vendredi 21 janvier 2011

BILL WOODROW : LE POISSON S'EST ÉCHAPPÉ.

Electric Fire with Yellow Fish ©Bill Woodrow.

Je découvre sur Internet l'œuvre de Bill Woodrow. Une œuvre grinçante et corrosive. Pleine d'humour. Des sculptures composites, faites de fragments d'objets trouvés, conservés, accumulés... et recyclés.

Il s'agit d'œuvres ironiques, insistant sur cette dimension de dérision qui peut accompagner la vision de l'objet « nu », « détaché », « séparé » de son environnement. Et envisagé d'un coup à la façon d'un clown blanc. Timide parfois. Grotesque. Attendrissant.

Parmi toutes les sculptures répertoriées sur son site, l'une m'est apparue pouvant servir (mais oui : une œuvre d'art, cela peut « servir » !) de bref et humble écho à la Révolution tunisienne en cours.

Le poisson jaune enfermé dans une boîte électrique (dont le cordon de raccord est arraché et coupé) tourne dans sa cage. Il est bien vivant, mais contraint.

Allons. - Le poisson jaune s'est échappé. Suivi d'autres poissons. Bleus, Rouges. Verts. Et Blancs. Et noirs. Une armada multicolore. On souhaite à tous bonne nage dans les courants tumultueux d'une nouvelle Méditerranée.

Bill Woodrow
Exposition : Modern British Sculpture, Royal Academy of Arts (London)

vendredi 7 janvier 2011

ARMAN : EMPREINTES. ACCUMULATIONS. COLÈRES. DESTRUCTIONS. TRANSPARENCE. OPACITÉ.

Centre Georges Pompidou, 2011. Photographie ©FDM.

L'exposition Arman ferme ses portes le 10 janvier. J'ai eu grand plaisir à revisiter cette œuvre dont les différentes étapes avaient largement ponctué la rédaction de l'Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne*, publiée en 1994.

Des trois personnages phares de cette « Histoire » - Duchamp, Yves Klein et Joseph Beuys -, les deux premiers ont largement compté dans la vie et la carrière d'Arman, affilié comme l'on sait à ce courant décapant que fut le «nouveau réalisme» des années 1960.

L'objet industriel se retrouve sous des formes apparentées (quoique différentes) dans les deux parcours de Duchamp (le ready-made) et d'Arman (les « Accumulations » d'objets). - Yves Klein restera, quant à lui, dans les débuts de la trajectoire d'Arman, une inspiration permanente. Les « Allures d'objets » de ce dernier sont tout autant inspirées par les œuvres d'André Masson et de Jackson Pollock que par les « pinceaux humains » et "anthropométries" d'Yves Klein. L'exposition du « Plein », chez Iris Clert, succédera à celle du « Vide »...

L'objet est ici omniprésent. Décliné de toutes les manières et - surtout - répété, accumulé, dénombré. Redondant. Objet de série. - Les plus réussies de ces « Accumulations » sont celles où se repère la patine de l'objet. La beauté de ce dernier, sa réussite formelle concourent largement à la qualité des œuvres finales. Les premières « Accumulations » d'Arman (poupées anciennes, brocs, masques à gaz, manomètres, etc.) sont en ce sens les plus percutantes.

Quant aux « Inclusions », elles jouent de l'opposition entre transparence et opacité. La matière des tubes, ordures et matériaux divers, est grenue, magnifiée. Les objets se fondent et se coulent dans la masse résineuse. Ils sont réinventés.

Le plus réussi sans doute : les « Colères » et « Destructions ». En particulier celles des instruments de musique. - Merveilleux émiettement et recomposition de la carcasse architecturale et musicale du violon, de la mandoline, du piano... J'en entends encore vibrer les cordes... et se répandre les sons virtuels...

* Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne (Larousse), L'OBJET, LA MACHINE, pp.. 211-234. - Arman : 41 occurrences.

ACCUMULATIONS - CECI N'EST PAS UN "ARMAN".

Sous-sol du BHV, 2011 ©FDM.

samedi 1 janvier 2011

2011 : UNE ANNÉE À COLORIER.


New York 2010. Photographie ©FDM.