jeudi 8 septembre 2011

"TELEVISION, LA LUNE" (1992-93). INSTALLATION - VIDEO ET IMAGES 3D

© Nil Yalter et Florence de Mèredieu

"Télévision, la lune, de Nil Yalter et Florence de Mèredieu, propose elle aussi une autre version de la Genèse. Sur douze moniteurs poudroie un univers de sable. Difficile de distinguer le vrai sable, filmé avec une caméra, du sable produit par l'ordinateur. Un homme et une femme (Nicole et Norbert Corsino) traversent ce désert à pas lents, à gestes stricts, gagnés sur l'inconnu, comme à l'aube d'un monde nouveau. Un monde où la peau et la pierre seraient pareillement émiettables. Une lumière dorée, synthétique, souffle sur ces corps, qui se fragmentent alors en corpuscules, flottent, avant de se coaguler à nouveau en apparences, en transparences." (Jean-Paul Fargier, Le Monde, 14 juin 1994 : Sur l'installation présentée à Marseille — Tour du Roi René — de Nil Yalter et Florence de Mèredieu) En 1992, je fais part à Nil Yalter, artiste vidéo, de mon souhait de prolonger avec elle le livre précédemment publié par moi aux Editions des Femmes (1985), Télévision, la lune, par une installation vidéo. Nil Yalter a alors l'opportunité de travailler sur ces images que l'on appelle des "images de synthèse". Nous décidons d'un commun accord de travailler sur cette lisière qui sépare et réunit l'image analogique (qui est un prélèvement du réel) et l'image digitale (qui est une image "calculée"). Il est entendu qu'il s'agit d'une réalisation plastique commune (j'ai déjà réalisé plusieurs films expérimentaux en super 8). Le scénario de l'installation, le tournage, le montage seront le résultat d'un travail commun. Les images de synthèse seront réalisées à Marseille durant un stage que Nil Yalter effectue à Brouillards Précis (lieu artistique alternatif qu'il faut ici saluer). Je descendrai à plusieurs reprises à Marseille pour le tournage (des images réelles), travailler avec Nil à la mise au point des images numériques et au pilotage de l'ensemble. L'INSTALLATION : L'univers des images apparaît de plus en plus comme un univers composite, mêlant des images de sources et d'origines diverses. Télévision, la lune, superpose et greffe à des matériaux provenant du monde réel ces autres matériaux artificiels qui sont aujourd'hui générés par les machines. La perception des sutures et raccords entre ces différents ordres est plus ou moins perceptible, l'origine ou source des images plus ou moins repérable. Tant il est vrai que l'on en arrive à la constitution d'un univers étrange, semi-naturel et semi-artificiel. Au sein de ce travail plastique, le moment privilégié (et le plus important) restera celui du montage. A tel point que tout le travail préparatoire (production des images numériques, engrangement d'images vidéo et de photographies) n'a consisté qu'à accumuler des "matériaux". Matériaux dont nous avons ensuite, Nil Yalter et moi-même, joué au niveau du montage. La neige de l'écran-vidéo, les sables, les particules et pixels de la synthèse furent intimement mêlés au sable réel - sables de tous les déserts du monde dont le poudroiement, le lent écoulement, rythme l'ensemble. On aboutit ainsi à ses sortes de composés hybrides, résultant de la superposition de couches et de couches d'images. Bibliographie : - Jean-Paul Fargier, "Images des origines", Le Monde, 14 juin 1994. - "Télévision, la lune". Hybrides et automates, in Puck, n° 9, "Images virtuelles", 1996, pp. 54-58. - "Télévision, la lune, littérature, vidéo et image numérique : la greffe et l'entrelacement des images, In "Mélanges des Arts", Skênê, 1996, pp. 82-85. -"Télévision, la lune", "Images numériques. L'aventure du regard". 1997, École régionale des beaux-arts de Rennes/Université Rennes 2, pp. 98-101 - Florence de Mèredieu, "Images hybrides" in Arts et nouvelles technologies. Art vidéo, art numérique, Larousse 2003-2011. - Florence de Mèredieu, Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne et contemporain, 4e édition, Paris, Larousse, 2017. Site de Nil Yalter Télévision, la lune, le livre Collectif Jeune Cinéma

2 commentaires:

Unknown a dit…

Dommage de ne plus voir la vidéo! Même sur le site de Nile Yalter, on ne peut pas se faire une idée de l'indistinction visuelle entre le sable "réel", plutôt "vidéographié" et le sable de synthèse. Sans parler du reste...

fdemeredieu a dit…

OUI : je suis bien de votre avis.
C'est un travail littéralement "passé à la trappe".

je vais transmettre votre commentaire à Nil
Yalter.

Personnellement, je souhaiterai vivement que ce travail commun soit diffusé.

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