Merci à vous, Thierry Savatier, pour votre pénétrante et perspicace lecture de L'Affaire Artaud et cet article sur votre blog. - Rien à ajouter au corps de votre texte. Les quelques réticences finales me sont, en revanche, fort utiles. Elles me permettront de lever (ou tenter de lever) quelques malentendus ou divergences d'interprétation.
Cet ouvrage, tout d'abord, n'a rien d'un "essai" ou d'un libre vagabondage intellectuel sur L'Affaire Artaud. Ce livre est strictement contraint et par son sujet (particulièrement dense sur le plan informatif) et par la méthode utilisée. Celle-ci oscille entre une analyse de type historique (précisément référencée) et ce que l'on pourrait nommer des "chroniques" de l'Affaire : le répertoire au jour le jour des faits, des événements et de ces réactions ou ces "humeurs" qui furent les miennes en réponse à ces événements. D'où la dénomination de "journal ethnographique", essentielle pour comprendre l'ensemble.
D'où, aussi, la redondance de certains éléments, inévitable à partir du moment où j'ai opté pour cette stratégie, et même si j'ai bien élagué certains documents. Vous notez d'ailleurs que j'ai une parfaite conscience de cette redondance. Elle fut une constante de l'Affaire et j'ai souhaité (peut-être à tort) que le spectateur partage quelque peu cette impression de "disque rayé" qui fut la mienne durant 25 ans.
En ce qui concerne maintenant une certaine insistance concernant mon "statut" d'intellectuelle, n'oubliez pas que l'histoire que je retrace ici fut celle d'un long combat. Et d'un combat particulièrement difficile. Personne ne pouvait me croire en se fiant à ma "bonne mine" ou à mes seuls arguments. Je n'ai longtemps eu comme seule situation à partir de laquelle "parler" ce seul statut d'universitaire ou "d'intellectuelle" qui était - de fait - le mien. Et, contrairement à ce que vous croyez (peut-être un peu rapidement), ce statut, on n'a eu de cesse de le nier ou de le contester. L'exemple le plus évident en est l'attitude de la presse dite culturelle qui a longtemps tout bonnement nié mes travaux. D'une manière dont il faut bien dire qu'elle fut soigneusement "orchestrée". - Lors du débat du Mans, Josyane Savigneau me reprocha d'être "non conséquente". Et comme j'avais l'air surpris de cette dénomination, elle insista tout aussitôt sur les différents sens possibles du terme... C'était bien ma capacité à penser "normalement" qui était en permanence contestée. Ce qui évidemment ne manquait pas de sel, mais constituait un fait.
D'où ce que vous avez bien perçu comme une position "victimaire". - Vous n'avez donc pas tort sur ce point et (dois-je le dire) c'est un des aspects du livre qui a été pour moi le plus difficile à tenir et laisser passer. Car une telle "posture" n'est pas dans ma nature. Passer sous silence, gommer ou amoindrir cet aspect aurait été contraire à l'établissement des faits. Il fut toutefois un moment où, vu l'ampleur du champ des mesquineries, j'ai décidé sur ce point de ne pas tout "énumérer" et dire. Ce qui aura permis au lecteur d'échapper au récit de quelques coups fourrés assez confondants.
À l'instar de beaucoup d'autres lecteurs, vous aurez sans doute perçu que je ne fus pas, pour ceux qui n'avaient de cesse de me réduire à l'état de "victime", une proie commode. Au grand dam de mes "interlocuteurs", j'ai toujours été particulièrement réactive. Mes lettres ouvertes au Monde et à Libération, les divers débats menés, les livres publiés dans des conditions qui en auraient rebuté plus d'un, les stratégies et jeux à mener, tout cela prouve à l'évidence que le rôle de victime ne me convient guère, voire pas du tout. Ce livre sur L'Affaire le démontre amplement, qui représente une pièce importante et jubilatoire d'un combat mené à l'encontre de pouvoirs très établis,
Article de Thierry Savatier à lire sur le blog : www.savatier.blog.lemonde.fr
Cet ouvrage, tout d'abord, n'a rien d'un "essai" ou d'un libre vagabondage intellectuel sur L'Affaire Artaud. Ce livre est strictement contraint et par son sujet (particulièrement dense sur le plan informatif) et par la méthode utilisée. Celle-ci oscille entre une analyse de type historique (précisément référencée) et ce que l'on pourrait nommer des "chroniques" de l'Affaire : le répertoire au jour le jour des faits, des événements et de ces réactions ou ces "humeurs" qui furent les miennes en réponse à ces événements. D'où la dénomination de "journal ethnographique", essentielle pour comprendre l'ensemble.
