En Hommage à Antonin Artaud qui découvrit les danses de Bali en 1931, lors de l’Exposition coloniale, le Théâtre national de Chaillot (désormais dévolu aux mondes de la danse) propose une somptueuse soirée dédiée à la culture balinaise.
Le premier choc est auditif. Comment décrire la puissance et la complexité de ces enchaînements sonores et rythmiques, le délié acrobatique, l’aérienne broderie acoustique que déclinent les différents instruments : gongs, tambours, flûtes, xylophones…
La première idée qui m’est venue à l’écoute de cette orchestration, c’est un rapprochement (saugrenu : mais l’est-il tant que cela ?) avec le jazz. Même rigueur architecturale, même système de variations mélodiques infinies. – Les chorégraphies et gestes des danseurs interviennent ensuite fréquemment sous forme d’échos ou de contrepoints à cette gestuelle sonore que constitue déjà l’ensemble de l’orchestre (ou gamelan).
Le « rituel d’exorcisme » qui envahit la scène – à mi-parcours du spectacle - peuple le théâtre du bruissement des glossolalies et onomatopées d’une troupe d’hommes au désordre savamment organisé. Artaud n’eut sans doute pas la possibilité de découvrir cette « cérémonie conjuratoire » en 1931. Celle-ci correspond cependant en tous points au futur Antonin Artaud de Pour en finir avec le Jugement de Dieu et des glossolalies du temps des asiles et des Cahiers de Rodez et du Retour à Paris. La langue, les intonations y sont brutes, archaïques et prennent leur source au fin fond du ventre et de la cage thoracique.
Alternant et mêlant danse et théâtre, le reste du spectacle est d’une grande richesse. On y retrouve tout ce qui fait la perfection et le sel de la culture balinaise : les mouvements de torsion du buste et du corps entier, les déplacements angulaires de ces têtes, ces yeux, ces mains, ces pieds qui se crispent et ondulent comme autant d’ailes ou d’élytres. Les acteurs ont des corps et des costumes d’insectes. Aux couleurs vives et rutilantes.
Et l’on devine, derrière ces justaucorps et ces armures dorées, ces masques et cette gestuelle faite de dégradés mathématiques, les forces vives d’un corps de chair ondulatoire.
Sur les Orients d’Antonin Artaud
Une nuit balinaise à Chaillot
La première idée qui m’est venue à l’écoute de cette orchestration, c’est un rapprochement (saugrenu : mais l’est-il tant que cela ?) avec le jazz. Même rigueur architecturale, même système de variations mélodiques infinies. – Les chorégraphies et gestes des danseurs interviennent ensuite fréquemment sous forme d’échos ou de contrepoints à cette gestuelle sonore que constitue déjà l’ensemble de l’orchestre (ou gamelan).
Le « rituel d’exorcisme » qui envahit la scène – à mi-parcours du spectacle - peuple le théâtre du bruissement des glossolalies et onomatopées d’une troupe d’hommes au désordre savamment organisé. Artaud n’eut sans doute pas la possibilité de découvrir cette « cérémonie conjuratoire » en 1931. Celle-ci correspond cependant en tous points au futur Antonin Artaud de Pour en finir avec le Jugement de Dieu et des glossolalies du temps des asiles et des Cahiers de Rodez et du Retour à Paris. La langue, les intonations y sont brutes, archaïques et prennent leur source au fin fond du ventre et de la cage thoracique.
Alternant et mêlant danse et théâtre, le reste du spectacle est d’une grande richesse. On y retrouve tout ce qui fait la perfection et le sel de la culture balinaise : les mouvements de torsion du buste et du corps entier, les déplacements angulaires de ces têtes, ces yeux, ces mains, ces pieds qui se crispent et ondulent comme autant d’ailes ou d’élytres. Les acteurs ont des corps et des costumes d’insectes. Aux couleurs vives et rutilantes.
Et l’on devine, derrière ces justaucorps et ces armures dorées, ces masques et cette gestuelle faite de dégradés mathématiques, les forces vives d’un corps de chair ondulatoire.
Sur les Orients d’Antonin Artaud
Une nuit balinaise à Chaillot