Quittant la belle exposition consacrée à une rétrospective de l’œuvre du peintre allemand Gerhard Richter (né à Dresde en 1932 et qui termina sa formation de peintre au début des années 1960 à l’école des Beaux-Arts de Dusseldorf), je suis tombée sur ce panneau indicatif : « Sortie de secours ». Curieusement associé à l’un des tableaux les plus « nets » (et peut-être les plus troublants) d’une exposition dans laquelle le principe du « flou » apparaît comme fondateur (Betty, 1988). Le personnage se retourne : regarde-t-il le tableau gris (peint dans le tableau) ou le paysage d'aujourd'hui, ici en arrière-plan ? Cette vue de Paris qui s’étend à l'arrière du présent panneau ?
Ce panneau m’a plongée dans des abîmes de perplexité. Qu’en est-il effectivement des relations entre peinture et photographie ? Que donnent-elles à voir. J’en suis arrivée à la conclusion qu’il n’y a pas de « sortie de secours » possible pour la vision. Notre perception du monde est toujours délibérément coincée entre les deux pôles du flou et de la netteté. Entre peinture et photographie. Mais sans que l’on sache lequel des deux médiums entretient le plus d’affinités avec l’un ou l’autre de ces deux pôles.
Car la photographie, si elle repose (de par la fonctionnalité de sa technique et de ses « objectifs ») sur un principe de « mise au point » et de volonté souvent affichée de netteté maximum, sait cependant à merveille épingler le flou. – La peinture de son côté entend fréquemment cultiver la sensualité et le tremblé de la touche ; elle n’en vise pas moins (historiquement parlant et sans doute depuis ses origines) une forme de « réalisme » qui trouvera son point culminant dans cet hyperréalisme des années 1960-1970 avec lequel Gerhard Richter entretient tant d’affinités.
Chacun des visiteurs de l’exposition se doit ainsi d’ajuster (et d’inventer) sa propre focale. J’ai, quant à moi et tout au long du parcours, fait varier mon propre principe de « mise au point » en me nourrissant des propositions et injonctions de Gerhard Richter. J’ai ainsi navigué (en me jouant de différents effets d’ajustements visuels) au cœur des toiles les plus nettes et les plus précises pour me perdre ensuite dans les reflets mouvementés des miroirs et parois de verre ponctuant le parcours. Inversant les systèmes, voyant de la netteté dans le flou et une incroyable indécision parfois au cœur du « sharp focus » le plus rigoureux.
J’ai pris grand plaisir à cette Installation in situ, avec ces « paysages », débouchés et prolongements possibles des œuvres se reflétant au cœur du panorama offert par les grandes baies vitrées du Centre Pompidou.
Une exposition [de peinture] se vit et se perçoit de mille et une façons singulières. Celle-ci, peut-être, plus qu’une autre.
Gerhard Richter. Panorama. Centre Georges Pompidou (6 juin – 26 septembre 2012).
Ce panneau m’a plongée dans des abîmes de perplexité. Qu’en est-il effectivement des relations entre peinture et photographie ? Que donnent-elles à voir. J’en suis arrivée à la conclusion qu’il n’y a pas de « sortie de secours » possible pour la vision. Notre perception du monde est toujours délibérément coincée entre les deux pôles du flou et de la netteté. Entre peinture et photographie. Mais sans que l’on sache lequel des deux médiums entretient le plus d’affinités avec l’un ou l’autre de ces deux pôles.
Car la photographie, si elle repose (de par la fonctionnalité de sa technique et de ses « objectifs ») sur un principe de « mise au point » et de volonté souvent affichée de netteté maximum, sait cependant à merveille épingler le flou. – La peinture de son côté entend fréquemment cultiver la sensualité et le tremblé de la touche ; elle n’en vise pas moins (historiquement parlant et sans doute depuis ses origines) une forme de « réalisme » qui trouvera son point culminant dans cet hyperréalisme des années 1960-1970 avec lequel Gerhard Richter entretient tant d’affinités.
Chacun des visiteurs de l’exposition se doit ainsi d’ajuster (et d’inventer) sa propre focale. J’ai, quant à moi et tout au long du parcours, fait varier mon propre principe de « mise au point » en me nourrissant des propositions et injonctions de Gerhard Richter. J’ai ainsi navigué (en me jouant de différents effets d’ajustements visuels) au cœur des toiles les plus nettes et les plus précises pour me perdre ensuite dans les reflets mouvementés des miroirs et parois de verre ponctuant le parcours. Inversant les systèmes, voyant de la netteté dans le flou et une incroyable indécision parfois au cœur du « sharp focus » le plus rigoureux.
J’ai pris grand plaisir à cette Installation in situ, avec ces « paysages », débouchés et prolongements possibles des œuvres se reflétant au cœur du panorama offert par les grandes baies vitrées du Centre Pompidou.
Une exposition [de peinture] se vit et se perçoit de mille et une façons singulières. Celle-ci, peut-être, plus qu’une autre.
Gerhard Richter. Panorama. Centre Georges Pompidou (6 juin – 26 septembre 2012).
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