pour une implantation de l’œuvre de Jeff Koons.
("D'après Jeff Koons, Bouquet of Tulips », 2016).
Photographie de la crue ©FDM, 2018.
Revenons sur l’actuelle polémique à l’encontre des « tulipes » offertes en bouquet par Jeff Koons à la France tout entière et à la Mairie de Paris plus précisément. En hommage aux victimes des attentats terroristes de 2016.
Le bouquet est « joli » et kitch à souhait. En acier « poli », coloré. Il serait bien anodin s’il n’était MONUMENTAL. Et encombrant dans tous les sens du terme, coincé qu’il est sur l'espace séparant le Palais de Tokyo et le Musée d’art moderne de la Ville de Paris. C’est donc, tout d’abord, la différence d’échelle qui fait problème. Si Jeff Koons nous avait proposé l’équivalent d’un bouquet de violettes grandeur nature, y aurait-on trouvé à redire ?
A cela il faut ajouter l’effet de distorsion de l’œuvre de Koons par rapport au style épuré des deux ailes du Palais des Musées d'Art moderne", érigé pour l’exposition de 1937 dans un style grandiose qui n’est pas sans évoquer l’idéal mussolinien de l’architecture.
Ce qui gêne aussi, (semble-t-il) c’est le caractère charmant de cet hommage fleuri, de cette « nature morte » (ou gerbe funéraire) d’un nouveau style. Occasion de rappeler que dans l’histoire de l’art, les fleurs et natures mortes sont légions et que - des maîtres hollandais du XVIIe et XVIIIe siècles jusqu’à Chardin, van Gogh, Cézanne, Odilon Redon ou Picasso - elles semblent n’avoir guère prêtées à polémique.
C’est qu’il y a ici un nouvel effet de DISTORSION, qui n’est plus seulement esthétique mais politique. Voire même « métaphysique ». Deux conceptions du monde s’affrontent : celle d’un certain art américain contemporain (qui déborde certes ses frontières) et joue dans un registre qui n’a rien à voir avec les soucis patrimoniaux ou la fibre humaine et patriotique de la vieille Europe…
Ces tulipes, Jeff Koons les avait déjà déclinées, à New York, à Bilbao aussi. Le contexte et l’effet produit étaient très différents. A Bilbao, les fleurs se trouvent bien au pied du Guggenheim, mais jetées au sol (et non érigées et triomphantes) ; elles y voisinent avec L’araignée de Louise Bourgeois. Le monumental Musée les écrase de toute sa hauteur et sa splendeur. Si on les remarque et les considère, c’est parce que l’on se dit : « tiens un Jeff Koons ! On reconnaît la « marque ».
Certains nous disent :« C’est un cadeau ; celui qui reçoit le cadeau peut en faire ce qu’il veut ! » - Voilà une appréciation bien superficielle de ce que représente un cadeau, surtout quand il est au départ initié par l’ambassadrice d’un grand « pays ami », l’Amérique. Il n’est sans doute pas besoin d’avoir lu le fameux essai de Marcel Mauss, L’Essai sur le don, pour comprendre qu’un cadeau fonctionne comme une sorte de piège qui oblige son récipiendaire. Rien de pire que de refuser un cadeau.
Nul doute que ces innocentes (mais « grandiloquentes ») tulipes ne jouent ici le rôle d’un cadeau empoisonné. Ou de ces patates chaudes que l’on se refile en silence.
HASARDONS UNE CONTRE-PROPOSITION : ces mêmes fleurs de Koons, érigées en bord de Seine, soumises et abandonnées aux aléas des intempéries, et puis noyées à l’occasion d’une de ces crues de la Seine que nous connaissons à l’heure actuelle… Ses tulipes y retrouveraient l’équivalent d’un vase naturel et de cette eau qui permet aux fleurs coupées de se maintenir fraîches…
Longue vie ALORS aux fleurs coupées multicolores de Jeff Koons… Que leurs reflets viennent iriser les eaux de la Seine, leurs lignes et coloris se métamorphoser dans les remous du fleuve. Lors de la prochaine crue, nous irons y contempler leurs pastellisations…, heureux que les eaux viennent perturber le côté très NICKEL de cet acier poli.
Mais la « vue », nous dira-t-on… et la perspective… Ne sont-elles pas classées, patrimoniales ? La lagune de Venise (en un tout autre lieu), tout au long des biennales d’art qu’elle abrite régulièrement, en a vu - et en verra - bien d’autres… des singularités, des métamorphoses, des incongruïtés.
Reste entière la délicate question de "l'hommage aux victimes"… La Seine ne pourrait-elle ici constituer le plus extraordinaire des cénotaphes et le plus juste des outils mémoriels, elle qui ne cesse de couler, de passer, de revenir…
Photomontage : « Contre-proposition »
pour une implantation de l’œuvre de Jeff Koons
("d'après « Bouquet of Tulips » de Jeff Koons", 2016).
Photographie de la crue ©FDM, 2018.
Le bouquet est « joli » et kitch à souhait. En acier « poli », coloré. Il serait bien anodin s’il n’était MONUMENTAL. Et encombrant dans tous les sens du terme, coincé qu’il est sur l'espace séparant le Palais de Tokyo et le Musée d’art moderne de la Ville de Paris. C’est donc, tout d’abord, la différence d’échelle qui fait problème. Si Jeff Koons nous avait proposé l’équivalent d’un bouquet de violettes grandeur nature, y aurait-on trouvé à redire ?
A cela il faut ajouter l’effet de distorsion de l’œuvre de Koons par rapport au style épuré des deux ailes du Palais des Musées d'Art moderne", érigé pour l’exposition de 1937 dans un style grandiose qui n’est pas sans évoquer l’idéal mussolinien de l’architecture.
Ce qui gêne aussi, (semble-t-il) c’est le caractère charmant de cet hommage fleuri, de cette « nature morte » (ou gerbe funéraire) d’un nouveau style. Occasion de rappeler que dans l’histoire de l’art, les fleurs et natures mortes sont légions et que - des maîtres hollandais du XVIIe et XVIIIe siècles jusqu’à Chardin, van Gogh, Cézanne, Odilon Redon ou Picasso - elles semblent n’avoir guère prêtées à polémique.
C’est qu’il y a ici un nouvel effet de DISTORSION, qui n’est plus seulement esthétique mais politique. Voire même « métaphysique ». Deux conceptions du monde s’affrontent : celle d’un certain art américain contemporain (qui déborde certes ses frontières) et joue dans un registre qui n’a rien à voir avec les soucis patrimoniaux ou la fibre humaine et patriotique de la vieille Europe…
Ces tulipes, Jeff Koons les avait déjà déclinées, à New York, à Bilbao aussi. Le contexte et l’effet produit étaient très différents. A Bilbao, les fleurs se trouvent bien au pied du Guggenheim, mais jetées au sol (et non érigées et triomphantes) ; elles y voisinent avec L’araignée de Louise Bourgeois. Le monumental Musée les écrase de toute sa hauteur et sa splendeur. Si on les remarque et les considère, c’est parce que l’on se dit : « tiens un Jeff Koons ! On reconnaît la « marque ».
Certains nous disent :« C’est un cadeau ; celui qui reçoit le cadeau peut en faire ce qu’il veut ! » - Voilà une appréciation bien superficielle de ce que représente un cadeau, surtout quand il est au départ initié par l’ambassadrice d’un grand « pays ami », l’Amérique. Il n’est sans doute pas besoin d’avoir lu le fameux essai de Marcel Mauss, L’Essai sur le don, pour comprendre qu’un cadeau fonctionne comme une sorte de piège qui oblige son récipiendaire. Rien de pire que de refuser un cadeau.
Nul doute que ces innocentes (mais « grandiloquentes ») tulipes ne jouent ici le rôle d’un cadeau empoisonné. Ou de ces patates chaudes que l’on se refile en silence.
