Des lecteurs me demandent quand et comment j'ai utilisé, à propos d'Artaud, le concept de "défiguration". - Je réponds bien volontiers à cette question.
La première utilisation de ce terme remonte pour moi à ce texte que je publiais en 1978 dans La Nouvelle Revue Française (revue de Gallimard dont Georges Lambrichs était alors le rédacteur en chef) sur les dessins d'Antonin Artaud. - Une exposition de ces dessins venait d'avoir lieu à la librairie-galerie Obliques à Paris.
Ce texte ayant été republié sur mon blog, j'y renvoie le lecteur (lien ci-dessous).
Je fis ensuite un usage abondant de cette notion dans l'ouvrage que je consacre aux dessins d'Antonin Artaud en 1984. Cette notion intervient tout particulièrement dans le chapitre intitulé "Figurer l'infigurable": "La contradiction est {…] flagrante entre les dessins du visage, où nulle déformation, nulle destruction, manifestes, n'interviennent - dessins si réalistes et si près du "modèle" - et ces autres dessins qui, eux, défigurent le corps. Corps éclaté, morcelé, analysé et disséqué." (Antonin Artaud, Portraits et Gris-gris, Blusson, p. 55).
La relation à ce que l'on nomme "figure", à ce qui fait face et se donne en présentation ou re-présentation est fondamentale dans l'œuvre du Mômo. Mais elle entre aussitôt en résonance avec les puissances de destruction et les forces de ce qu'il faut bien nommer "l'innommable". Les lignes bougent alors, entrent en conflit, en tension.
Ce terme de DÉFIGURATION reparaît ensuite dans l'Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne que je publie en 1994. Dans un chapitre intitulé "Figuration, défiguration". - Il s'agit alors pour moi de mettre en lumière les relations qui existent entre la forme et l'informe. Et de montrer comment cette question de la figure (et de sa déstabilisation dans l'art moderne et contemporain) renvoie à des questions que l'on retrouve en philosophie (Gilles Deleuze), dans les arts plastiques (Francis Bacon, Antonin Artaud, Lucian Freud, Giacometti, etc.) et jusque dans la littérature.
Arts plastiques et littérature s'appellent alors et se rejoignent dans le trouble jeu de ce qui a nom "figure". - "Vivante, sculptée, burinée. Épure formelle que ni Beckett ni Giacometti n'auraient reniée." - Quelques pages plus loin, Henri Michaux, la tache et l'informe entrent en jeu…
Ce concept prend appui sur des problématiques qui sont communes à la littérature, la philosophie et les arts plastiques, domaines qui ont toujours été mes trois lieux de prédilection.
La Nouvelle Revue Française
Antonin Artaud, Portraits et Gris-gris
Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne
La première utilisation de ce terme remonte pour moi à ce texte que je publiais en 1978 dans La Nouvelle Revue Française (revue de Gallimard dont Georges Lambrichs était alors le rédacteur en chef) sur les dessins d'Antonin Artaud. - Une exposition de ces dessins venait d'avoir lieu à la librairie-galerie Obliques à Paris.
Ce texte ayant été republié sur mon blog, j'y renvoie le lecteur (lien ci-dessous).
Je fis ensuite un usage abondant de cette notion dans l'ouvrage que je consacre aux dessins d'Antonin Artaud en 1984. Cette notion intervient tout particulièrement dans le chapitre intitulé "Figurer l'infigurable": "La contradiction est {…] flagrante entre les dessins du visage, où nulle déformation, nulle destruction, manifestes, n'interviennent - dessins si réalistes et si près du "modèle" - et ces autres dessins qui, eux, défigurent le corps. Corps éclaté, morcelé, analysé et disséqué." (Antonin Artaud, Portraits et Gris-gris, Blusson, p. 55).
La relation à ce que l'on nomme "figure", à ce qui fait face et se donne en présentation ou re-présentation est fondamentale dans l'œuvre du Mômo. Mais elle entre aussitôt en résonance avec les puissances de destruction et les forces de ce qu'il faut bien nommer "l'innommable". Les lignes bougent alors, entrent en conflit, en tension.
Ce terme de DÉFIGURATION reparaît ensuite dans l'Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne que je publie en 1994. Dans un chapitre intitulé "Figuration, défiguration". - Il s'agit alors pour moi de mettre en lumière les relations qui existent entre la forme et l'informe. Et de montrer comment cette question de la figure (et de sa déstabilisation dans l'art moderne et contemporain) renvoie à des questions que l'on retrouve en philosophie (Gilles Deleuze), dans les arts plastiques (Francis Bacon, Antonin Artaud, Lucian Freud, Giacometti, etc.) et jusque dans la littérature.
Arts plastiques et littérature s'appellent alors et se rejoignent dans le trouble jeu de ce qui a nom "figure". - "Vivante, sculptée, burinée. Épure formelle que ni Beckett ni Giacometti n'auraient reniée." - Quelques pages plus loin, Henri Michaux, la tache et l'informe entrent en jeu…
Ce concept prend appui sur des problématiques qui sont communes à la littérature, la philosophie et les arts plastiques, domaines qui ont toujours été mes trois lieux de prédilection.
La Nouvelle Revue Française
Antonin Artaud, Portraits et Gris-gris
Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne