jeudi 1 décembre 2011

WILLIAM FORSYTHE. ARTIFACT : UNE MÉCANIQUE PERTURBÉE.

Artifact (1984). Chaillot, 2011.

Composé et monté en 1984 par le Ballet de Francfort, Artifact est une de ces pièces canoniques que l'on a grand plaisir à voir remontées et interprétées à nouveau. L'art éphémère de la danse y gagne de la sorte une pérennité.

La pièce de Forsythe a fait date. Elle nous revient magistralement réincarnée sous les auspices du Ballet Royal de Flandre et sous la houlette de Kathryn Bennetts.

William Forsythe y porte la danse classique à son sommet et son paroxysme. La parfaite mécanique y devient stridente, acérée, comique. On est ainsi aux limites constantes de l'implosion.

La virtuosité est le maître-mot d'un tel spectacle. Qui demeurerait purement technique s'il n'était en permanence perturbé par un certain nombre de paramètres extérieurs à la gestuelle chorégraphique. - Musique, paroles, mise en scène entament la froide perfection de la machinerie corporelle.

L'utilisation de la musique - résolument "moderne" - et surtout l'emploi de paroles, humoristiques, poétiques ou sarcastiques, théâtralisent et décalent le spectacle. Les glissandos et pas de deux changent d'un coup d'univers.

La mise en scène enfin, d'une simple efficacité, joue sur des effets de lumière structurants, architecturaux. L'emploi de praticables légers et très mobiles campe une atmosphère à l'aide de quelques lignes noires ou d'une seule spirale sur fond blanc.

Le ballet classique fut, par Forsythe, revisité et redistribué à l'aune du vocabulaire plastique des arts contemporains du début des années 1980. Il demeure aujourd'hui comme un grand moment de modernité.

- En hommage aux ombres chinoises des danseurs d'Artifact, voici une photographie des alentours du Palais de Chaillot et de l'Esplanade du Trocadéro, prise après le spectacle. On y retrouvera une gestuelle similaire, celle d'un corps, souple et délinéé, sculpté en ombres chinoises sur un fond lumineux.

Esplanade du Trocadéro ©FDM, 2011.

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