Editions Blusson, 2011.
"Dans tout il y a maintenant du vieil or, du bronze, du cuivre, dirait-on, et cela avec l'azur vert du ciel chauffé à blanc, cela donne une couleur délicieuse…".
(Vincent Van Gogh)
Tout au long de sa vie - des paysages de sa jeunesse, des tourbières et sombres contrées du Borinage jusqu'au flamboiement solaire des paysages provençaux et du fameux Champ de blé aux corbeaux de la période d'Auvers (1890), Van Gogh n'a cessé d'entretenir avec la nature un lien viscéral.
Or solaire, reflets argentés des oliviers de Saint-Rémy, cuivre et bronze des champs cuits et recuits dans la fournaise de midi, explosion de la couleur à pleins tubes et forts contrastes - cette relation à la nature s'avère profondément mystique. Alchimique et religieuse.
ALCHIMIQUE, car il s'agit bien pour lui d'une transmutation de la glèbe, des végétaux, des éléments et de son propre travail (physique et quotidien) en un matériau qu'il identifie au soleil, celui-ci étant entendu comme un "Louis d'or", comme cette " céleste monnaie" dont parle Bossuet.
On l'ignore souvent, mais le peintre (partagé entre la foi protestante de son enfance et certains accents moins austères du catholicisme) avait lu Bossuet et demeurait écartelé entre deux visions de la religion. Ce qui explique les références qu'il effectue en direction des deux métaphores du "rayon noir" et du "rayon blanc", ces deux faces de la mystique.
Les paysages de Van Gogh - cyprès, "Nuits étoilées", "vignes rouges" et champs de blés, meules roussies, soleils couchants orgiaques, moissons dorées - tout cela participe de la sublimation de nature alchimique (tout transformer en or) qui hante celui qui se présente comme un "ouvrier du Christ", un "moissonneur…
La métaphore (toute métaphore - Antonin Artaud nous l'a rappelé - est toujours beaucoup plus qu'une "métaphore" ; elle entame la réalité) est, chez van Gogh, délibérément monétaire, liée à la richesse picturale (or, argent, cuivre, bronze, etc.) qu'engrange son travail. Dieu est conçu comme de l'or pur ; ses dons et récompenses s'apparentent à la "céleste monnaie" qu'évoque Bossuet. - Il s'agit donc bien d'une forme de "mystique monétaire".
C'est cela que nous montrons dans notre ouvrage - qui avait fait l'objet de conférences, en 2010, au Musée d'Orsay. Cette interprétation picturale (car c'est bien de peinture qu'il est question et d'art) peut surprendre, provoquer quelque résistance. Elle n'en reste pas moins de l'ordre de l'évidence.
L'analyse des écrits et lettres de Van Gogh, l'interprétation aussi qu'Antonin Artaud fournira de l'œuvre du peintre d'Arles dans son son Van Gogh le suicidé de la société, en témoignent. Les tourbillons de la Nuit étoilée (1889) entraînent le petit train de Vincent van Gogh bien au delà des étoiles.
"Tout l'or de Van Gogh"
Fagus, une lecture
Conférences au Musée d'Orsay
Le Livre. Table des matières
(Vincent Van Gogh)
Tout au long de sa vie - des paysages de sa jeunesse, des tourbières et sombres contrées du Borinage jusqu'au flamboiement solaire des paysages provençaux et du fameux Champ de blé aux corbeaux de la période d'Auvers (1890), Van Gogh n'a cessé d'entretenir avec la nature un lien viscéral.
Or solaire, reflets argentés des oliviers de Saint-Rémy, cuivre et bronze des champs cuits et recuits dans la fournaise de midi, explosion de la couleur à pleins tubes et forts contrastes - cette relation à la nature s'avère profondément mystique. Alchimique et religieuse.
ALCHIMIQUE, car il s'agit bien pour lui d'une transmutation de la glèbe, des végétaux, des éléments et de son propre travail (physique et quotidien) en un matériau qu'il identifie au soleil, celui-ci étant entendu comme un "Louis d'or", comme cette " céleste monnaie" dont parle Bossuet.
On l'ignore souvent, mais le peintre (partagé entre la foi protestante de son enfance et certains accents moins austères du catholicisme) avait lu Bossuet et demeurait écartelé entre deux visions de la religion. Ce qui explique les références qu'il effectue en direction des deux métaphores du "rayon noir" et du "rayon blanc", ces deux faces de la mystique.
Les paysages de Van Gogh - cyprès, "Nuits étoilées", "vignes rouges" et champs de blés, meules roussies, soleils couchants orgiaques, moissons dorées - tout cela participe de la sublimation de nature alchimique (tout transformer en or) qui hante celui qui se présente comme un "ouvrier du Christ", un "moissonneur…
La métaphore (toute métaphore - Antonin Artaud nous l'a rappelé - est toujours beaucoup plus qu'une "métaphore" ; elle entame la réalité) est, chez van Gogh, délibérément monétaire, liée à la richesse picturale (or, argent, cuivre, bronze, etc.) qu'engrange son travail. Dieu est conçu comme de l'or pur ; ses dons et récompenses s'apparentent à la "céleste monnaie" qu'évoque Bossuet. - Il s'agit donc bien d'une forme de "mystique monétaire".
C'est cela que nous montrons dans notre ouvrage - qui avait fait l'objet de conférences, en 2010, au Musée d'Orsay. Cette interprétation picturale (car c'est bien de peinture qu'il est question et d'art) peut surprendre, provoquer quelque résistance. Elle n'en reste pas moins de l'ordre de l'évidence.
L'analyse des écrits et lettres de Van Gogh, l'interprétation aussi qu'Antonin Artaud fournira de l'œuvre du peintre d'Arles dans son son Van Gogh le suicidé de la société, en témoignent. Les tourbillons de la Nuit étoilée (1889) entraînent le petit train de Vincent van Gogh bien au delà des étoiles.
"Tout l'or de Van Gogh"
Fagus, une lecture
Conférences au Musée d'Orsay
Le Livre. Table des matières