lundi 18 octobre 2010

LA "BABEL-NOÉ" D'YVES GENDREAU. UNE OEUVRE EN CHANTIER PERMANENT.

"Babel-Noé", Yves Gendreau. Photographie ©FDM, 2010.

Amateur d'échafaudages, filins, structures tubulaires et matériel de chantier en tout genre, Yves Gendreau travaille au Québec. De la belle province il a conservé une mentalité de pionnier. Construire, assembler. Déconstruire et refaire. En sachant bien que tout chantier est aussitôt suivi d'autres chantiers en devenir...

D'où le rêve un peu fou d'une sorte de gigantesque lego. De sculptures montées à partir d'éléments tubulaires recyclables à l'infini dans d'autres installations et d'autres assemblages.

Partant du constat selon lequel l'industrie et les grandes compagnies envahissent le paysage, urbain, rural et social, de poteaux, de câbles et d'oléoducs, Yves Gendreau décide de réinvestir les lieux à sa façon.

Le Grand Oeuvre d'Yves Gendreau, si bien moulé au coeur de l'univers instable qui est le nôtre, culmine dans le projet pharaonique de ce chantier (imaginaire) qui devait s'étendre sur 1,378,53 kilomètres, entre Hull au Québec et Moncton au Nouveau Brunswick (Canada).

Les villes traversées auraient été reliées entre elles par de fines structures de bois. Une traversée du fleuve Saint-Laurent par un des ponts de la ville de Québec était prévue. Eclairé la nuit, ce chantier en expansion et reconstruction permanente aurait posé des questions d'ingénierie et de résistance des matériaux assez complexes.

Le 8 octobre 1995, le fantôme de l'oeuvre imaginaire quitte fictivement la Galerie Axe Néo 7.

Conçu dans le cadre du 3e Impérial (groupe d'artistes autogérés dont le siège est à Granby, à une centaine de kilomètres de Montréal), ce projet fit l'objet de la part de son auteur de méticuleuses supputations sur les demandes et interventions possibles des communes ou entreprises privées mises à contribution pour le financement de l'oeuvre projetée.

Yves Gendreau est aussi l'auteur d'installations permanentes (comme cet ensemble de lignes colorées échafaudé près de la station de métro La Concorde à Laval, en 2007). Et de sculptures, échappées du recyclage permanent de ses structures de chantier. Comme cette « Babel-Noé », structure de bois qui danse et craque dès qu'on entreprend de la bercer. L'Arche de Noé et la Tour de Babel se rejoignent dans ce fantasme de vieux rafiot, de voyage interminable et de périple impossible.

Et voguent les lignes de force de la structure.
Et que dansent et se balancent en crissant les pans de bois affûtés.

3e Impérial - ALICA

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