dimanche 29 décembre 2013

FÉLIX VALLOTON, JEHAN-RICTUS ET LA LANGUE POPULAIRE.

En couverture de cette édition du "Cœur populaire" :
"Les Petites filles" de Félix Vallotton, 1893. (détail).

Beaucoup a été dit sur l’étonnante et belle exposition Vallotton du Grand Palais. La période nabi du peintre (ou ce qui s’y apparente), l’étrangeté et l’audace des coloris, les perspectives renversées, les xylographies (ou bois gravés) au style d’une décapante modernité.

Fort prolixe sur les aspects narratifs de l’œuvre – et tout particulièrement sur l’érotisme de beaucoup de ses toiles, le parcours proposé au visiteur laisse aussi transparaître les tendances sociales et anarchisantes de Vallotton.

Or c’est précisément dans les bois gravés - comme L’Anarchiste (1892), La Charge (1893), La Manifestation (1893) ou L’Exécution (1894) – et avec l’usage elliptique et guerrier du noir et du blanc, que ces préoccupations sociales et politiques sont les plus flagrantes.

Félix Vallotton (1865-1925) s’aventure alors sur ce terrain-là de la gouaille et des habitus populaires de celui qui fut son contemporain : Jehan-Rictus (1867-1933) auquel il consacre un portrait en 1898. Il s’agissait alors d’illustrer le texte que Rémy de Gourmont consacre (entre autres) à Jehan-Rictus dans son ouvrage Le livre des Masques.

Jehan-Rictus est surtout connu pour les extraordinaires poèmes qu’il consacre au petit peuple, au monde de la misère et de la pauvreté (Les Soliloques du pauvre, qui furent illustrés par Steinlen). Son usage particulier de la langue et du « parler populaire » ne fut pas sans influencer Céline.

Le Cœur populaire (Poèmes, doléances, ballades, plaintes, complaintes, récits, chants de misère et d’amour. En langue populaire) est un des textes les plus violents de la langue française. La langue y est crue, drue. Hallucinatoire et sans concessions.
« Car, ainsi font, font, font
les petites baïonnettes
quand y a Grève ou Insurrection,
car ainsi font font font,
deux p’tits trous… et pis s’en vont »

Livre aux Editions Blusson

L'exposition Vallotton au Grand Palais

L’Anarchiste, 1892.

mercredi 25 décembre 2013

GEORGES BRAQUE : POESIE ET AMPLEUR DES CONTOURS.

Ph. Vue d’exposition ©FDM, 2013.

Les expositions consacrées à Georges Braque sont rares et les rétrospectives de ses œuvres rarissimes. Raison de plus pour saluer l’exposition consacrée à celui qu’une histoire de l’art un peu pressée a pris l’habitude de situer dans le seul compagnonnage du cubisme et des papiers collés de Picasso.

Ce dernier contribua à faire de l’ombre et à masquer l’originalité de l’œuvre de son condisciple. Et pourtant, combien différents sont leurs parcours et l’imaginaire qui les anime. L’exposition du Grand Palais contribue — de façon magistrale et assurément décisive – à redéfinir l’ampleur et la beauté (la pure poésie) des mondes circonscrits par le pinceau, la pointe sèche ou le burin de Georges Braque (1882-1963).

Si l’on voulait déterminer d’un mot l’essentiel de ce qui fait l’œuvre de Georges Braque, je dirai que c’est l’ampleur du contour, la profondeur de la délinéation dévolue à chaque forme ou figure. Les contours (du dessin, du relief sculpté, de la forme ou de la figure) sont généralement circulaires. Plus proches du rond, de l’ovale ou de ce que l’on nomme un arrondi que des figures sèches et géométriques de Picasso.

La courbe du corps et l’aile de l’oiseau, le large serpentin que trace le corps féminin, le lasso des formes construit sur des oppositions (noir-blanc ; positif-négatif) et des asymétries douces : tout cela tranche avec les architectures éclatées de Picasso.

Une fois franchies les (belles) salles réservées au cubisme, on oublie l’ombre quasiment tutélaire de l’ami Pablo. La référence à l’antique (cf. la série des Canéphores ou « porteuses de corbeilles », 1922-1927), la déclinaison lunaire et poétique des noirs et des blancs (cf. La Théogonie d’Hésiode, 1932), l’usage si particulier et si savant de la couleur (cette couleur que Picasso reconnaissait ne pas « posséder »), tout cela nous entraîne dans un monde harmonieusement décalé. Racé. — Comme ces petits chevaux dont Braque a tant aimé circonscrire les formes en balancier.

Exposition Georges Braque au Grand Palais.


mardi 17 décembre 2013

L'AIGLE D'HIROSHIGE.

Photographie ©FDM, 2013.

dimanche 8 décembre 2013

ANTONIN ARTAUD IN THE WAR. FROM VERDUN TO HITLER.


"Mr Mutilated, Mr sawed, Mr amputee, Mr beheaded in the wire and guillotines discretion of the war." (Antonin Artaud).

1914-1918 : a generation of artists and writers (Antonin Artaud, André Breton, André Masson, Louis-Ferdinand Celine...) is projected in the Great War trenches, battlefields (Verdun), its dead and wounded psychic. Centers of neuropsychiatry are created to treat patients, who have "no apparent injuries", as quickly as possible and return to the front.

This war of 14-18, Antonin Artaud (1896-1948) will continue to relive. As actor in Verdun, Visions of History (Léon Poirier) and The wooden Cross (Raymond Bernard). As a writer, author and theater actor. - Texts and drawings of his last books are the expression of the literary and graphic war he leads against a world that has made ​​him a "mutilated", a "cut", a "remote "to be.

Between the two wars (1918 and 1939), begin a process of continued war (Michel Foucault), a world increasingly technology-medicalized and a brutalization mass (George Mosse) of civil society and the rise of a form of "mental health" and social health whose diversion will end, in Germany, in the Hitlerian fascism.

1939-1945 : Hitler (medically treated, him too, during the First World War in a psychiatric center) pulls Europe and world in a war of extermination. Artaud was undergoing psychiatric asylums, hunger, electric shocks.

This book dives into the very heart of what made ​​most of the political and cultural history of the twentieth century. The big story spells with the rhythm of the literature and art of the first half of the century. We meet these psychiatrists (and psychoanalysts) have name Charcot, Freud, Babinski, Toulouse, Grasset, Tausk, Allendy, etc.. - This Edouard Toulouse called "the biocracy" brand, even today, our entire society.

Originality of this work is to be in the pincers of two world wars and show how Artaud ( but also Céline, André Breton, André Masson and many others ...) are at the heart of a process of "war continued." The book takes into account a long time, which is also the life and work of an individual - Antonin Artaud - literally "seized" in the path that buttressed to each other both conflicts.

This is a "narrative" resolutely multidisciplinary, which addresses the issue of WAR a historical perspective, through literature, drawing, film and theater Artaud in the cultural, aesthetic, medical ("mental hygiene"), anthropological and political of the first half of the twentieth century.

A fascinating and terrific story. The book (which leans researches in the archives of the Great War) is profusely illustrated and contains unpublished documents about Antonin Artaud, Louis-Ferdinand-Céline and the Great War.

Book Editions Blusson