes of expression, breaking with tradition and with what is called the establishment art. It was for the little band around Jiro Yoshihara (the initiator of the group) to invent and experiment with all kinds of performances, gestures, visual novel proposals, renew bottom of the traditional relationship that artist has with the material. And above all: do not repeat, copy, mimic. But creating. To "what had never been done."

In the aftermath, Saburo Murakami, Sadamasa Motonaga, Atsuko Tanaka, Kazuo Shiraga, Shozo Shimamoto and their acolytes multiply gestures and new proposals : perforation brutal and very physical frames papers, smoke rings, costumes made ​​of light bulbs, paint in the mud, destruction of objects, etc. - The time has won these actions do not survive more than through the films that were made ​​then.

Objects and more material traces that remain are they now "exposable" ? They make account it was fragile and dancing Gutai ? The answer certainly is not unique: the costume of light bulbs, by Atsuo Tanaka, probably resist. The Shiraga’s paintings (for some) are always there to certify it was his approach. But already there, in the case of this artist, we understand that the canvas was not a result, a "trace", a spin-off, that the essential was in the action the plot in the making, performance and happening.

This impression is confirmed when we contemplate (this happened to me at the Venice Biennale in 2009, and I was very disappointed when) the framework paper (or reconstitution ?), such that it was the result of the action taken by Murakami. This object is nothing (or very little) to the powerful momentum and trajectory, 'act' took it to (one day at a time and a place) to pierce it… It had appeared that the Gutai was not "reconstituted" and wanting to expose reliefs or traces is equivalent to open the doors of an old garage to give to see the garbage. We can hope, conversely, revive works to replay performance, restore works using materials and fresh colors ... But then again, there is a feeling that will ripoliner and "refresh" the works of the Gutai is another form of betrayal. Does not risk it not then to be found in any one of these supermarkets art where we sell bulk derivatives exposure.

Therein lies perhaps the greatest secret and the power of Gutai: power ephemeral fragility. And the fact that it can be rebuilt and again without it verges on caricature. - There is no longer any time, as expressed in his time Marcel Duchamp, in art, but in " the history of art." - And it is important that the history of art recognized - this - its limits.

Museumizing the Gutai, opening him cymas prestigious museums (like the wonderful Guggenheim) leads indeed to offer and present its members (like a beautiful bouquet of orchids) international recognition. - But we recognize and perceive it now so in the same movement, perfumes, wind, weeds, air and the "sun of mid-summer," that were part of these works, have evaporated ?

Sure, we can dream ... Imagine projects not repeating, do not mimic, but within the single wake of Gutai : bags of colored water (which would not be entirely those of Motonaga) connecting the two shores of Manhattan and Brooklyn or the ends of Central Park in the middle of walkers and birds. Or even a series of smoke rings - soap bubbles, clouds, frayed, light snowflakes - zigzagging along the bridge of the moon in Arashiyama (Kyoto), around the Golden Gate in San Francisco or swaying with the movements of the Verrazano Bridge. Gutai, Let the sail in space and air currents. In the fields and gardens. And among the weeds sidewalks and wastelands. - Far ceremonies and social events of the ART.

On Gutai:

Vidéo

Book : Gutai. Moments of destruction / Beauty Moments

Exhibition: Guggenheim, Gutai a splendid playground, 2013

Histoire matérielle et immatérielle de l’art (Larousse, Paris, 1994-2008 - 20 occurrences).

samedi 23 février 2013

POUR SALUER LE GUTAI : VENT, AIR, ESPACE.

Shozo Shimamoto, 1956

« Faire une déchirure unique et totale dans l’éther où rien n’existe. Quelque chose où tout art et toute matière soient invisibles. » (Kazuo Shiraga, 1955)

« Partout régnait un air d’allègre surexcitation. Tout à fait comme quand on continue à souffler dans un ballon d’enfant en train de se gonfler, en se demandant : « Va-t-il éclater, maintenant ? Va-t-il éclater ? » (Yukio Mishima, Confessions d’un masque).

Ludique, fragile, éphémère, le mouvement GUTAI est né au Japon, en 1954, dans la région d’Osaka. Il s’inscrit dans le sillage de ces temps qui ont suivi la 2e guerre mondiale et ont vu surgir des modes d’expression inusités, en rupture et avec la tradition et avec ce qu’il est convenu d’appeler l’establishment artistique. Il s’agissait pour la petite troupe entourant Jiro Yoshihara (l’initiateur du groupe) d’inventer et d’expérimenter toutes sortes de performances, de gestes, de propositions plastiques inédites, de renouveller de fond en comble le rapport traditionnel que l’artiste entretient avec le matériau. Et surtout : de ne pas répéter, copier, mimer. Mais créer. Faire « ce qui n’avait jamais été fait ».