HASARDONS UNE CONTRE-PROPOSITION : ces mêmes fleurs de Koons, érigées en bord de Seine, soumises et abandonnées aux aléas des intempéries, et puis noyées à l’occasion d’une de ces crues de la Seine que nous connaissons à l’heure actuelle… Ses tulipes y retrouveraient l’équivalent d’un vase naturel et de cette eau qui permet aux fleurs coupées de se maintenir fraîches…
Longue vie ALORS aux fleurs coupées multicolores de Jeff Koons… Que leurs reflets viennent iriser les eaux de la Seine, leurs lignes et coloris se métamorphoser dans les remous du fleuve. Lors de la prochaine crue, nous irons y contempler leurs pastellisations…, heureux que les eaux viennent perturber le côté très NICKEL de cet acier poli.
Mais la « vue », nous dira-t-on… et la perspective… Ne sont-elles pas classées, patrimoniales ? La lagune de Venise (en un tout autre lieu), tout au long des biennales d’art qu’elle abrite régulièrement, en a vu - et en verra - bien d’autres… des singularités, des métamorphoses, des incongruïtés.
Reste entière la délicate question de "l'hommage aux victimes"… La Seine ne pourrait-elle ici constituer le plus extraordinaire des cénotaphes et le plus juste des outils mémoriels, elle qui ne cesse de couler, de passer, de revenir…
pour une implantation de l’œuvre de Jeff Koons
("d'après « Bouquet of Tulips » de Jeff Koons", 2016).
Photographie de la crue ©FDM, 2018.
16 commentaires:
Je suis presque entièrement d'accord avec votre article excepté sur un point essentiel :l'emplacement de ce bouquet. Il ne peut être ni sur les bords de seine, ni sur aucunes places situées près des lieux des attentats. Car ces tulipes sont dans le fond le symbole du capitalisme (la crise des tulipes au 17ème siècle est considérée par certains historiens comme la première crise économique). Il n'y a en fait qu'un seul endroit où ces fleurs atteindraient toute leur pertinence. C'est du coté de Marne-la-Vallée, dans un certain parc d'attractions. Il faudrait bien entendu payer son billet d'entrée pour les contempler.
Votre critique est assez fine. Mais la situation est complexe. Car ce bouquet, s'il peut être considéré comme l'expression d'un art néo-capitaliste (que d'objets et d'expressions similaires à l'heure actuelle dans les musés et galeries !) est aussi offert "en hommage aux victimes des attentats de 2016". Peut-on gommer cet aspect - en son fond. - Je comprends bien votre position, mais alors - dans cette logique, l'œuvre ne peut être nulle part. Et sans doute pas non plus dans le parc de Marne-la-Vallée, car faire payer l'accès à un hommage aux victimes (dans un parc d'attraction !)nous fait entrer dans un système de casuistique assez repoussant.
Cette "offrande" soulève - on le voit - bien des apories théoriques en sus des réactions esthétiques, affectives ou politiques qui n'ont pas manqué d'être soulevées par les nombreuses réactions et articles consacrés à la question.
Et l'histoire n'est sans doute pas totalement close.
Notez bien que dans ma proposition, l'action de délitement, de destruction possible et de métamorphose de l'inondation et de la crue me plaisait bien. Je voyais déjà les fleurs à la tige cassée entraînées par le courant en un acte artistique capitaliste certes, mais éphémère.
A suivre donc…
Je reviens rapidement sur la question que vous évoquez : la crise liée au prix astronomique atteint par les bulbes de tulipes au 17e siècle. C'est effectivement considéré comme la toute première bulle spéculative et van Gogh y fait allusion dans ses écrits.
Ce qui est intéressant - par rapport aux tulipes de Koons, qui n'avaient jusqu'ici (à New York ou à Bilbao) provoqué aucun émoi - c'est qu'il aura fallu un DON, une offrande pour que toute la dimension de cet art se révèle.
Car ce DON est très prégnant. A la fois politiquement et esthétiquement parlant. Il s'agit bien de cette face obligatoire de la réception du don sur laquelle Marcel Mauss a tant insisté.
