vendredi 31 mai 2013

ACTUALITÉ DE JEAN-JOSEPH GOUX. LE TRESOR PERDU DE LA FINANCE FOLLE.


« C'est au cœur du contrat social, ou du lien social (entendu comme contrat implicite), que nous conduit l'existence de la monnaie. » (J.J. Goux, Le Trésor perdu…, Blusson, 2013)

Philosophe, ayant longtemps enseigné aux Etats-Unis, notamment à l'Université de Rice (Houston), Jean-Joseph Goux travaille depuis de très nombreuses années à la frontière de diverses disciplines : économie, psychanalyse, esthétique et anthropologie. Dès l'époque du mouvement Tel Quel, auquel il a appartenu à la fin des années 1960, il pose les jalons d'une pensée originale qui n'a pas fini de dérouler la pertinence de ses vues.

Tout se passe effectivement comme si l'ampleur et la durée d'une crise financière, devenue endémique et mondiale, démontraient la justesse de ses réflexions. L'homo economicus est bel et bien devenu une figure centrale. Le pouvoir est aujourd'hui aux mains de la « finance ». Intellectuels et politiques courent désormais derrière, ne parvenant ni à imposer d'autres points de vue ou directives d'action, ni à véritablement démêler les causes profondes d'une situation où le monde s'abîme de jour en jour.

C'est là que notre philosophe intervient, en démêlant les causes profondes (et non strictement « économiques », mais également philosophiques et anthropologiques) de la question. L'homme est à la recherche du plaisir, de la satisfaction, d'un équilibre entre ses besoins et ce que lui offre la société. Les échanges ont toujours favorisé l'ensemble de ces besoins. Ceux-ci ont longtemps fonctionné autour d'une monnaie étalonnée et fiable dont le garant était l'or.

Tout s'est affolé le jour où (en 1971) le président Nixon a décidé de désindexer le dollar de l'étalon or. Les conséquences de cet acte, sur lequel on n'a pas fini de s'interroger, furent incalculables. Le cours des monnaies est devenu fluctuant et l'économie peu à peu ingouvernable. On entre dans cette flottaison des valeurs que Jean Baudrillard repérera lui aussi au niveau des signes.

Car la monnaie est bien un langage, une manière pour les individus et les sociétés d'échanger plus que des biens, mais aussi du sens, des signes et des valeurs. C'est ce monde-là qui – peu à peu — s'est emballé et affolé. Au point que l'on peut très réellement se demander aujourd'hui vers quel abîme se dirige le monde.

Le dernier ouvrage de Jean-Joseph Goux, Le Trésor perdu de la finance folle, est riche et complexe, à l'image de l'ensemble de son œuvre. La grande culture qui imprègne ses propos lui fait traverser les mondes de l'art, de la finance, de la mode, de la littérature, de l'architecture, de l'économie, etc. Il nous emmène de Condillac, Voltaire, Mme du Châtelet et Jean-Jacques Rousseau (qui déjà réfléchissent à la question du plaisir, du luxe et de la valeur des choses) à Freud, Karl Marx et Baudrillard.

En sillonnant, bien sûr, les œuvres de ces économistes (Adam Smith, Bentham, Ricardo, Pareto, Keynes, etc.) qui, depuis le XVIIIe siècle, s'emploient à décrypter les ressorts de ce que l'on dénomme l'économie.

« La valeur de la monnaie repose sur une fiction », écrivait Milton Friedman. — Le monde aussi (celui des banquiers, des traders et de la haute finance, d'une monnaie européenne acéphale et paradoxale, etc.) s'apparente de plus en plus à une fiction… inquiétante.

Article site 20minutes.fr

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1 commentaire:

fdemeredieu a dit…
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