lundi 23 mars 2015

ALEXANDER McQUEEN. Retrospective in London.


Alexander McQueen, autumn/winter fashion show, 2009.
Photo ©DR.

Alexander McQueen.
Savage Beauty.

Victoria and Albert Museum, 14 march-2 august 2015

The history of fashion is full of refinements, inventions and treatment of surprising materials. - Alexander McQueen (1969-2010) became the inheritor and interpreter of many areas of the history of clothing. It is thus at the heart of an area of influence that drink to the various forms of "Gothic" English (and international) to primitivism, to pop art, robotics, history of Japan (armor, kimonos) and the entire East, punk culture, etc.

The "enfant terrible" of fashion across the Channel (soon became international and downright alien) was building for each of its carnival parades of Icons - all most archaic and avant-garde. Erasing the differences. Crossing genres. Glaucous masks covering the faces of his models, and détressant braiding hair that end up in wigs in "parts-mounted" and surprising helmets. Hair and horsehair are also used to fringed skirts that sway and waltz at every step during the parade of models.

The woman here is a bird, a futuristic amazon, a sort of Venetian Casanova, a curious white clown (the face enhanced with a huge red mouth), a dark and disturbing witch, or a samurai archer, an oyster (pearl), an egret or a fantastic tale princess.

British, "so British", his creations as much to borrow finery Elizabethan Victorian clothing as the nineteenth century. The starched collars and embroidered farthingales and embroidered by side with gold braid and impeccable martingale officers outfits. The "Scottish" (mainly red) kilts, paired with more contemporary elements and accessories, alternate with black and white architectures (zebra and rafters) of the fabric "houndstooth" that deconstruct so many of his silhouettes.

McQueen excels in the treatment of a variety of materials: paper, rags, cloth, wood, feathers, beads, snake ... and up bird talons mounted as epaulettes. Often recreated in various materials - Complex trimmings, steel, leather, plexiglass, etc., the living and natural materials lend themselves to a thousand metamorphoses.

Made of ivory silk organza, crepe georgette and chiffon, the " Oyster "Dress (dress or shaped oyster, 2003) develops (in the way that it mimics the shell) hundreds and hundreds of wrinkles and folds, honeycomb, ondoyeux and unstable. - Clothes - or vêtures - Alexander McQueen are made to be worn and messed up, driven by the motion of walking, dancing or the many performances that have punctuated his shows.

From the tip of the heel or excessive bases of his shoes to the extreme height of his headgear forms of wigs from another age, theatricality is part of the Great Work of Alexander McQueen. It is found at every step in the heart of the exhibition at the Victoria and Albert Museum. - Savage beauty.

"Savage Beauty", exhibition

Fashion Show : autumn/winter 2009

dimanche 22 mars 2015

ALEXANDER McQUEEN. Savage Beauty.

Alexander McQUEEN. Savage Beauty.
Victoria and Albert Museum. Londres.

L'Histoire de la mode est riche en raffinements, inventions et traitements de matériaux surprenants. - Alexander McQueen (1969-2010) s'est fait l'héritier et l'interprète de nombreux pans de l'histoire du vêtement. Il se trouve ainsi au cœur d'une zone d'influence qui s'abreuve aux diverses formes du "gothique" anglais (et international), au primitivisme, au pop art, à la robotique, à l'histoire du Japon (armures, kimonos) et de l'Orient entier, à la culture punk, etc.

"L'enfant terrible" de la mode d'Outre-Manche (vite devenu international et carrément extra-terrestre) échafaudait pour chacun de ses défilés un carnaval d'icônes - toutes plus archaïques et d'avant-garde. Effaçant les différences. Croisant les genres. Recouvrant de masques glauques les visages de ses mannequins, tressant et détressant des cheveux qui finissent en tignasses, en "pièces-montées" et casques surprenants. Cheveux et crins de cheval sont aussi utilisés pour des jupes frangées qui tanguent et valsent à chaque pas, lors du défilé des mannequins.

La femme ici est un oiseau, une amazone futuriste, une sorte de Casanova vénitien, un curieux clown blanc (au visage rehaussé d'une énorme bouche rouge), une sombre et inquiétante sorcière, un samouraï ou un archer, une huître (perlière), une aigrette ou une princesse de conte fantastique.

British, "so british", ses créations empruntent tout autant aux parures élisabéthaines qu'aux tenues victoriennes du XIXe siècle. Les collerettes empesées et vertugadins brodés et rebrodés voisinent avec les galons dorés et martingales impeccables des tenues d'officiers. Les "écossais" (à dominante rouge) des kilts, appareillés à des éléments et accessoires plus contemporains, succèdent aux architectures en noir et blanc (et chevrons zébrés) du tissu "pied de poule" qui déconstruisent tant et tant de ses silhouettes.