Quant à la morale qui sous-tend cette offrande à des victimes, elle semble méconnaître ce que pourrait être le désir des proches de ces victimes des attentats. Les a-t-on consultés sur la question de ces grandiloquentes et dérisoires tulipes?
Sans vouloir jouer les "Cassandre", ce soit-disant hommage aux victimes (car sa sincérité demanderait un traitement moins clinquant) pourrait bien avoir l'effet contraire, c'est à dire provoquer les bourreaux, les pousser à perpétrer de nouveaux crimes. Mettre pareil symbole devrait nous alarmer. Pourquoi s'est-on attaqué au "Twin Towers" selon vous ? Vous insister sur la valeur de ce Don mais ce n'en est pas un en vérité. C'est un vilain calcul. Il me fait penser au poème en prose "La fausse monnaie" de Baudelaire.
Mais dans le fond la question que je me pose c'est : pourquoi Koons ?
Il n'y a pas d'autres artistes sur le marché ? Ou est-ce seulement parce que c'est "l'artiste" le plus cher au monde comme on aime le répéter ?
Bonjour,
Je n'ai - nulle part - insisté sur la "valeur" de ce don. Mais sur le simple fait (sur lequel tous ceux qui sont intervenus ont insisté) qu'il 'agit d'un DON, don de l'œuvre, mais pas de son "installation").
La notion de "valeur" en art appellerait effectivement un débat plus ample sur la question du "marché" de l'art et sur ses conséquences quant à l'appréciation politique des échanges culturels : avons-nous besoin (et qui a besoin) de "l'artiste le plus cher au monde" ou de celui qui le fut (la cote est variable).
En ce qui concerne le DON, il semble bien que vous n'ayez pas lu l'Essai sur le don de Marcel Mauss. Celui-ci démontre brillamment qu"un don n'est (socialement et politiquement parlant) nullement gratuit, qu'il est toujours intéressé. Avec ce qu'il dénomme - dans les rapports sociaux - l'obligation pour celui qui veut afficher sa puissance de donner, l'obligation inverse du récipiendaire d'accepter ce don (sinon, c'est une déclaration de guerre) et l'obligation de "rendre" (sous peine de perdre la face).
A suivre.
Pardonnez-moi, je reconnais que vous n'avez nullement insisté sur la valeur du don. Et effectivement, je n'ai pas lu le livre de Marcel Mauss. Ceci dit nous pourrions nous appuyer sur d'autres lectures pour débattre de l'affaire qui nous occupe. Je pense notamment au livre d'Eward Bernays « Propaganda, comment manipuler l'opinion en régime démocratique » (un sombre personnage qui à utiliser les ressorts de la psychanalyse pour exploiter les faiblesses de l'humanité).
Mais ici, l’ambiguïté réside entre les termes « don » et « cadeau ». Je travaille dans un Fond Régional d'Art Contemporain et la notion de don est une chose qui se discute. Si un collectionneur veut faire don de sa collection à une institution, rien ne lui assure que celle-ci sera accepté et ce même s'il est convaincu de posséder des « œuvres d'une valeur inestimable ». De même si vous voulez faire le don de votre sang et que celui-ci soit malheureusement contaminé, vous ne pourrez pas en vouloir à l'autorité qui vous l'aura refusé. Le don, affirmons-le, exige un désintéressement total. Et avoir un don, c'est une chance qui vous est accordée. Il n'en est pas de même pour le cadeau. Il supporte plutôt bien les connotations négatives. Il peut être intéressé ou empoisonné comme vous l'avez si bien dit dans votre article. Mais là on ne peut plus appeler cela un cadeau. On appelle ça une ruse ! Vous dites que refuser un tel cadeau serait en quelque sorte une déclaration de guerre ? Je ne le pense pas. Si les troyens avaient refusé le « cadeau des grecs », Troie n'aurait pas été saccagée.
Donc oui, nous pouvons refuser un cadeau. Et ce cadeau en particulier puisque nous sommes déjà en guerre. Guerre économique, idéologique...