Dans la foulée, les Saburo Murakami, Sadamasa Motonaga, Atsuko Tanaka, Kazuo Shiraga, Shozo Shimamoto et leurs acolytes multiplieront les gestes et propositions inédites : perforation brutale et très physique de cadres de papiers, ronds de fumée, costumes faits d’ampoules électriques, peintures dans la boue, destruction d’objets, etc. — Le temps a emporté ces actions qui ne survivent plus que par le truchement des films qui furent alors réalisés.

Les objets et traces plus matérielles qui subsistent sont-elles aujourd’hui « exposables » ? Rendent-elles compte de ce fut le fragile et dansant Gutai ? La réponse certes n’est pas univoque : le costume d’ampoules électriques d’Atsuo Tanaka résiste sans doute. Les toiles de Shiraga sont (pour certaines) toujours là pour attester de ce fut sa démarche. Mais là, déjà, dans le cas de cet artiste, on comprend bien que la toile ne fut qu’un résultat, une « trace », une retombée, que l’essentiel fut dans le geste, le tracé en train de se faire, la performance et le happening.

Cette impression se confirme lorsque l’on contemple (cela m’est arrivé lors de la Biennale de Venise, en 2009, et je fus alors bien désappointée) le cadre de papier (ou sa reconstitution), tel qu’il a pu résulter de l’action entreprise par Murakami. Cet objet n’est rien (ou si peu) par rapport à l’élan et à la puissante trajectoire, au « geste » qu’il a fallu pour (un jour : en un temps et un lieu donné) le percer… Il m’était alors apparu que le Gutai n’était pas « reconstituable » et que vouloir en exposer les reliefs ou les traces équivalait à ouvrir les portes d’un vieux garage pour en donner à voir les rebuts. On peut souhaiter, inversement, redonner vie aux œuvres, faire rejouer les performances, reconstituer les œuvres à l’aide de matériaux et de couleurs fraîches… Mais là encore, on a le sentiment que vouloir ripoliner et « rafraîchir » les œuvres du Gutai est une autre forme de trahison. Ne risque-t-on pas alors de se retrouver dans l’un de ces quelconques supermarchés de l’art où l’on nous vend en masse les produits dérivés de l’exposition.

Là réside sans doute le grand secret et la force du Gutai : sa puissance éphémère ; sa fragilité. Et le fait qu’il ne puisse être reconstruit et répété sans que l’on frise la caricature. — On n’est plus du tout alors, comme l’a exprimé en son temps Marcel Duchamp, dans l’art mais dans « l’histoire de l’art ». — Et il serait important que l’histoire de l’art reconnaisse – sur ce point — ses limites.

Muséifier le Gutai, lui ouvrir les cimaises de prestigieux musées (comme le superbe Guggenheim de New York) conduit certes à lui offrir et à présenter à ses membres (à la façon d’un superbe bouquet d’orchidées) une reconnaissance internationale. — Mais que reconnaît-on et que perçoit-on désormais si, dans le même mouvement, les parfums, le vent, les herbes folles, l’air et le « soleil de la mi-été », qui faisaient partie intégrante de ces œuvres, se sont évaporés ?

Bien sûr, on peut rêver… Imaginer des projets ne répétant pas, ne mimant pas, mais s’inscrivant dans le seul sillage du Gutai : des sachets d’eau colorée (qui ne seraient plus tout à fait ceux de Motonaga) reliant les deux rives de Manhattan et de Brooklyn ou les extrémités de Central Park : au milieu des promeneurs et des oiseaux. Ou bien encore un ensemble de ronds de fumée – de bulles de savon, de nuages effilochés, de légers flocons de neige — zigzagant tout au long du pont de la lune d’Arashiyama (à Kyoto), aux alentours du Golden Gate de San Francisco, ou se balançant au gré des mouvements du Pont Verrazano.

Laissons voguer le Gutai dans les espaces et les courants d’air. Dans les champs, les jardins. Et parmi les mauvaises herbes des trottoirs et des terrains en friche. — Bien loin des cérémonies et des mondanités de l’ART.

Sur Gutai :

Vidéo

Livre : Gutai. Moments de destruction/Moments de beauté

Exposition : Guggenheim, Gutai a splendid playground, 2013

Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne
(Larousse, 1994-2008 - 20 occurrences).

mardi 19 février 2013

CONTRE L’ANÉMIE ET LA NEURASTHÉNIE : LE PUR JUS DE BŒUF.



