Jardin des Tuileries. Photo ©FDM, 2023.
PARIS, GRAND PALAIS ÉPHÉMĖRE
Du 19 au 22 octobre 2023.
« Une cinquième saison » au Jardin des Tuileries.
Paris, en cette rentrée 2023, est extraordinairement gâté en expositions de qualité. 1001 dessins de Picasso au Centre Pompidou, une flamboyante exposition Rothko à la Fondation Vuitton, le dernier van Gogh au Musée d’Orsay,les Trésors du Musée de Capodimonte (Naples) au Louvre, une myriade de Galeries et de lieux investis par l’art.
Cosmopolite et résolument international, le monde de l’art se presse donc, cet automne, dans les Foires et les lieux multiples qui foisonnent en plein cœur et à la périphérie de Paris. Depuis des années, les Tuileries sont devenus, à proximité du Louvre, un foisonnant jardin de sculptures. La FIAC avait déjà investi les lieux. En 2017, j’avais reproduit, dans la réédition de mon ouvrage, Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne et contemporain (Larousse) une sculpture, transparente et ajourée, faite de ressorts métalliques d’Eric Baudart (Cubikron, 2016) au travers de laquelle se lisait le paysage de l’Allée centrale du Jardin des Tuileries. On mesure ainsi le chemin parcouru et par l’art et par la redécouverte en France de l’art des jardins.
Ordonnée, cette année, autour d’un projet de la curatrice Annabelle Ténèze, « La cinquième saison » (synthèse, entrelacs et tissage des œuvres de 26 artistes de tous pays) rejoint cette aventure paysagère, végétale, florale et minérale que représente le fameux jardin conçu par André Le Nôtre, Grand jardinier de Louis XIV.
Ce jardin, d’extrême élégance et magistralement dessiné, a toujours synthétisé et mêlé art, artifice et nature. Les buissons et les arbustes y sont taillés comme des sculptures. Allées, bosquets, bassins, escaliers et terrasses s’y répartissent de manière architecturale et symétrique autour d’une allée centrale - que prolonge la grande perspective s’étendant du Louvre aux Champs-Élysées et au-delà.
Depuis plusieurs années, les bosquets ont été réhabilités et « végétalisés » sur leur pourtour ». Une légion d’arbustes - soigneusement taillés et en instance de parfait ordonnancement - sont en train d’être plantés, qui souligneront et accompagneront magnifiquement la double courbe de l’entrée du Jardin donnant sur la place de la Concorde.
Photo ©FDM, 2023.
Tout est fait pour que s’exprime une mise en scène et théâtralisation du Jardin. Les sculptures ou installations de cette année - Paris+ Art Basel 2023 - sont plus que jamais PLANTÉES dans un sol d’où elles sortent et qui semble les enfanter. Comme ces énormes racines qui surgissent en plein cœur d’une pelouse entourée d’arbres (Henrique Oliveira, Desnatureza 5, 2022), et d’où il semble qu’elles pourraient provenir. Ou ces figures de Zanele Muholi (The Politics of Black, 2023) dont certaines se fondent dans le paysage ou sont littéralement plantées dans le sol, têtes et tronc émergeant seuls.
Ou encore, cet Arès (dieu de la guerre) de Vojtech Kovarix (2023), figure mythologique à la rotondité parfaite, sculpture de couleur sable qui se fond dans le sable d’où elle émerge - sable qui habille naturellement les allées des Tuileries, tout en fusionnant avec les coloris d’automne du paysage et constitue un écho aux nombreuses statues mythologiques qui peuplent l’espace des Tuileries.
Non loin de là, on trouvera l’arbre foudroyé en bronze de Giuseppe Penone (L’Arbre des voyelles, 1989), sculpture pérenne du Jardin qui entre ici en échos aux œuvres nouvellement nées (et éphémères dans leur présentation) de « La cinquième saison ". Les Jardiniers du Louvre et des Tuileries ont souhaité, cette année, associer les coloris de leurs massifs à ceux de certains tableaux de l’actuelle exposition sur le Musée Capodimonte de Naples - coloris d’huîtres, jaunes de certains dahlias en échos aux coings d’une Nature morte aux huîtres et aux coings de Giovanni Battista Recco (vers 1650), ainsi qu'aux contrastes lumineux des œuvres du Caravage ou de Ribera. Cette dernière entreprise fait écho à un travail complexe et similaire récemment mené par le personnel du Jardin des Plantes (de Paris), qui avaient réussi la gageure de transformer leurs massifs en des sortes de « peintures en devenir »,les coloris des plantes étant soigneusement choisis en fonction de thématiques, mais aussi en raison de leur évolution dans le temps.
Serenade, Serenade, Installation, 2023.
Jardin des Tuileries, Photo ©FDM 2023.
Les vagues, l’eau (Installation, de verre et de métal dans le bassin des exèdres de Joël Andrianomearisoa, Serenade, Serenade, 2023), les pigments (purs ou mêlés), les terres ocres et crues ou cuites, le bois, le bronze, la pierre et divers matériaux, nous les retrouvons Place de la Concorde (Urs Fischer, La Vague, 2018), mais aussi - à FORTE DOSE - dans les allées du Grand Palais éphémère, là où nous attendent l’art et la peinture dans leur quintessence et densité : les Picasso, Rothko, Soulages, Fontana, Tapiès, Dubuffet…, Tetsumi Kudo (et ses plantules déjantées), les sculptures à facettes d’Anthony Gormley, l’horloge « lunaire » et en mouvement de Niki de Saint-Phalle, Les « jambes de bois » monstrueuses de Baselitz si bien équarries, les « devinettes » de Barbara Kruger. — Tout cela nous aura, cette année encore, tant éblouis.
Cette Foire nous reviendra en 2024. Au Grand Palais, cette fois-ci qui fêtera sa réouverture. Et sous une forme qui suscite bien des rumeurs et toutes nos curiosités. - Longue Vie à Paris + Art Basel.
Jardin des Tuileries. Photo ©FDM, 2023.