Dans le fond, il me semble que nous sommes d'accord. Nous ne voulons pas de cette chose.
Je suis sans doute plus radical. Je reste donc sur mon idée première : Disneyland !
Dommage que je ne puisse joindre le montage que j'ai réalisé. Il est d'un meilleur effet. On y voit Mikey en premier plan dans une posture qu'affectionne particulièrement l'américain.
Nous pourrions même organiser un concours et faire don à monsieur Koons de toutes les propositions récoltées.
Je vous souhaite une bonne journée.
Je vous conseille quand même vivement - si vous en avez la possibilité - de lire l'Essai sur le don de Mauss. Il vous intéressera.
En fait, on peut conserver l'idée d'un "don pur", effectué sans aucune ruse ou esprit de retour et d'avantages.
Mais la nature humaine (ou animale ?) est ainsi faite qu'en particulier en société (mais ce serait vrai aussi pour la sphère intime - familiale ou amoureuse), tout don présente (généralement) une face agréable ou - oserais-je dire - "rentable". Au sens économique du terme (mais cela peut être au sens psychologique…).
C'est un autre "philosophe", Emmanuel Kant qui a bien montré cela. La difficulté de réaliser une sorte d'acte "pur" dégagé de toutes contingences intéressées.
Le don d'œuvres à un Frac ou un Musée peut être effectué ainsi pour des raisons mêlées : désir de reconnaissance lié au souhait qu'un plus large cercle profite des œuvres, etc.
Le "don" ou le "cadeau" proposé par Koons s'inscrit à l'intérieur de tout un réseau sociologique complexe (politique, économique, culturel et - cela entre AUSSI en compte - esthétique). Et là cela ravive les querelles esthétiques autour de l'art contemporain (que vous défendez sans doute comme moi mais sans forcément tout apprécier et défendre). Sans compter les bagarres qui se situent au niveau des tenants mêmes de l'art contemporain : artistes, galeristes, conservateurs, critiques, etc.
Un vivier sérieux qui peut être aussi vu comme un remuant panier de crabes.
Et puis - il ne faut pas s'en cacher - cette polémique [qui finit par masquer l'existence même des victimes a priori destinataires de l'œuvre] contribue à enfler les pouvoirs de ce finalement assez mince bouquet.
La seule question qui compte est sans doute là. Cette œuvre, située à l'intersection de deux Musées, largement fréquentée par les amateurs d'art et ce que l'on nomme des "touristes", est-elle à même de répondre à la question de la commémoration d'un événement absolument tragique de notre histoire ?
Cette œuvre,je la préfèrerais dans l'eau ou les eaux de la Seine, là où la promenade et les intempéries me paraissent plus propices aux souvenirs collectifs.
Est-ce que réellement une société peut marcher sur autre chose que la théorie du don et du contre don telle qu'énoncée par Marcel Mauss ? Après cela pose bien des questions. Est-ce que tout le monde est capable de jouer le jeu sans tricherie, c'est-à-dire sans essayer d'accumuler tout seul dans son coin dans le jeu capitalistique de la concurrence, comme un « renard dans le poulailler » ?
Toujours est-il que la société libérale actuelle ne s'est pas construite sur ce modèle du don, pourtant propre à la nature humaine, il y a maintenant environ 250 ans par la voix des premiers théoriciens de la doctrine libérale, et ses épigones qui sont venus la soutenir au fil du temps. Mais sur une vision beaucoup plus pessimiste et noire de la nature humaine, incapable suivant cette conception de donner, mais juste d'accumuler pour s'enrichir, par le biais du commerce en ne poursuivant que des intérêts personnels.
Au point qu'aujourd'hui l'intérêt personnel de quelques individus supplante totalement l'intérêt général d'une communauté, ensemble des individus composant la société qui en régime démocratique était représenté par des États qui servaient l'intérêt général.
