Décembre 2014. Ph ©FDM.
"INOXYDABLE : adjectif et nom masculin.
* Se dit d'un métal ou d'un alliage remarquable par sa résistance à l'oxydation. (Les alliages inoxydables, surtout employés dans les industries chimique, aéronautique, navale et en coutellerie, sont constitués de 13 à 18% de chrome, éventuellement additionné de nickel.)
* Que rien ne peut altérer; qui est immuable : Une réputation inoxydable."
(Dictionnaire Larousse)
Brillance. Miroirs. Reflets. - Prolongeant l'aventure du pop art américain des années 1960-1980, Jeff Koons impose aujourd'hui sa marque esthétique et financière sur toute une part du monde de l'art - monde des collectionneurs, des galeristes, des maisons de vente et des musées qui (désormais) prennent le relais du business de l'art.
Tout brille et reluit dans ce monde qui - contre vents et marées et sous la forme d'un DENI de réalité (TOUT VA-T-IL SI BIEN EN CE MONDE ? Mais le déni de réalité n'a-t-il pas toujours été une des facettes irréductibles du monde de l'art ?) - travaille dans le clinquant, le kitch et le ludique.
"ENJOY" : le monde est une BD nous dit en souriant l'auteur du Balloon Dog. Cet univers est clean et chromé. Inoxydable et paré contre toute forme de corruption. La critique elle-même (cette fameuse critique d'ART qui ne cesse de courir après ses propres fantasmes et fantômes) alimente et nourrit la légende.
Haine et crachats de la critique : tout glisse sur les surfaces chromées. Les parois luisantes absorbent votre silhouette (et vos discours) à la façon d'un miroir. Votre image y est certes rapetissée, déformée, un brin rabougrie. Mais votre reflet aura eu l'inestimable impression d'appartenir quelques instants à l'œuvre pharaonique la plus chère du moment…
Trompe-l'œil, direz-vous. Attrape-nigauds et fariboles. - Le trompe-l'œil (et les fameux raisins de Zeuxis) sont, rappelons-le, à la source et origine de l'art occidental. Tout s'y est joué dans l'apparence et l'illusion.
ACIER. CHROME. NICKEL. - Les matériaux de Koons sont là pour nous rappeler la persistance de la facticité de l'illusion artistique. Ces œuvres, dont on a le sentiment qu'elles sont (comme les ballons de nos enfances) gonflables et donc perçables et en puissance de détumescence, sont de fait lourdes et en acier bien solide. Polies. Nickelées. - Et donc : immuables. Inamovibles. - Le ballon ne s'envolera pas.
QUID, maintenant, de l'essence de l'art ? On se trouve au cœur d'une des contradictions (et apories) de l'art contemporain : celle de la VALEUR de l'œuvre. ÉSTHETIQUE et/ou FINANCIÈRE. Affaire de goût ou de finances, de plaisir ou de pouvoir. - La question (qui n'est pas neuve) n'est, bien sûr, pas tranchée. Elle se trouve juste POSÉE. Et comme EXACERBÉE.
Histoire matérielle et immatérielle, édition de 2008.
* Se dit d'un métal ou d'un alliage remarquable par sa résistance à l'oxydation. (Les alliages inoxydables, surtout employés dans les industries chimique, aéronautique, navale et en coutellerie, sont constitués de 13 à 18% de chrome, éventuellement additionné de nickel.)
* Que rien ne peut altérer; qui est immuable : Une réputation inoxydable."
(Dictionnaire Larousse)
Brillance. Miroirs. Reflets. - Prolongeant l'aventure du pop art américain des années 1960-1980, Jeff Koons impose aujourd'hui sa marque esthétique et financière sur toute une part du monde de l'art - monde des collectionneurs, des galeristes, des maisons de vente et des musées qui (désormais) prennent le relais du business de l'art.
Tout brille et reluit dans ce monde qui - contre vents et marées et sous la forme d'un DENI de réalité (TOUT VA-T-IL SI BIEN EN CE MONDE ? Mais le déni de réalité n'a-t-il pas toujours été une des facettes irréductibles du monde de l'art ?) - travaille dans le clinquant, le kitch et le ludique.
"ENJOY" : le monde est une BD nous dit en souriant l'auteur du Balloon Dog. Cet univers est clean et chromé. Inoxydable et paré contre toute forme de corruption. La critique elle-même (cette fameuse critique d'ART qui ne cesse de courir après ses propres fantasmes et fantômes) alimente et nourrit la légende.
Haine et crachats de la critique : tout glisse sur les surfaces chromées. Les parois luisantes absorbent votre silhouette (et vos discours) à la façon d'un miroir. Votre image y est certes rapetissée, déformée, un brin rabougrie. Mais votre reflet aura eu l'inestimable impression d'appartenir quelques instants à l'œuvre pharaonique la plus chère du moment…
Trompe-l'œil, direz-vous. Attrape-nigauds et fariboles. - Le trompe-l'œil (et les fameux raisins de Zeuxis) sont, rappelons-le, à la source et origine de l'art occidental. Tout s'y est joué dans l'apparence et l'illusion.
ACIER. CHROME. NICKEL. - Les matériaux de Koons sont là pour nous rappeler la persistance de la facticité de l'illusion artistique. Ces œuvres, dont on a le sentiment qu'elles sont (comme les ballons de nos enfances) gonflables et donc perçables et en puissance de détumescence, sont de fait lourdes et en acier bien solide. Polies. Nickelées. - Et donc : immuables. Inamovibles. - Le ballon ne s'envolera pas.
QUID, maintenant, de l'essence de l'art ? On se trouve au cœur d'une des contradictions (et apories) de l'art contemporain : celle de la VALEUR de l'œuvre. ÉSTHETIQUE et/ou FINANCIÈRE. Affaire de goût ou de finances, de plaisir ou de pouvoir. - La question (qui n'est pas neuve) n'est, bien sûr, pas tranchée. Elle se trouve juste POSÉE. Et comme EXACERBÉE.