dimanche 24 octobre 2010

NARCISSE OU LE STADE DU MIROIR CHEZ LE FLAMANT ROSE.

Photographie ©FDM.

"Qu'une Gestalt soit capable d'effets formatifs sur l'organisme est attesté par une expérimentation biologique (...). La maturation de la gonade chez la pigeonne a pour condition nécessaire la vue d'un congénère, peu importe son sexe, - et si suffisante que l'effet est obtenu par la seule mise à la portée de l'individu du champ de réflexion d'un miroir." (Jacques Lacan, Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je, 1949)

Visitant récemment un zoo à l'étranger et contemplant, dans leur enclos de plein air, la gymnastique pour le moins hiéroglyphique des flamants roses, j'appris que dans ce zoo, afin de favoriser la reproduction de l'espèce, on plaçait les animaux dans un environnement de miroirs, de manière à ce qu'ils se perçoivent entourés d'un grand nombre de leurs congénères.

On sait effectivement - et Jacques Lacan le rappelait naguère - que la perception d'une Gestalt propre à l'espèce joue un rôle considérable dans les rituels propres aux espèces animales. Ceci a été particulièrement vérifié dans le cas des oiseaux.

Admirant le reflet de l'animal dans l'eau, je me suis amusée du rappel "in vivo" de ce beau texte de Lacan. Un de ses rares textes limpides et transparents, si je puis me permettre ces deux expressions "liquides".

Ces flamants-là étaient ROSES. D'un rose très soutenu. Leur nourriture, riche en animalcules (crevettes) et produits colorés, est à l'origine de ce ton. Je me souvins alors que, dans le règne végétal aussi, on retrouve le même mécanisme. Pour obtenir un hortensia qui soit d'un beau bleu, on a coutume de déposer au pied de la plante de l'ardoise pilée.

Bleus, roses ou transparents, les mondes animaux et végétaux nous en apprennent beaucoup sur nos propres rituels.

samedi 23 octobre 2010

LE JARDIN DES TUILERIES : UNE MACHINE À LUMIERES.

Photographie ©FDM.

22 octobre : Conférence au Musée d'Orsay sur Van Gogh, L'Argent, l'Or, le Cuivre, la Couleur.

Sortie par la passerelle donnant sur la Seine et le Jardin des Tuileries. Et là, l'éblouissement ! La lumière est magnifique en cette fin d'automne.

Avec ses parterres, ses troncs à l'alignement impeccable, ses ombres et ses sculptures partout disséminées, le jardin a tout d'un piège à lumières. Il ressemble à une gigantesque camera obscura à ciel ouvert.

La "Maison Ferembal" de Jean Prouvé, installée le long des grilles de la rue de Rivoli, est là comme une sorte de tavoletta du XXe siècle. La lumière s'y engouffre, non par le ciel (comme dans la fameuse tavoletta de Brunelleschi), mais par les portes, les fenêtres, les jalousies, les interstices. Cette lumière y est tout aussitôt redistribuée sous forme d'ombres, de flaques plus ou moins opaques ou transparentes.

De l'intérieur de la maison, le paysage peut s'y lire, comme on le fait dans les maisons japonaises, par le biais des échancrures, du cadre des fenêtres et de ce que l'on nomme des "jalousies". - Fenêtres à claire-voie ou "clair-obscur".

Sur le plan d'eau, le tapis de boules flottantes de Yayoi Kusama s'irise de reflets caméléons. Le ciel s'empare du métal. Le gris vire au bleu.

Dans les allées et autour des bassins, les ombres s'allongent et se déforment. Graphiques. Musicales.

Miraculeuses de netteté.

mercredi 20 octobre 2010

ANI DESCHÊNES : GIRAFE DE TROIE.

Ani Deschênes, Girafe de Troie. Photographie ©FDM.

Réputé pour la richesse de sa faune, le ZOO (prononcez ZOOOUUU !) de Granby (Québec) a connu durant l’été 2010 deux événements heureux.

La naissance récente, tout d’abord, d’un girafon. Ce qui réjouit assurément le cœur et les grands yeux humides de sa craquante génitrice. Encore mal assuré sur ses longues pattes, notre rejeton des savanes devra attendre le printemps prochain pour découvrir son carré de terre québécoise. En attendant, il restera au chaud dans son abri.

Cet événement avait été précédé par l’apparition dans l’aire du zoo d’une autre girafe : de bois, celle-là. Cloutée, collée, sculptée, “designée”, et si joliment campée sur ses quatre pattes. L’incursion, l’infiltration de cet animal-surprise, doté dans ses replis et cavités de quelques objets incongrus (“élephant miniature, oisillons”, etc.) firent, durant l’été, la joie des visiteurs.

D’où le nom de “Girafe de Troie” donné par Ani Deschênes à ce bel animalcule. Situé non loin de l’enclos de ses sœurs les girafes, l’animal de bois a trouvé asile en bordure de l’espace du restaurant du Zoo, lieu de convivialité, espace commercial à ciel ouvert.

L’opération s’inscrit dans le cadre du cycle “l’envers de l’endroit”, cycle consacré par le 3e Impérial à une infiltration de la réalité par l’art.