Avec le lancement de la Falcon Heavy dans l'espace, ce qui est inquiétant est que ce ne sont même plus des organisations étatiques qui font la loi en matière spatiale, comme la Nasa ou Ariane espace en Europe, mais des individus plus ou moins crédibles comme Elon Musk, que le système libéral a laissé s'enrichir de façon totalement démesurée.
On risque de retomber dans un genre de tyrannie qui n'aura alors plus rien à envier aux pires époques de l'histoire, cela ne manque pas.
On sera, on est déjà, dirigé par des multinationales menées par des gourous séduisants et séducteurs, mais des gourous, avec tous les excès que peut comporter la définition d'un tel mot. Vivons-nous encore en démocratie ? Quid de l'intérêt général ? Quand ce qui prime en régime libéral-libertaire est l'intérêt particulier d'une poignée d'individus qui dirigent le monde du travail, au gré de principes de management de plus en plus aliénants.
Peut-être alors que la théorie du don et du contre don telle qu'énoncée par Marcel Mauss, est incompatible avec la vision de l'homme qu'en avaient les théoriciens libéraux ? Peut-être même que l'idée de démocratie est incompatible avec la vision de l'homme qu'en avaient les théoriciens libéraux ?
Il me semble qu'à bien des égards l'art contemporain ne fasse que mimer les processus économique à l'oeuvre dans le capitalisme moderne, par la dichotomie valeur d'échange/valeur d'usage concernant l'usage que l'on peut faire d'une oeuvre contemporaine, par la notion d'obsolescence programmée des objets d'art contemporain généralement, par la notion aussi de bulle spéculative par laquelle une oeuvre d'art contemporain accède à une forme de reconnaissance, enfin par la notion de performance, dont le sens peut évoquer la démarche d'un artiste contemporain, mais aussi qui aligne l'art sur le processus qui préside à la production/consommation ; sur le résultat obtenu dans une compétition, les performances d'un champion ; sur le rendement, le résultat le meilleur : les performances d'une machine.
Réponse pour Erwan Blesbois :
Votre intervention pose toute une série de problèmes complexes.
Je ne vous répond ici que sur quelques points.Tout d'abord, la notion de performance en art ne recouvre pas exactement - voire souvent pas du tout - l'acception sportive liée au rendement (d'une machine) et à un système de compétition (même si le performer cherche souvent à aller au bout de ses limites).
Le corps est au centre du processus. La performance se déroule devant un public, etc. Elle est une expérience et peut aussi narrer des événements.
Elle n'est à l'heure actuelle - en art - que fort peu représentative du courant que l'on pourrait appeler néo-libéral. Héritière du happening et des courants anarchistes de l'après-1968, elle est encore souvent considérée comme refusant précisément le courant d'industrialisation et de marchandisation de l'art.
Quant au "don", sa mécanique peut se dévoyer. Mauss en donne de nombreux exemples. Et il faut pas oublier le cœur de son analyse : la question du potlatch, cérémonie des Indiens de la Côte Ouest du Canada qui faisaient assaut de richesses entre chefs. Cette lutte pouvant passer par la destruction des richesses déployées et - parfois- par le suicide de celui qui n'avait plus rien à donner et ne voulait pas pour autant perdre la face. Ils parlaient de "tuer" la richesse.
C'est dire la complexité de ces équilibres sociaux basés sur le don et sur l'échange de dons.
L'Affaire actuelle des Tulipes de Koons semble bien s'inscrire dans un système de dons (la sculpture) et de contre-dons (l'emplacement dans Paris).
Certains acteurs sociaux s'étant sentis floués, trompés, pas consultés, etc.,l'Affaire est devenue irritante et se transforme en un accès d'urticaire esthético-politique.
Il faudrait d'ailleurs souligner la distorsion entre, d'un côté, la rigueur du site choisi (esplanade d'un assez abstrait d'un Monument des années 1930), la froideur de la monumentale sculpture d'acier poli de Koons et, de l'autre, le caractère explosif, foisonnant et disruptif des réactions engendrées. On est dans une sorte de "diagonale du fou" sociale. L'écart est maximum entre les angles et les interventions.
