mardi 25 octobre 2016

FIAC 2016 - Transversales.

Vue d'exposition. Stand de Thaddeus Ropac.
Photo © FDM, 2016.

La nouvelle cuvée de cette manifestation parisienne très courue aura été caractérisée par une excroissance territoriale quantitativement importante… et spectaculaire. - Réunir ces deux lieux prestigieux (et quasiment jumeaux) que sont le Grand et le Petit Palais, en rendant aux piétons l'espace intermédiaire qui leur fait respectivement face, cela nous ramène au Paris d'autrefois. À un certain art de pratiquer la ville, de traverser et d'occuper les espaces intermédiaires.

Transversales donc. Diagonales. Espaces de jonction et de rencontre. Sutures. Osmoses. Des espaces entre eux. Des œuvres et de la ville. Des sculptures et du paysage. - Barry Flanagan dresse la silhouette de son fameux lapin face au Petit Palais (Large Left-Handed Drummer, 2006). Utilisant l'armature de vieux sommiers métalliques (Cubikron 3.0, 2015), Eric Baudart installe trois cubes "transparents" dans l'allée réunissant la place de la Concorde au Louvre : le paysage et les passants s'y devinent en plein travers de la structure…

Prolongé par les Tuileries et le Louvre, l'espace de la Fiac offre au visiteur et au badaud des perspectives et points de vue multipliés sur l'art moderne et contemporain. La gratuité du Petit Palais et (bien entendu) celle des Tuileries est un pas important pour l'accès d'un plus grand nombre à l'art contemporain. — Les œuvres sont dans la ville, offertes à tous. Elles peuvent se vivre de façon non strictement muséale et leur contemplation s'inscrire au cœur de flâneries ou de simples rêveries.

Le collectionneur, le critique, l'amateur d'art - tous reconnaissables à leur allure, leur regard sur l'œuvre, leur manière différenciée d'intégrer l'espace des galeries d'art - disposent au Grand Palais d'un environnement fonctionnel et marchand, permettant tous les échanges et toutes les tractations.

Autres formes de "transversales", que l'on retrouve aujourd'hui dans toutes les grandes foires d'art contemporain : la pluralité des supports, des techniques et des modes d'expression plastique qui varient d'un stand à l'autre : peinture (Miro, Dubuffet, Robert Longo, Viallat, etc.), sculpture (Calder, Venet, Anthony Caro, Moore, Tony Cragg, Louise Bourgeois, etc.), dessin, gravure (Bellmer, Dubuffet, etc.), photographie (argentique et numérique), collages (Schwitters, Christo), vidéos et performances (ces dernières occupant la Cour carrée du Louvre) se partagent les cimaises, les volumes, les espaces.

Sur le plan du contenu et du style, la vogue semble (de plus en plus) à la reprise, au pastiche et à la ré-interprétation d'œuvres iconiques : Robert Longo s'empare de l'autoportrait de van Gogh et le noircit ; tout au long des allées, on ne compte plus les portraits colorés mimant les sérigraphies de Warhol…

L'art le plus contemporain est ainsi éclectique, pluriel, s'abreuvant à toutes les sources. - Toujours autant de matériaux divers, d'empilements d'éléments, de couleurs vives, de formes et d'espaces déconstruits.

Au détour d'une allée, la surprise d'un habitacle incongru, léger, transparent : appartement de gaze polyester, corridor lilliputien comme moulé dans le matériau le plus fin que l'on puisse trouver ; sur le même stand, une baignoire en ce même matériau. Le tout est vert, rose, jaune ou d'un bleu léger. L'artiste, Do Ho Su, se joue des échelles et l'on retrouve au sein du Petit Palais une de ses architectures "à taille humaine" : à traverser comme une gaze, une transparence, une toile d'araignée filiforme…

Ailleurs (Chez Les Vallois), un retable de Niki de Saint-Phalle : blanc et somptueux. Dégoulinant des traces de peinture noire d'un de ces tirs picturaux à la carabine dont l'artiste avait le secret (Autel Noir et Blanc ou Grand Autel, 1962).

La FIAC reviendra en 2017, porteuse d'autres œuvres, d'autres parcours, prête à ouvrir le champ d'autres possibles… Et de nouvelles transversales.

Fiac 2016

Fiac 2016. Vue d'exposition.
Photo ©FDM, 2016.