lundi 1 avril 2013

EILEEN GRAY. L’ELLIPSE, L’ÉPURE, L’ÉLÉGANCE.

Lampadaire. Circa 1925. Ph. ©FDM, 2013

Lorsque j’ai “visité” l’exposition Eileen Gray qui se tient actuellement au Centre Georges Pompidou (20 février — 20 mai 2013), le show Dali battait son plein. La rumeur et le “très-plein” (ou trop-plein) de monde, de gestes et d’anecdotes faisait un contraste saisissant avec ce monde épuré qui fut celui d’Eileen Gray (1878-1976).

Celle que l’on considère aujourd’hui comme une des très grandes dames du design est en fait beaucoup plus que cela. — Elle aura touché effectivement à tant de domaines : mobilier, décoration, architecture, peinture, collages, photographies, art de vivre… Manifestant toujours une totale indépendance d’esprit.

Allant jusqu’à « rembarrer » son ami Corbu (Le Corbusier) pour avoir – à l’impromptu — orné de 9 fresques les murs de la villa E 1027, au-dessus de Roquebrune-Cap-Martin, rompant ainsi avec le style de totale sobriété qu’elle avait voulu impulser à l’ensemble.

Joyau d’architecture art déco, la villa E 1027 déploie des trésors de sobriété et de simplicité. Les solutions trouvées sont toujours les plus épurées, les plus évidentes, les plus fonctionnelles. Et les plus BELLES. Toute l’organisation du bâtiment se moule ainsi autour des us et des habitus de la vie quotidienne.

Rien de trop, rien de moins, dans ces volumes et ces formes quasi primitives : ellipse et colimaçon de l’escalier ; cercles et rectangles des tapis, des fenêtres ; grilles sobrement ajourées des fenêtres que redoublent une jalousie ou un semblant de pergola, qui tiennent en quelques lignes…

Résumer un objet à son seul squelette, à l’échafaudage d’un nombre limité de traits – cercle ou demi-cercle, ligne simplement courbée et recourbée qu’il esquisse dans l’espace – est un art où elle excelle.

Le contrepoint de cette sobriété se trouve dans la sophistication de matériaux rares (comme la laque dont elle fit un grand usage) ou de matériaux « simples », rarement utilisés dans la « décoration », comme le liège, dont elle fabriqua tables et paravents.

« Décoration » : on comprend bien l’incongruité de ce terme qui ne peut décrire une œuvre aussi légère et parfaite. Ce terme est bien trop lourd. Il sent l’application et le « marketing », là ou Eileen Gray construit des œuvres qui se contentent de « respirer » et « d’être ».

L’ellipse, l’épure et l’élégance : les trois [eee] d’Eileen Gray…

Exposition Centre Georges Pompidou

Table. Circa 1923. Ph. ©FDM, 2013

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