(Photo ©FDM, mai 2015).
Conçue par Renzo Piano, l’architecture du nouveau Whitney Museum dans le sud de Manhattan n’a – en elle-même – rien de révolutionnaire ou de notable. Son implantation par contre dans le site retenu – l’extrémité sud de la « High line » et la proximité de l’Hudson — est en tout point exceptionnelle et parfaitement réussie.
Au point qu’il nous semble avoir assisté à la naissance d’une nouvelle conception muséale. En tous points remarquable et significative du rapport que la société actuelle entretient avec l’art. Le nouveau Whitney apparaît, sous cet angle, comme le prolongement et la simple excroissance d'un quartier et d'une ville – NEW-YORK – où il prend racine.
Constitué de cubes, d’étages pyramidaux allant en décroissant, de terrasses reliées entre elles par de minces passerelles, le bâtiment n’a rien de spectaculaire ni de pharaonique. Il s’intègre totalement à un environnement par rapport auquel il est directement pensé.
D’un côté, nous avons l’Hudson. Les espaces muséaux se prolongent et se doublent d’espaces de contemplation – une longue banquette permet aux visiteurs de découvrir cette œuvre d’art totale que constitue la "vue sur New York", ses quais, son ciel, son fleuve.
De l’autre côté, nous avons une succession de terrasses donnant sur le quartier environnant, ses buildings, ses toits terrasses (eux aussi), ses mythiques réservoirs d’eau, ses ciels changeants. L’étonnant ici est dans l’extrême proximité de cet environnement. Au point que l’on pourrait presque toucher, sentir, entendre les mille et une impressions urbaines qui s’offrent à nous. — New-York est une œuvre d’art. New –York EST l’œuvre d’art.
Et si New-York est une œuvre d’art, vous-mêmes qui contemplez, parcourez et habitez ce prodigieux complexe urbain, avez toutes les chances de devenir (sic) une œuvre d’art.
Cette transformation du regard (et de la pratique) muséal(e) ne s’arrête pas là. Car c’est bien un nouveau concept, une nouvelle façon de voir (et de vivre) et la ville et l’art qui s’imposent.
Le musée fut un lieu clos. Fermé. Replié sur ce trésor interne qui s’appelle l’art. L’archétype en est sur ce point le colimaçon du Guggenheim de Frank Lloyd Whright (situé plus haut dans Manhattan). De nombreux musées, bien sûr, ont joué avec leur environnement. Jardins de sculptures, miroirs d’eau reflétant l’architecture, terrasses transformées en points de vue – comme à Paris, au Centre Pompidou (du même Renzo Piano) – ou bien encore en un lieu nu et abstrait – tel le toit du CAPC de Bordeaux - et exploité les ressources de leurs sites.
Tout récemment, le vaisseau érigé dans le bois de Boulogne par Frank Gehry (Fondation Vuitton) doit une grande part de sa splendeur à ce dénivelé de terrasses multiples d’où l’on peut contempler l’immense panorama qui s’étend autour du Musée – arbres, bois, vues sur le quartier de la Défense et sur Paris. Mais il ne s’agit pas ici de proximité. Mais, au contraire, de dégagements multiples pour la vue. Ce regard qui porte est celui d’un oiseau, d’un papillon ou d’un marin.
Tout à l’opposé, le Whitney – qui n’a rien du spectaculaire et de la superbe du bâtiment de Gehry – se voit comme greffé sur le quartier qui l’entoure et par rapport auquel il fonctionne de manière mimétique.
Et le processus ne s’arrête pas là. Car la construction du nouveau Whitney vient à son tour, si je puis dire, faire bouger les lignes… Et la ligne tout particulièrement de la « High line », ce long corridor de verdure en surplomb qui traverse une part de l’architecture new-yorkaise.
Un quartier se redessine désormais autour du Whitney et de la « High line ». Un habitat de luxe voit le jour, qui jouxte la coulée verte. Avec ses appartements high-tech, ses terrasses et ses mini-jardins, tout cela donnant directement sur la « High line », les habitants des lieux pouvant contempler les passants de la « High line » d’où – à leur tour - les promeneurs contempleront les habitants. – « Je vous contemple et vous me contemplez. Nous sommes tous les deux beaux. Comme deux œuvres d'art." - On est là dans une spectaculaire phase de mise en abîme et (ou) de narcissime urbains et esthétiques.
Site du Musée Whitney
Whitney Museum. « Vue sur New-York »
(Photo ©FDM, mai 2015).
Au point qu’il nous semble avoir assisté à la naissance d’une nouvelle conception muséale. En tous points remarquable et significative du rapport que la société actuelle entretient avec l’art. Le nouveau Whitney apparaît, sous cet angle, comme le prolongement et la simple excroissance d'un quartier et d'une ville – NEW-YORK – où il prend racine.
Constitué de cubes, d’étages pyramidaux allant en décroissant, de terrasses reliées entre elles par de minces passerelles, le bâtiment n’a rien de spectaculaire ni de pharaonique. Il s’intègre totalement à un environnement par rapport auquel il est directement pensé.
D’un côté, nous avons l’Hudson. Les espaces muséaux se prolongent et se doublent d’espaces de contemplation – une longue banquette permet aux visiteurs de découvrir cette œuvre d’art totale que constitue la "vue sur New York", ses quais, son ciel, son fleuve.
De l’autre côté, nous avons une succession de terrasses donnant sur le quartier environnant, ses buildings, ses toits terrasses (eux aussi), ses mythiques réservoirs d’eau, ses ciels changeants. L’étonnant ici est dans l’extrême proximité de cet environnement. Au point que l’on pourrait presque toucher, sentir, entendre les mille et une impressions urbaines qui s’offrent à nous. — New-York est une œuvre d’art. New –York EST l’œuvre d’art.
Et si New-York est une œuvre d’art, vous-mêmes qui contemplez, parcourez et habitez ce prodigieux complexe urbain, avez toutes les chances de devenir (sic) une œuvre d’art.
Cette transformation du regard (et de la pratique) muséal(e) ne s’arrête pas là. Car c’est bien un nouveau concept, une nouvelle façon de voir (et de vivre) et la ville et l’art qui s’imposent.
Le musée fut un lieu clos. Fermé. Replié sur ce trésor interne qui s’appelle l’art. L’archétype en est sur ce point le colimaçon du Guggenheim de Frank Lloyd Whright (situé plus haut dans Manhattan). De nombreux musées, bien sûr, ont joué avec leur environnement. Jardins de sculptures, miroirs d’eau reflétant l’architecture, terrasses transformées en points de vue – comme à Paris, au Centre Pompidou (du même Renzo Piano) – ou bien encore en un lieu nu et abstrait – tel le toit du CAPC de Bordeaux - et exploité les ressources de leurs sites.
Tout récemment, le vaisseau érigé dans le bois de Boulogne par Frank Gehry (Fondation Vuitton) doit une grande part de sa splendeur à ce dénivelé de terrasses multiples d’où l’on peut contempler l’immense panorama qui s’étend autour du Musée – arbres, bois, vues sur le quartier de la Défense et sur Paris. Mais il ne s’agit pas ici de proximité. Mais, au contraire, de dégagements multiples pour la vue. Ce regard qui porte est celui d’un oiseau, d’un papillon ou d’un marin.
Tout à l’opposé, le Whitney – qui n’a rien du spectaculaire et de la superbe du bâtiment de Gehry – se voit comme greffé sur le quartier qui l’entoure et par rapport auquel il fonctionne de manière mimétique.
Et le processus ne s’arrête pas là. Car la construction du nouveau Whitney vient à son tour, si je puis dire, faire bouger les lignes… Et la ligne tout particulièrement de la « High line », ce long corridor de verdure en surplomb qui traverse une part de l’architecture new-yorkaise.
Un quartier se redessine désormais autour du Whitney et de la « High line ». Un habitat de luxe voit le jour, qui jouxte la coulée verte. Avec ses appartements high-tech, ses terrasses et ses mini-jardins, tout cela donnant directement sur la « High line », les habitants des lieux pouvant contempler les passants de la « High line » d’où – à leur tour - les promeneurs contempleront les habitants. – « Je vous contemple et vous me contemplez. Nous sommes tous les deux beaux. Comme deux œuvres d'art." - On est là dans une spectaculaire phase de mise en abîme et (ou) de narcissime urbains et esthétiques.
Site du Musée Whitney
(Photo ©FDM, mai 2015).
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