McQueen excelle dans le traitement des matériaux les plus divers : papiers, chiffons, étoffes, bois, plumes, perles, serpent… et jusqu'à des serres d'oiseaux, montées sous forme d'épaulettes. Souvent recréés dans des matériaux divers - passementeries complexes, acier, cuir, plexiglass, etc., les vivants et matières naturelles se prêtent à mille et une métamorphoses.

Faite d'organza de soie ivoire, de crêpe georgette et de chiffon, l'"Oyster" Dress (ou robe en forme d'huître, 2003) développe (à la façon du coquillage qu'elle mime) des centaines et des centaines de plis et de replis, alvéolés, ondoyeux et mouvants. - Les vêtements - ou vêtures - d'Alexander McQueen sont faits pour être portés et chamboulés, animés par le mouvement de la marche, de la danse ou de ces nombreuses performances qui ont ponctué ses défilés.

De la pointe du talon ou des socles démesurés de ses chaussures jusqu'à l'extrême sommet de ses coiffures en formes de perruques d'un autre âge, la théâtralité fait partie intégrante du Grand Œuvre d'Alexander McQueen. On la retrouve à chaque pas au cœur de l'exposition du Victoria and Albert Museum. - Sauvage est la beauté.

"Savage Beauty", l'exposition

Défilé automne/hiver 2009

vendredi 20 mars 2015

Marlene DUMAS : "The Image as Burden".


Marlene Dumas at The Tate Gallery. ©FDM, 2015.

Born in Cape Town (South Africa) in 1953 and living now (since many years) in Amsterdam, Marlene Dumas is (as many of us) haunted by the images of the world. Quite particularly by the photos of current events or news items, which she archives and lists (classifies) like a visual reservoir that she can liven up all the time and transmute in pictures.

The exhibition of Tate wears symbolically the title of a work which dates 1993 : " The Image as Burden ". - We are confronted with a chaotic and powerful world. Fact of elegance and primitivity. Sensual and reflexive. Soft and violent. Terrible also. Haunted by the death, the violence and (in a more recent way) by the pornographic representation of the human body.

These images are the ones of faces and body from which the pulp would be extracted of the outline of silhouettes and lines (of the model). This carnal and pictorial pulp is then conveyed as on the medium of the board (ink, oil).

These bodies, these faces are black, white, yellowish brown. Ochre, mauve, brown. - Painted or drawn by means of an often restricted pallet which dilutes or thickens outlines.

Africa is omnipresent. Black flesh invades paintings. And see each other confronted with faces and with white bodies. Following the example of her country of origin - and as the main part of its pictorial pallet - Marlene Dumas's world is dual : white and black. And involved, indexed in a mixture, a mixing which generates luxurious portraits.

The common importance of the representation and the distortion of figures is similar to the universe of the expressionistic painting. And to the world which was the one of Francis Bacon. - Her pallet, however, is appropriate for her. As belongs to her the heavy black or yellowish brown line which draws mouths, silhouettes, thighs, profiles. So multiplying icons and totems.

"Marlene Dumas. The Image as Burden"
Tate Modern, London. February-May 2015.

The Image as Burden, 1993, ©Marlene Dumas
Private collection, Belgium.

jeudi 19 mars 2015

Marlene DUMAS à la Tate Modern.

Affiche "Marlene Dumas, The Image as Burden".

Née au Cap en Afrique du Sud en 1953 et vivant depuis des années à Amsterdam, Marlene Dumas est (comme beaucoup d'entre nous) hantée par les images du monde. Tout particulièrement par les photographies d'actualité ou de faits divers, qu'elle archive et classe à la façon d'un réservoir visuel qu'elle peut à tout instant animer et transmuer en tableau.

L'exposition de la Tate porte symboliquement le titre d'une œuvre qui date de 1993 : "Le Fardeau de l'Image". - Nous sommes confrontés à un monde chaotique et puissant. Fait d'élégance et de primitivité. Sensuel et réflexif. Tendre et violent. Terrible aussi. Hanté par la mort, la violence et (de manière plus récente) par la représentation pornographique du corps humain.

Ces images sont celles de visages et de corps dont la pulpe serait extraite du contour des silhouettes et des traits (du modèle). Cette pulpe charnelle et picturale (encre, huile) est ensuite comme véhiculée sur le support du tableau.

Ces corps, ces visages sont noirs, blancs, bistres. Ocres, mauves, marrons. - Peints ou dessinés au moyen d'une palette souvent restreinte qui dilue ou épaissit les contours.