Publicité parue avant la guerre, en 1914,
dans la Presse médicale.

samedi 16 février 2013

PRESSE À VIANDE CRUE. DE BŒUF. DE MOUTON. DE CHEVAL.



La presse à viande.
Publicité parue avant la guerre, en 1914,
dans la Presse médicale.

dimanche 3 février 2013

ANDRÉE-ANNE DUPUIS-BOURRET ET "LE TERRITOIRE DES SENS"

Paper Fiction 3, 2011. © Andrée-Anne Dupuis-Bourret

Depuis longtemps je souhaitais signaler le très intéressant blog d'Andrée-Anne Dupuis-Bourret : "Le territoire des sens", consacré à la présentation et diffusion d'une multitude d'artistes dont le point commun est de travailler sur la complexité des formes, des structures, des grilles, des patterns.

Elle-même présente son blog (ou "blogue") comme " une réflexion sur la représentation et l'occupation de l'espace par la diffusion de projets en arts, en architecture et en design."

D'où la multiplication de ces œuvres où abondent les plis, les replis, les maquettes, les structures englobées et englobantes, les volumes qui se déplient et défroissent, se dissolvent ou se chevauchent. D'où, aussi, l'avalanche des volumes : cônes, cubes, carrés, trapèzes, échelles et "bâtis" divers. Les lignes et les formes muent, se construisent, se déforment… se reforment autrement.

Les artistes se succèdent d'une page à l'autre. Toutes les solutions formelles les plus "logiques" ou les plus extravagantes se succèdent. On détient là un extraordinaire répertoire de formes, que je vous invite vivement à consulter, explorer, déguster.

L'auteur de ce beau blog est elle-même artiste et l'on peut suivre, dans son "cahier virtuel" quelques-unes des étapes de son propre travail. Articulé lui aussi autour de patterns, de jeux de volumes et de lignes (comme la série des Paper Fictions qui déclinent à l'infini de délicats volumes de papier). J'apprécie tout particulièrement ses "livres d'artistes" : Outland (2007) ou encore Le livre du Pays mobile (2003).

Blog Territoire des Sens

Actualité d'Andrée-Anne Dupuis-Bourret

Outland, 2007. Livre d'artiste. © Andrée-Anne Dupuis-Bourret

vendredi 1 février 2013

GUTAI, BEUYS, INFORMAL ART AND ART OF POST-WAR .

Editions Blusson
(bilingual : French-English)

CHALLENGE TO THE MID-SUMMER SUN
under Gutai exhibition which tookplace in July 1955
in Ashiya in the Japanese Kansai province.

"We would do well to ask ourselves - with all due caution - what was the common ground, in the fifteen years that followed World War II, between the "defeated countries" -Japan, Germany, Italy - and certain artistic upheavals : Gutai in Japan, Fluxus in Germany, Alberto Burri, Lucio Fontana and, later, Arte povera in Italy, to which we might add the strong "matterist" current that was to develop in Spain around artists like Tapiès, Millares, etc. All these breaks were centred on the dual pre-eminence of formlessness and materiality, values that were themselves inseparable from a rediscovery of the body, an appeal to gesture and to a set of instinctive references. […]

We should remember too that, in France, it was in 1945, juste after the war, that the two major exhibitions that inaugurated the pre-eminence of the formless on the French post-war scene took place : Fautrier's Les Otages and Dubuffet's Les Hautes Pâtes. […]

It was as if the war, the atomic disaster and the discovery of the concentration camps had caused deep trauma. A borderline state of stupor that could only be exorcised by calling on instinctive forces, powers and dynamism. The extreme situation elicited a radical response : formless and "matterist". One that went beyond ideology to call on values drawn from chaos and instinct." (Florence de Mèredieu, Excerpts from a conference "Gutai and the immediate post-war", in 1999 at the Musée du Jeu de Paume, during the exhibition devoted to the Gutai movement of avant-garde Japanese. Text published in 2002 Gutai Moments of destruction / Moments of beauty, pp. 64-88, Blusson)

GUTAI is an important movement of the Japanese avant-garde, founded by Yoshihara Jiro in 1954 near Osaka (in the Kansai area). Introduced to Europe (in particular to France) by Michel Tapié, its influence on North American Art (Automatisme, Lyric abstraction, Pollock’s Action Painting, Rauschenberg’s Combine Paintings and performances) as well as on Arte Povera was considerable and remains insufficiently analysed.

The ascendance of matter, both natural and artificial. The role of the body. Pictorial gestuality. Happening. Performance. Site specific works. Gutai invented all of these, and prefigure the all. Today, we remain spellbound before such invention, freshness, and vitality.

The Book : French/English