dimanche 1 février 2009

"PICASSO ET LES MAÎTRES".

Grand raoût final pour une des expos les plus médiatiques et les plus étranges de l'année. Le veau d'or. La foule. L'art et l'argent. — Cette expo, j'ai tenu (tout de même) à la voir il y a quelques mois. — Pour Picasso. Pour les grandes toiles exposées. — Et puis, j'avais consacré une partie de mon livre ( sur Kant et Picasso) aux relations de Picasso avec l'histoire de la peinture et les grands maîtres !
Un Rembrandt extraordinaire. De sublimes toiles des grands maîtres de la peinture. — La mise en espace m'a semblé faire problème. Avec un simulacre des Ménines (de Vélasquez) suspendu en l'air.
La juxtaposition des toiles de Picasso et des toiles d'Ingres, Goya, Titien, Rembrandt, Le Greco, etc., repose sur un malentendu. Picasso n'avait pas le nez sur ces œuvres. C'est de mémoire ou à partir de reproductions (de manière distanciée) que Picasso a peint ses toiles, ou ses "pastiches". Voir ensemble ce qui serait la toile et son "modèle" est assez faux. Picasso ne copie pas, ne reproduit pas. Il interprète, reconstruit, déconstruit.
On aurait donc pu demander le même "travail" au spectateur : qu'il contemple les toiles "des maîtres" et qu'ensuite, dans une autre salle, face aux "Picasso", il fasse jouer sa mémoire, son imagination.
La confrontation des toiles de Picasso à ce qui serait leur original "tue" les toiles de Picasso. A chaque fois l'original semble plus puissant. — Mais c'est la confrontation et la comparaison qui est fausse. Les savantes déconstructions de Picasso sont à envisager comme un bloc, un ensemble. En conservant la simple idée, le seul souvenir, le seul "diagramme" des œuvres initiales. Et, à ce niveau là, Picasso tient. — De manière magistrale.

Le jour où la planète entière sera dans la rue

29 janvier : journée de manifestations et de défilés en France. Je me dis qu'un jour peut-être, la planète entière sera dans la rue. Ce qui présuppose un monde urbain. Irait-on défiler dans la campagne ou en pleine forêt ? — Toutes les villes du monde pourraient-elles un jour se retrouver derrière des banderoles communes ? Sao Paulo et son tissu urbain si serré. Tokyo, la tentaculaire, avec ses échangeurs, ses buildings et ses quartiers traditionnels. Shanghai (dans les décades à venir) et ses constantes mutations. New York et le prodigieux décor de ses gratte-ciels, Marseille, ouverte sur la mer, les îles et jusqu'aux lilliputiens villages calabrais, accrochés à leur décor de roches…
Un photographe (qui ne serait plus pour l'occasion Yann Arthus-Bertrand mais un quelconque martien) pourrait prendre une vue panoramique et très lointaine de la planète.

Crise de l'art / Crise de réalité

On a beaucoup parlé ces dernières décennies de "crise de l'art". L'idée m'est toujours apparue comme singulière. L'art, sans doute, ne s'est jamais si bien porté. Il est florissant, multiple et occupe souvent le devant de la scène. — La crise, c'est dans la réalité qu'il faut la situer. Et là, elle est profonde. Endémique. Pas de crise de l'art donc, mais une CRISE DE REALITE. — Que l'art alors (un art de plus en plus éphémère, ludique, et souvent narcissique) puisse être en désaccord avec une réalité malade, cela peut être le cas. — C'est cela qui devrait nous interroger.