L'Afrique est omniprésente. Les chairs noires envahissent les toiles. Et se voient confrontées aux visages et aux corps blancs. A l'instar de son pays d'origine - et comme l'essentiel de sa palette picturale - le monde de Marlene Dumas est duel : blanc et noir. Et mêlé, indexé dans un mélange, une mixité qui génère de somptueux portraits.

L'importance conjointe de la figuration et de la distorsion des figures apparente cet univers à celui de la peinture expressionniste. Et au monde qui fut celui de Francis Bacon. - Sa palette, toutefois, lui est propre. Comme lui appartient le lourd trait noir ou bistre qui dessine les bouches, les silhouettes, les cuisses, les profils. Multipliant de la sorte icones et totems.

"Marlene Dumas. The Image as Burden"
Tate Modern, Londres. 5 février-10 mai 2015.

The Image as Burden, 1993. ©Marlene Dumas
Collection privée, Belgique.

mardi 10 mars 2015

ANTONIN ARTAUD. Voyages.

2015 : une nouvelle couverture.
Artaud au Dôme en 1937.

Quelques exemplaires de l'édition d'Antonin Artaud Voyages (Blusson, 1992) sont aujourd'hui remis en circulation et proposés par l'éditeur sous une autre couverture.

L'ensemble est articulé autour d'un certain nombre de documents alors inédits. Présenté en fac-similé, le passeport d'Artaud - celui qui l'a accompagné au Mexique et en Irlande et qui lui servit de carnet de notes - fait suite à 57 cartes postales adressées par le poète à sa famille. Ces cartes, qui proviennent de Suisse, de Berlin, de Marseille ou de Monte-Carlo, d'Algérie, du Mexique ou d'Irlande, et d'autres contrées (plus proches, sinon familières) comme Thouars, Blois ou Argentan-Château…, sont toutes reproduites en fac-similés (recto et verso).

Le thème du voyage traverse toute l'œuvre du Mômo. Il plonge ses racines dans le merveilleux et l'étrangeté et s'accommode de la mobilité du personnage : un Artaud toujours en mouvement et qui aime la marche, les paysages qui versent… et les dérives que font naître les mondes nouveaux.

PLAN DE L'OUVRAGE :

1- Voyages. - L'appareillage, les lointains. - L'espace du repos. - La figure du navire. - Imaginaires. - L'Europe. - Une odyssée cosmique. - Une vision initiatique du voyage : le Mexique. - Paysages. - L'ubiquité, le rêve comme voyage. - Orient/Occident. - Une vision apocalyptique du voyage : l'Irlande. - La dimension de la saga. - La mort. - La folie : un voyage sur l'envers du décor. - L'exil et la métaphore du voyage. - L'espace, le cosmos et les quatre points cardinaux. - Le pays du non-être.

2 - La carte postale

3 - Cartes postales adressées par Antonin Artaud à sa famille

4 - Transcription des cartes postales

5 - Identités. — IDENTITÉ. - Le passeport d'Artaud. - L'état civil et la traque de l'identité. - Artaud et ses doubles. - Le virtuel et l'ombilic des limbes. - Le corps, fondement du moi. - Le voyage au pays des Tarahumaras et la perte du moi. - Artaud et Dieu, Artaud/Jésus-Christ. - L'anonymat. - La transmigration et navigation des âmes. - Le nom du Père et le nom de la Mère. - L'Autre. - Le miroir. - La grande question métaphysique de l'identité.

6 - Le passeport d'Artaud

7 - Transcription du passeport

EXTRAIT

"Le voyage pour Artaud s'adresse au corps, musculaire et musculeux, avec ses articulations, ses emboîtages. C'est le squelette et la chair qui sont ici en cause, beaucoup plus que l'œil. Car l'on ne prend conscience et connaissance des choses que "par expérience de la marche des os externes du corps et non par mémoire spirituelle." (O.C.-XXIV-424) Et le paysage même ne défile pas sous la forme d'un kaléidoscope incessant, mais se manifeste sous forme de visions - pays des rois-mages, nativités et paysages de Jérôme Bosch —, de signes (les rochers de la sierra, lents à déchiffrer), soit sous une forme parfaitement charnelle et physique — terres, roc et poussières. Le vaisseau transporteur demeure celui des temps primitifs, le corps. Nul effet [alors] de vitesse, mais un ralenti, le ralenti d'un corps atrocement conscient, et qui sent peser en lui chacune de ses attaches." (page 40.)

Le Livre "Antonin Artaud : Voyages"