D'où, aussi, la redondance de certains éléments, inévitable à partir du moment où j'ai opté pour cette stratégie, et même si j'ai bien élagué certains documents. Vous notez d'ailleurs que j'ai une parfaite conscience de cette redondance. Elle fut une constante de l'Affaire et j'ai souhaité (peut-être à tort) que le spectateur partage quelque peu cette impression de "disque rayé" qui fut la mienne durant 25 ans.
En ce qui concerne maintenant une certaine insistance concernant mon "statut" d'intellectuelle, n'oubliez pas que l'histoire que je retrace ici fut celle d'un long combat. Et d'un combat particulièrement difficile. Personne ne pouvait me croire en se fiant à ma "bonne mine" ou à mes seuls arguments. Je n'ai longtemps eu comme seule situation à partir de laquelle "parler" ce seul statut d'universitaire ou "d'intellectuelle" qui était - de fait - le mien. Et, contrairement à ce que vous croyez (peut-être un peu rapidement), ce statut, on n'a eu de cesse de le nier ou de le contester. L'exemple le plus évident en est l'attitude de la presse dite culturelle qui a longtemps tout bonnement nié mes travaux. D'une manière dont il faut bien dire qu'elle fut soigneusement "orchestrée". - Lors du débat du Mans, Josyane Savigneau me reprocha d'être "non conséquente". Et comme j'avais l'air surpris de cette dénomination, elle insista tout aussitôt sur les différents sens possibles du terme... C'était bien ma capacité à penser "normalement" qui était en permanence contestée. Ce qui évidemment ne manquait pas de sel, mais constituait un fait.
D'où ce que vous avez bien perçu comme une position "victimaire". - Vous n'avez donc pas tort sur ce point et (dois-je le dire) c'est un des aspects du livre qui a été pour moi le plus difficile à tenir et laisser passer. Car une telle "posture" n'est pas dans ma nature. Passer sous silence, gommer ou amoindrir cet aspect aurait été contraire à l'établissement des faits. Il fut toutefois un moment où, vu l'ampleur du champ des mesquineries, j'ai décidé sur ce point de ne pas tout "énumérer" et dire. Ce qui aura permis au lecteur d'échapper au récit de quelques coups fourrés assez confondants.
À l'instar de beaucoup d'autres lecteurs, vous aurez sans doute perçu que je ne fus pas, pour ceux qui n'avaient de cesse de me réduire à l'état de "victime", une proie commode. Au grand dam de mes "interlocuteurs", j'ai toujours été particulièrement réactive. Mes lettres ouvertes au Monde et à Libération, les divers débats menés, les livres publiés dans des conditions qui en auraient rebuté plus d'un, les stratégies et jeux à mener, tout cela prouve à l'évidence que le rôle de victime ne me convient guère, voire pas du tout. Ce livre sur L'Affaire le démontre amplement, qui représente une pièce importante et jubilatoire d'un combat mené à l'encontre de pouvoirs très établis,
Article de Thierry Savatier à lire sur le blog : www.savatier.blog.lemonde.fr
2 commentaires:
Vous avez pris plusieurs jours de ma vie, je suis complètement séduit par Artaud grâce à vous, grâce à l'Affaire et à C'était ANTONIN ARTAUD. L'histoire d'Artaud s'inscrit entre la vacuité et le trop plein de l'interconnection généralisée des causes et conditions. Il parle depuis une profondeur abyssale qui shunte tout les mécanismes individuels habituels de défense employés par tout un chacun. Merci pour tout. Par la lecture des Oeuvres, j'ai encore à laisser brûler voire calciner mon être-au-monde par cet anarchiste martyr génial. Nul doute que c'est délicieusement douloureux.
Merci pour le terme "shunter" ! Un anglicisme. une dérivation; Un court-circuit.
Cela convient bien à la démarche électrisante,
"à l'"électricité dactylographite" du Grand A.
Enregistrer un commentaire