La question reste par ailleurs ouverte de savoir si l’opération ne fonctionne pas dans les deux sens… Notre Girafe de Troie a bel et bien infiltré la “réalité” du zoo. Mais celle-ci n’a-t-elle pas, à son tour, en englobant et intégrant la sculpture perturbatrice, envahi et perturbé la sphère artistique ?

Le processus ne fonctionne-t-il pas dans les deux sens ?

3e Impérial - Ani Deschênes

lundi 18 octobre 2010

LA "BABEL-NOÉ" D'YVES GENDREAU. UNE OEUVRE EN CHANTIER PERMANENT.

"Babel-Noé", Yves Gendreau. Photographie ©FDM, 2010.

Amateur d'échafaudages, filins, structures tubulaires et matériel de chantier en tout genre, Yves Gendreau travaille au Québec. De la belle province il a conservé une mentalité de pionnier. Construire, assembler. Déconstruire et refaire. En sachant bien que tout chantier est aussitôt suivi d'autres chantiers en devenir...

D'où le rêve un peu fou d'une sorte de gigantesque lego. De sculptures montées à partir d'éléments tubulaires recyclables à l'infini dans d'autres installations et d'autres assemblages.

Partant du constat selon lequel l'industrie et les grandes compagnies envahissent le paysage, urbain, rural et social, de poteaux, de câbles et d'oléoducs, Yves Gendreau décide de réinvestir les lieux à sa façon.

Le Grand Oeuvre d'Yves Gendreau, si bien moulé au coeur de l'univers instable qui est le nôtre, culmine dans le projet pharaonique de ce chantier (imaginaire) qui devait s'étendre sur 1,378,53 kilomètres, entre Hull au Québec et Moncton au Nouveau Brunswick (Canada).

Les villes traversées auraient été reliées entre elles par de fines structures de bois. Une traversée du fleuve Saint-Laurent par un des ponts de la ville de Québec était prévue. Eclairé la nuit, ce chantier en expansion et reconstruction permanente aurait posé des questions d'ingénierie et de résistance des matériaux assez complexes.

Le 8 octobre 1995, le fantôme de l'oeuvre imaginaire quitte fictivement la Galerie Axe Néo 7.

Conçu dans le cadre du 3e Impérial (groupe d'artistes autogérés dont le siège est à Granby, à une centaine de kilomètres de Montréal), ce projet fit l'objet de la part de son auteur de méticuleuses supputations sur les demandes et interventions possibles des communes ou entreprises privées mises à contribution pour le financement de l'oeuvre projetée.

Yves Gendreau est aussi l'auteur d'installations permanentes (comme cet ensemble de lignes colorées échafaudé près de la station de métro La Concorde à Laval, en 2007). Et de sculptures, échappées du recyclage permanent de ses structures de chantier. Comme cette « Babel-Noé », structure de bois qui danse et craque dès qu'on entreprend de la bercer. L'Arche de Noé et la Tour de Babel se rejoignent dans ce fantasme de vieux rafiot, de voyage interminable et de périple impossible.

Et voguent les lignes de force de la structure.
Et que dansent et se balancent en crissant les pans de bois affûtés.

3e Impérial - ALICA

lundi 4 octobre 2010

CONFERENCES MUSEE D'ORSAY : L’ARGENT, L'OR, LE CUIVRE, LA COULEUR.

APPROCHES SOCIOLOGIQUES ET ANTHROPOLOGIQUES DE L'ART AU XIXe SIECLE
L’ARGENT, L'OR, LE CUIVRE, LA COULEUR.

Vendredi 15 et Vendredi 22 Octobre 2010 à 12h30
Musée d'Orsay — Auditorium niveau -2

Entrée gratuite dans la limite des places disponibles.

"Une peinture telle que même au point de vue de l’argent, il soit préférable qu’elle soit sur ma toile que dans les tubes." (Vincent Van Gogh, Lettre à Théo)

Les couleurs solaires et métalliques, la peinture « matiériste » de Vincent Van Gogh. — Le peintre, son frère et son marchand. — La valeur de la peinture. — Paul Cézanne et Emile Zola. — L’art et l’argent au XIXe siècle.

Sous la direction de Florence de Mèredieu, Maître de Conférences émérite, Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne. Esthétique et Sciences de l’art), auteur de Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne et contemporain (Nouvelle édition augmentée, Larousse, 2004-2008).

Et avec la participation de Jean-Joseph Goux, Professeur à Rice University (Houston, Texas, USA), auteur de Frivolité de la valeur, essai sur l’imaginaire du capitalisme (Blusson, 2000).

Conférence de Jean-Joseph Goux
le Vendredi 3 Décembre 2010 à 12h30.
Musée d'Orsay — Auditorium niveau -2

Lien Musée d'Orsay : L'argent, l'or, le cuivre, la couleur.

samedi 2 octobre 2010

ARTAUD ET LE THEATRE. FRANCE CULTURE.

ARTAUD ET LE THEATRE
FRANCE CULTURE.
LES MERCREDIS DU THEATRE par Joëlle Gayot

Le mercredi 6 octobre 2010 de 15h00 à 16h00.
A écouter sur internet : Les Mercredis du Théatre