Les Nouveaux Chemins de la Connaissance (France Culture, 12 janvier 2010) nous gratifiaient récemment d'une émission "Artaud et la folie".
Il y a deux manières de traiter cette question :
Ou l'on aborde la question de manière précise et historique. En tenant compte de l'histoire de la psychiatrie, du discours des psychiatres et de la position qui fut celle d'Artaud. Position critique et dénonciatrice qui, elle aussi, appartient à l'Histoire. Il ne faudrait pas l'oublier.
Ou l'on traite le sujet de manière "universitaire", "littéraire" et rhétorique, en en faisant un joli sujet de conversation.
Cette récente émission de France Culture relève de cette dernière option.
Cela ne serait pas forcément gênant, s'il n'y avait plusieurs points qui font plus que chiffonner.
1°- Évelyne Grossman, en charge de l'édition des Œuvres d'Artaud chez Gallimard, et désormais commentatrice officielle et en titre de la vie et des Œuvres du poète, y intervient sur la question de l'électrochoc. Sans manifestement connaître grand chose de la réalité de l'électrochoc, ni de l'abondante littérature psychiatrique qui s'est développée autour de la question. Avec des assertions qui en ont laissé plus d'un pantois.
Grâce au traitement par électrochoc Artaud, nous dit-elle, "a progressé". Il n'avait certes pas arrêté d'écrire (enfin on le reconnaît !). Mais les électrochocs ont fait qu'il a "recommencé la littérature" !
De la part d'une "Grande spécialiste", l'ensemble de ces propos sont bien curieux. Et il faut bien le dire CONFONDANTS.
2°- Raphaël Enthoven précise en début d'émission (et c'est peut-être encore une figure de rhétorique...) qu'Évelyne Grossman est invitée dans l'émission "en lieu et place d'Antonin Artaud" !
Et voilà-t-il pas que notre Antonin se met, dans la bouche d'Évelyne Grossman, à défendre cela même contre lequel il n'a cessé de s'élever avec la plus extrême virulence : à savoir les traitements par électrochoc et la psychiatrie.
Facétieux, un de mes interlocuteurs de ce blog, se demandait si Mme Grossman accepterait de se soumettre à un traitement d'électro-convulsivothérapie afin de vérifier le bien-fondé des vertus créatives et "littéraires" de l'électrochoc !
Nous n'irons pas jusque-là. Mais de la part de celle qui gère aujourd'hui l'Œuvre du poète et fait figure de parole officielle, on attendrait un peu plus de retrait et de neutralité. Et un examen un peu plus sérieux de la question.
En appeler par ailleurs, dans l'émission, à Deleuze et à Foucault, qui ont défendu les positions que l'on sait, paraît également relever de la tromperie.
Verra-t-on bientôt Évelyne Grossman intervenir, ex cathedra et en comité restreint, à l'Académie de médecine ? "En lieu et place" bien sûr d'Antonin Artaud". Et pour y défendre les vertus hautement créatives de cet électrochoc qu'Artaud a si magistralement vitupéré.
"L'électrochoc, Mr Latrémolière, me désespère, il m'enlève la mémoire, il engourdit ma pensée et mon cœur et fait de moi un absent qui se connaît absent et se voit pendant des semaines à la poursuite de son être, comme un mort à côté d'un vivant qui n'est plus lui, qui exige sa venue et chez qui il ne peut plus entrer." (Antonin Artaud)
Il y a deux manières de traiter cette question :
Ou l'on aborde la question de manière précise et historique. En tenant compte de l'histoire de la psychiatrie, du discours des psychiatres et de la position qui fut celle d'Artaud. Position critique et dénonciatrice qui, elle aussi, appartient à l'Histoire. Il ne faudrait pas l'oublier.
Ou l'on traite le sujet de manière "universitaire", "littéraire" et rhétorique, en en faisant un joli sujet de conversation.
Cette récente émission de France Culture relève de cette dernière option.
Cela ne serait pas forcément gênant, s'il n'y avait plusieurs points qui font plus que chiffonner.
1°- Évelyne Grossman, en charge de l'édition des Œuvres d'Artaud chez Gallimard, et désormais commentatrice officielle et en titre de la vie et des Œuvres du poète, y intervient sur la question de l'électrochoc. Sans manifestement connaître grand chose de la réalité de l'électrochoc, ni de l'abondante littérature psychiatrique qui s'est développée autour de la question. Avec des assertions qui en ont laissé plus d'un pantois.
Grâce au traitement par électrochoc Artaud, nous dit-elle, "a progressé". Il n'avait certes pas arrêté d'écrire (enfin on le reconnaît !). Mais les électrochocs ont fait qu'il a "recommencé la littérature" !
De la part d'une "Grande spécialiste", l'ensemble de ces propos sont bien curieux. Et il faut bien le dire CONFONDANTS.
2°- Raphaël Enthoven précise en début d'émission (et c'est peut-être encore une figure de rhétorique...) qu'Évelyne Grossman est invitée dans l'émission "en lieu et place d'Antonin Artaud" !
Et voilà-t-il pas que notre Antonin se met, dans la bouche d'Évelyne Grossman, à défendre cela même contre lequel il n'a cessé de s'élever avec la plus extrême virulence : à savoir les traitements par électrochoc et la psychiatrie.
Facétieux, un de mes interlocuteurs de ce blog, se demandait si Mme Grossman accepterait de se soumettre à un traitement d'électro-convulsivothérapie afin de vérifier le bien-fondé des vertus créatives et "littéraires" de l'électrochoc !
Nous n'irons pas jusque-là. Mais de la part de celle qui gère aujourd'hui l'Œuvre du poète et fait figure de parole officielle, on attendrait un peu plus de retrait et de neutralité. Et un examen un peu plus sérieux de la question.
En appeler par ailleurs, dans l'émission, à Deleuze et à Foucault, qui ont défendu les positions que l'on sait, paraît également relever de la tromperie.
Verra-t-on bientôt Évelyne Grossman intervenir, ex cathedra et en comité restreint, à l'Académie de médecine ? "En lieu et place" bien sûr d'Antonin Artaud". Et pour y défendre les vertus hautement créatives de cet électrochoc qu'Artaud a si magistralement vitupéré.
"L'électrochoc, Mr Latrémolière, me désespère, il m'enlève la mémoire, il engourdit ma pensée et mon cœur et fait de moi un absent qui se connaît absent et se voit pendant des semaines à la poursuite de son être, comme un mort à côté d'un vivant qui n'est plus lui, qui exige sa venue et chez qui il ne peut plus entrer." (Antonin Artaud)
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