Yves Saint Laurent (1936-2008). - Une vie faite de poésie, de lumière, du froissement des étoffes, de la ligne et découpe de vêtements audacieux, élégants. Mats ou scintillants. Noirs ou colorés. Unis, fleuris ou tachetés. Lourds et opaques ou faits de transparences.
Retracer ainsi une vie et une œuvre en IMAGES et MATÉRIAUX, seul un livre peut le faire. Surtout quand ce livre s'adjoint toute une série d'enveloppes et de pochettes surprises. Photographies, dessins, fac-similés de lettres, documents ou polaroïds. Papiers découpés aussi comme ces "paper dolls" (ou poupées de papier) que le jeune couturier fabrique en 1953. Un défilé de collection comme un petit théâtre. Une poupée quasiment nue ; des vêtements divers permettant de l'habiller. Yves Saint-Laurent retrouve ici ces fameuse planches à découper de l'enfance qui permettaient à tout un chacun de diversifier l'habillement d'un bonhomme ou d'une poupée.
Cette mode est cosmopolite. Elle emprunte aux différentes cultures, s'enrichissant - à chaque fois - de nouvelles textures, de coloris raffinés. Les sonorités russes et soyeuses des taffetas et broderies de l'automne-hiver 1976 (Collection "OPERA-BALLETS RUSSES") s'accompagnent de toutes sortes de "falbalas" - des franges, des glands, des pompons. Les blouses chamarrées se portants sur d'amples jupes à volants. Les brocarts, satins et pannes de velours se doublent et redoublent de fourrures (castor, vison, renard, zibeline).
L'Inde, l'Espagne et la Chine ne sont pas en reste. Cette dernière nous vaut des vestes de soie amples et très épaulées, surmontées de "chapeaux chinois" pointus. L'hiver 1977 décline une mode "flamenco" en rouge et noir ; les femmes y sont brunes et fardées ; les décolletés plongeants, corsetés et lacés. Volants, dentelles, éventails (pliés ou dépliés), roses rouges et talons noirs complètent le style.
L'Afrique, quant à elle, se décline de manière animalière et totémique. Raphias. Peaux. Plumes. Tissage, tressage et hybridation des matières ont fasciné le couturier. Tout autant que l'élongation des silhouettes et les coiffures qui s'envolent comme autant d'oiseaux ou de sculptures hiératiques.
La poésie et la peinture sont un des autres territoires de prédilection d'Yves Saint-Laurent. Le vêtement se fait œuvre d'art, comme dans la fameuse collection d'"Hommage à Mondrian" (1965) qui ouvre le bal des influences. Les aplats géométriques de couleurs vives alternent avec des plages blanches et de très rigoureuses lignes noires. La peinture abstraite s'anime et descend dans la rue… Le pop art marque la Collection automne-hiver 1966. Tout particulièrement les figurines roses et stylisées de Tom Wesselmann, dont le couturier s'inspire, rehaussant de franche féminité de strictes robes noires - longues ou courtes. Les hommages à Cocteau, Aragon ou Braque se déclineront ensuite en lettres et broderies sur des vestes ou des justaucorps de soie - roses, noirs, violets (1980).
Tout cela, dans le livre, est palpable. Manipulable. Les enveloppes colorées et pochettes de papier calque qui ponctuent les pages déplient et déploient d'autres scènes, d'autres saveurs, des arrière-plans et des compléments d'information. Tout cela est "jouable", léger. Une vie donc comme un recueil de "pochettes-surprises".
*"All about Yves". - Ce titre constitue comme un écho au célèbre film de Mankiewicz, "All about Eve" (1950), avec Bette Davis et Anne Baxter (dans le rôle d'Eve). La prononciation est la même dans les deux cas. A la sortie, en 2014, du film de Bertrand Bonello, Saint-Laurent, Gérard Lefort fit un article portant ce titre ("Saint Laurent All about Yves", Libération, 23 septembre 2014).
"Paper dolls". Figurines et vêtements découpés
par Saint-Laurent, 1953-54.
© Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent, 2016.
Retracer ainsi une vie et une œuvre en IMAGES et MATÉRIAUX, seul un livre peut le faire. Surtout quand ce livre s'adjoint toute une série d'enveloppes et de pochettes surprises. Photographies, dessins, fac-similés de lettres, documents ou polaroïds. Papiers découpés aussi comme ces "paper dolls" (ou poupées de papier) que le jeune couturier fabrique en 1953. Un défilé de collection comme un petit théâtre. Une poupée quasiment nue ; des vêtements divers permettant de l'habiller. Yves Saint-Laurent retrouve ici ces fameuse planches à découper de l'enfance qui permettaient à tout un chacun de diversifier l'habillement d'un bonhomme ou d'une poupée.
Cette mode est cosmopolite. Elle emprunte aux différentes cultures, s'enrichissant - à chaque fois - de nouvelles textures, de coloris raffinés. Les sonorités russes et soyeuses des taffetas et broderies de l'automne-hiver 1976 (Collection "OPERA-BALLETS RUSSES") s'accompagnent de toutes sortes de "falbalas" - des franges, des glands, des pompons. Les blouses chamarrées se portants sur d'amples jupes à volants. Les brocarts, satins et pannes de velours se doublent et redoublent de fourrures (castor, vison, renard, zibeline).
L'Inde, l'Espagne et la Chine ne sont pas en reste. Cette dernière nous vaut des vestes de soie amples et très épaulées, surmontées de "chapeaux chinois" pointus. L'hiver 1977 décline une mode "flamenco" en rouge et noir ; les femmes y sont brunes et fardées ; les décolletés plongeants, corsetés et lacés. Volants, dentelles, éventails (pliés ou dépliés), roses rouges et talons noirs complètent le style.
L'Afrique, quant à elle, se décline de manière animalière et totémique. Raphias. Peaux. Plumes. Tissage, tressage et hybridation des matières ont fasciné le couturier. Tout autant que l'élongation des silhouettes et les coiffures qui s'envolent comme autant d'oiseaux ou de sculptures hiératiques.
La poésie et la peinture sont un des autres territoires de prédilection d'Yves Saint-Laurent. Le vêtement se fait œuvre d'art, comme dans la fameuse collection d'"Hommage à Mondrian" (1965) qui ouvre le bal des influences. Les aplats géométriques de couleurs vives alternent avec des plages blanches et de très rigoureuses lignes noires. La peinture abstraite s'anime et descend dans la rue… Le pop art marque la Collection automne-hiver 1966. Tout particulièrement les figurines roses et stylisées de Tom Wesselmann, dont le couturier s'inspire, rehaussant de franche féminité de strictes robes noires - longues ou courtes. Les hommages à Cocteau, Aragon ou Braque se déclineront ensuite en lettres et broderies sur des vestes ou des justaucorps de soie - roses, noirs, violets (1980).
Tout cela, dans le livre, est palpable. Manipulable. Les enveloppes colorées et pochettes de papier calque qui ponctuent les pages déplient et déploient d'autres scènes, d'autres saveurs, des arrière-plans et des compléments d'information. Tout cela est "jouable", léger. Une vie donc comme un recueil de "pochettes-surprises".
*"All about Yves". - Ce titre constitue comme un écho au célèbre film de Mankiewicz, "All about Eve" (1950), avec Bette Davis et Anne Baxter (dans le rôle d'Eve). La prononciation est la même dans les deux cas. A la sortie, en 2014, du film de Bertrand Bonello, Saint-Laurent, Gérard Lefort fit un article portant ce titre ("Saint Laurent All about Yves", Libération, 23 septembre 2014).
par Saint-Laurent, 1953-54.
© Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent, 2016.