Intense découverte des pastels d'Odilon Redon. - Intense, parce qu'aucune reproduction ne peut donner la sensation gustative que procure la rencontre physique de ces pastels. Il faut avoir vu, palpé, goûté, apprécié in vivo la fraîcheur de cette matière qui vous fond littéralement dans la bouche. Comme le ferait un délicat sorbet.
On mesure ici la "modernité" de ce peintre demeuré pour l'essentiel méconnu et auquel le XIX siècle opposa quelque résistance. L'Occident n'était sans doute pas préparé à la vivacité de ces coloris et ces pigments que l'on retrouve à l'état pur (les liants et adjuvants utilisés n'assourdissant pas la tonalité du produit tinctorial) dans la fabrication de cette matière grumeleuse et sensuelle, cette matière qui s'écrase et s'effrite : le PASTEL.
Le symbolisme et la réalité orientale de la couleur s'affichent clairement. Bien des œuvres d'Odilon Redon feront référence au Bouddha (sinon au bouddhisme). On pourrait aussi songer aux origines créoles du peintre. Les arts populaires, le folklore, la fascination pour les civilisations orientales (indiennes, balinaises, japonaises : les fameux "crépons" si prisés par Van Gogh au XIXe siècle) allaient entraîner la peinture européenne dans les aventures de la couleur. Matisse, les Fauves et tant d'autres suivront. Le "Peintre du rêve" occupe une place de choix au sein de ce courant.
Dans les pastels de Redon - Ophelia (1905), Portrait de Gauguin (1903-1905), Jeune fille au bonnet bleu (non daté), etc. - la couleur est libre, humide et poreuse, aquatique… Débarrassée de ces vernis, ces huiles, ces ajouts qui assombrissaient si souvent la peinture européenne officielle du XIXe siècle, érodant son éclat, jugulant sa puissance.
Le peintre joue désormais de ces coloris à la façon d'un musicien, orchestrant des subtilités, avivant des contraires, usant des couleurs comme il le ferait de fleurs vivantes, qui déverseraient sur la toile leurs pleine cargaison de pollens. On comprend que Gauguin se soit attaché au peintre. Et que celui-ci lui ait rendu l'hommage posthume d'un somptueux portrait.
Il faut ensuite attendre Yves Klein (à la toute fin des années 1950) pour que l'exposition (à la galerie Iris Clert) d'un plein bac de pigment (le fameux bleu IKB) nous permette de retrouver semblables sensations.
Des "pastels" d'Odilon Redon (technique qu'Edgar Degas pratiqua également de manière souveraine, mais plus "discrète", au XIXe siècle) au pigment brut de Klein, s'esquisse tout un pan de la précieuse histoire des pigments.
Exposition Odilon Redon.
Pastel.
On mesure ici la "modernité" de ce peintre demeuré pour l'essentiel méconnu et auquel le XIX siècle opposa quelque résistance. L'Occident n'était sans doute pas préparé à la vivacité de ces coloris et ces pigments que l'on retrouve à l'état pur (les liants et adjuvants utilisés n'assourdissant pas la tonalité du produit tinctorial) dans la fabrication de cette matière grumeleuse et sensuelle, cette matière qui s'écrase et s'effrite : le PASTEL.
Le symbolisme et la réalité orientale de la couleur s'affichent clairement. Bien des œuvres d'Odilon Redon feront référence au Bouddha (sinon au bouddhisme). On pourrait aussi songer aux origines créoles du peintre. Les arts populaires, le folklore, la fascination pour les civilisations orientales (indiennes, balinaises, japonaises : les fameux "crépons" si prisés par Van Gogh au XIXe siècle) allaient entraîner la peinture européenne dans les aventures de la couleur. Matisse, les Fauves et tant d'autres suivront. Le "Peintre du rêve" occupe une place de choix au sein de ce courant.
Dans les pastels de Redon - Ophelia (1905), Portrait de Gauguin (1903-1905), Jeune fille au bonnet bleu (non daté), etc. - la couleur est libre, humide et poreuse, aquatique… Débarrassée de ces vernis, ces huiles, ces ajouts qui assombrissaient si souvent la peinture européenne officielle du XIXe siècle, érodant son éclat, jugulant sa puissance.
Le peintre joue désormais de ces coloris à la façon d'un musicien, orchestrant des subtilités, avivant des contraires, usant des couleurs comme il le ferait de fleurs vivantes, qui déverseraient sur la toile leurs pleine cargaison de pollens. On comprend que Gauguin se soit attaché au peintre. Et que celui-ci lui ait rendu l'hommage posthume d'un somptueux portrait.
Il faut ensuite attendre Yves Klein (à la toute fin des années 1950) pour que l'exposition (à la galerie Iris Clert) d'un plein bac de pigment (le fameux bleu IKB) nous permette de retrouver semblables sensations.
Des "pastels" d'Odilon Redon (technique qu'Edgar Degas pratiqua également de manière souveraine, mais plus "discrète", au XIXe siècle) au pigment brut de Klein, s'esquisse tout un pan de la précieuse histoire des pigments.
Exposition Odilon Redon.
Pastel.
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