titre de l’exposition Gutai qui eut lieu en juillet 1955
à Ashiya, dans la province japonaise du Kansai.
« On pourrait s’interroger (…) sur le lien que l’on pourrait déceler, dans les 15 ans qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, entre la situation des « pays de la défaite » (Japon, Allemagne, Italie) et certaines ruptures artistiques : Gutai au Japon, Joseph Beuys et Fluxus en Allemagne, Alberto Burri, Fontana et, plus tard, l’arte povera en Italie, auxquels on pourrait ajouter le fort courant matiériste qui va se développer en Espagne autour d’artistes comme Tapiès, Millares, etc. Ces ruptures étant toutes axées sur la double prééminence de l’informel et de la matérialité, valeurs elles-mêmes inséparables d’une redécouverte du corps, d’un appel à la gestualité ainsi qu’à un ensemble de références instinctuelles. (…)
Rappelons, par ailleurs, qu’en France c’est en 1945, et donc dans l’immédiat après-guerre qu’eurent lieu les deux grandes expositions qui inauguraient la prééminence de l’informel sur la scène française de l’après-guerre, Les Otages de Fautrier, Les Hautes Pâtes de Dubuffet. (…)
Tout se passe alors comme si la guerre, la catastrophe atomique, la découverte des camps de concentration avaient provoqué un fort trauma. État de stupeur, état limite d’où l’on ne sort qu’en faisant appel à des forces, des puissances et un dynamisme instinctifs. À situation extrême, réponse radicale : informelle et matiériste. Qui conduit à passer outre à l’idéologie [à un certain sens idéologique] en faisant appel à des valeurs puisées au sein même du chaos, de l’instinct. »
(Extraits d’une conférence « Gutai et l’immédiat après-guerre », prononcée en 1999 au Musée du Jeu de Paume, lors de l’exposition consacrée à ce mouvement d’avant-garde japonais. Extrait du texte publié en 2002 dans Gutai, Moments de destruction/Moments de beauté, Blusson.)
Livre Gutai
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