mercredi 9 juin 2021

Cinéma différent. Expérimental. Les 50 ans du CJC.

Raymonde Carasco, Yumari-Tarahumaras 84, DR, 1985..

"… il Importe que la caméra devienne un stylographe et que chacun puisse traduire son âme dans le style visuel. Il importe donc que chacun apprenne à découper, à tourner, à monter, à sonoriser, à ne pas se spécialiser dans une des branches de ce métier si dur, bref à ne pas être une des cellules de l'un des organes de l'usine, mais un corps libre qui se jette à l'eau et qui invente la nage à son propre compte." (Jean Cocteau, Du cinématographe, Belfond, 1973, cité par Dominique Noguez, in Trente ans de cinéma expérimental en France [1950-1980], A.R.C.E.F., Paris, 1982.)

Fondé en 1971 par Marcel Mazé, vite rejoint par un groupe de cinéphiles passionnés, le Collectif Jeune Cinéma (CJC) fête cette année ses 50 ans.— Une occasion pour explorer ce territoire aujourd'hui devenu proliférant du cinéma "différent", à la marge, parfois "sauvage" et - de toute façon et au premier chef - EXPÉRIMENTAL.

Accoler ces deux termes : le cinématographe et l'expérimentation, cela peut apparaître comme un pléonasme, le cinéma ayant partie liée, dès ses origines (techniques, sociétales et stylistiques), avec la recherche, l'innovation permanente, en un mot l'aventure - formelle, narrative, poétique, politique, etc.

Aujourd'hui largement dépendante d'une forme de médiatisation forcenée, l'industrie cinématographique repose - lointainement - sur la curiosité et l'ingéniosité de chercheurs d'une autre époque (Les Lumière, Méliès, Griffith, Vertov, Eisenstein, Orson Welles, et tant et tant d'autres…). Chaque génération est venue ensuite amplifier ce merveilleux territoire d'ombres, de lumières, de cadrages fous et d'images insoupçonnées…

C'est à la marge, avec des moyens techniques et économiques moindres, que les cinéastes dits "expérimentaux" ou "différents" ont toujours œuvré. Pratiquant plus que de raison toutes sortes de "bricolages". Une espèce de science du "bout de ficelle" et de la "débrouille" qui les caractérise et fait que les "grands noms du cinéma (ceux qui sont "restés" et ont les faveurs d'un large public) partagèrent souvent cette terra incognita de la différence et de l'expérimentation.

Le cinéma expérimental, ce fut donc - à la base - la libération d'un cinéma qui ne cherche pas à s'inscrire dans de strictes contraintes économiques, esthétiques, sociétales et qui vagabonde là où il lui plaît. Il est essentiel que ces éléments perdurent. Sinon on n'aurait plus qu'une abatardisation de son essence qui est : vagabondage et liberté.

Définir ce cinéma de manière précise, ce serait tout aussitôt l'enfermer et le clore dans des frontières dont il n'a que faire. Laissons donc lui toute liberté. pas de brides sur le cou.

On ne reviendra pas davantage sur l'histoire globale du cinéma expérimental. D'excellents ouvrages, de nombreux sites et documents entretiennent la flamme et proposent un assez vaste panorama des œuvres (cf Bibliographie ci-dessous).

Dans les quelques « papiers » qui suivront sur ce blog (Entretiens, souvenirs, articles d'époque) je m'attacherai au cinéma expérimental du tout début des années 1980. Ce cinéma expérimental que j'ai connu en fréquentant assidument le Ciné-Club du Centre Saint-Charles (Université des Arts plastiques de Paris I), animé par Dominique Noguez et où l'on vit défiler toute la fine fleur internationale du cinéma expérimental de l'époque. Citer quelques noms aboutirait à "oublier" les autres. Je renvoie donc aux Index (contenus dans les livres et sur les sites de films expérimentaux).

Et que voguent toutes les galères des cinémas expérimentaux.

À SUIVRE

Courte bibliographie du cinéma expérimental avec deux ouvrages essentiels :
— Dominique Noguez, Éloge du cinéma expérimental, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, Paris, 1979.
— Dominique Noguez, Trente ans de cinéma expérimental en France [1950-1980]

, A.R.C.E.F., Paris, 1982. À cela on ajoutera les ouvrages de Raphaël Bassan, dont :
Cinéma expérimental. Abécédaire pour une contre-culture, Yellow Now/Côté Cinéma, Paris, 2014.

Collectif Jeune Cinéma

Patrick Bokanowski, l’Ange, 1982, DR.

2 commentaires:

Régis Hébraud a dit…

Merci d'avoir cité Raymonde Carasco et "Yumari - Tarahumaras 84" !

fdemeredieu a dit…

C'est un tel plaisir de revoir et retrouver les images de Raymonde.
Merci à elle et à vous.

Florence de Mèredieu

Enregistrer un commentaire