1989.Maquette. Photo ©FDM 2018
Centre Pompidou, Paris.
Du 11 octobre au 31 décembre 2018
Tadao Ando est sans doute le plus parfait représentant de l’architecture japonaise en béton. La simplicité de ce matériau, son caractère brut lui permettent d’ancrer ses bâtiments dans une multiplicité d’espaces différents. Le volume de béton circonscrit ainsi un dehors et un dedans qui délimitent autant d’univers spécifiques.
Bien des œuvres d’Ando s’articulent autour de cette enveloppe ou ce mur (droit ou circulaire, angulaire ou régulier) qui isolent l’architecture interne - d’une maison, d’un musée ou d’une église - de l’espace qui les entoure ou bien (comme dans la re-construction de la Bourse du Commerce de Paris, en cours d’achèvement) d’une coque qui sépare et différencie les espaces et les fonctionnalités d’un même monument déjà existant. Le vide interne y acquiert de la sorte une singulière autonomie, fermé et claquemuré qu’il est souvent, à l’instar d’un blockhaus. La lumière seule y passe encore… Et le visiteur à sa suite…
Œuf, cercle, triangle ou ovoïde, le vide ainsi dessiné devient palpable. Les heures et les saisons y impriment leur marque striée, ondulatoire. - Ando apprécie particulièrement les angles, ces figures disruptives qui viennent rompre la symétrie ordinaire du monument. L’Église de la lumière (Osaka, 1989) en est un parfait exemple : l’espace y est comme tranché à vif, le regard déstabilisé et le corps même s’y perçoit comme arrimé de guingois.
L’abondance, dans l’exposition, de maquettes, entourées de photographies souvent prises par l’architecte lui-même, permet de se couler au plus près de l’ancrage du bâtiment dans le site d’où il surgit. Les pliures et plis du terrain, l’infrastructure géologique sur laquelle repose la construction, révèlent fréquemment une sorte d’osmose entre les lignes de force du monument et ces autres lignes de force du paysage ambiant.
C’est sans doute un des éléments qui conduisirent Ando à enterrer son Bouddha géant au sein d’un tumulus de verdure d’où n’émerge que le sommet de la tête de la gigantesque sculpture (La Colline du Bouddha, Sapporo, 2012-2015). - Le visiteur n’a plus qu’à pénétrer au sein du tumulus ; il y fait alors la singulière expérience d’une proximité avec cette figure sacrée que l’on ne perçoit ordinairement qu’à distance et en contreplongée.
Dans l’espace urbain, les premières maisons dessinées par Ando y furent inversement des sortes de maison-blockhaus - isolées de leur contexte (Maison Azuma, Sumiyoshi, 1976). Délibérément enveloppées dans leur carapace de béton. Fermées au contact extérieur et ouvertes sur un seul patio. La maison y retrouvait sa fonction première de défense, de seconde peau, d’armure et de protection.
Ces espaces clos, ces circonvolutions, ces lieux quadrangulaires sont plus ou moins pénétrés, hachés, découpés par une lumière qui se fait tantôt rare, tantôt prolixe. La richesse déployée par le jeu des ombres, les raies de lumière, les amples faisceaux d’une lumière zénithale qui baigne en continu certaines surfaces y est d’une grande subtilité.
BÉTON et LUMIÈRE : tels sont ainsi les deux maîtres mots de l’architecture selon Tadao Ando.
Tadao Ando au Centre Georges Pompidou
(Allemagne) 1996-2010. Maquette. Photo © FDM, 2018
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