La discussion devient encore plus intéressante avec l'ajout de ces nouveaux commentaires. Mais permettez-moi de la reprendre là où nous l'avons laissée, même si cette notion de « contre-don » m'intrigue tout autant qu'elle me rend septique.
Vous avez raison, tout ce que vous énoncez est juste. Je ne le contredirai pas, je ne le peux pas ! Mais cette RAISON ne m'est pas suffisante. J'en veux plus !
Vous me parlez de Kant et de la difficulté de réaliser une sorte d'acte "pur" dégagé de toutes contingences intéressées. Très bien. Mais à cela je vous répondrai qu'une difficulté se surmonte et si vous surmontez cette difficulté elle se transformera en facilité.
Vous me dites que le "cadeau" proposé par Koons s'inscrit à l'intérieur d'un réseau sociologique complexe qui prend en compte le politique, l'économique, le culturel et AUSSI l'esthétique. On pourrait dire SURTOUT ! Car l'esthétique et le politique sont indissociables. Nous savons que l'art est vecteur d'idéologies. Nous n'allons pas citer tous les personnages qui se sont intéressés au sujet, ils sont si nombreux et si éparpillés dans le temps. Nous connaissons l'idéologie pour laquelle Koons œuvre. C'est celle de ceux qui ont déjà tout et qui en veulent encore plus. Lui concéder un espace publique ?! Non certainement pas ! Et en tout cas sourtout pas de cette manière. C'est aussi (ou surtout?) l'enjeu de cette polémique.
Vous avez entièrement raison quand vous dites que cela finit par masquer l'existence des victimes. C'est évident. Ce qui devait être un hommage (soit disant) est finalement perçu comme un outrage.
L'outrage au cadavre est perpétré pour que celui-ci ne soit plus reconnaissable donc plus mémorable. C'est Achille traînant le corps d'Hector derrière son char jusqu'à ce que celui-ci soit définitivement défiguré (voir Jean Pierre Vernan à ce sujet). Mais ici, qui commet cet outrage ? C'est moi ? C'est vous ? Sont-ce ceux qui s'opposent à ce projet ?
Alors calmons nos ardeurs (les miennes en l’occurrence) et faisons une proposition honnête qui aidera Monsieur Koons a devenir plus vertueux dans sa « génorosité ». Il veux faire un don ? Et bien soit, qu'il fasse un chèque aux associations des victimes des attentats de l'équivalent du montant prévu pour la réalisation de son « Bouquet » de 30 Tonnes : soit 3,5 M€. Ce n'est rien pour qui vend au prix astronomique de 58 M$ un « Baloon Dog » de quelques centaines de Kilos. Il ne faut pas être comptable pour s'apercevoir de la plus-value qu'il réalise sur cette baudruche d'acier inoxydable. Les victimes pourront ainsi décider de la meilleure manière d’honorer leur(s) mort(s). Qui sait, elles pourraient même solliciter l'artiste. Et nous ne pourrions que nous incliner devant un tel homme.
Mais je ne me fais aucune illusion sur l'individu. Cela n'arrivera pas. Ce qui arrivera, c'est qu'il n'aura pas la postérité à laquelle il aspire, et ce avec ou sans bouquet sur place publique. Il rêve de celle d'un Duchamp, d'un Courbet ? Il n'aura au plus que celle d'un Gérôme.
Je veux bien suivre votre conseil concernant la lecture que vous me recommandez. Mais avant, faites-moi plaisir s'il vous plaît en regardant ce diptyque vidéo de Mark Boulos – les conditions ne sont malheureusement pas celles de l'installation puisque les vidéos doivent se faire face et la place du spectateur est entre les deux. Je ne dis rien de plus, je vous laisse la découvrir.
http://www.markboulos.com/all-that-is-solid-melts-into-air.html
C'est dire si la question de l'art contemporain, de savoir si il se rattache à un modèle libéral ou un modèle anarchiste, apparaît bien futile et dérisoire en comparaison de la crise de civilisation dans laquelle nous nous trouvons. Et l'art contemprorain n'est-il pas intéressant en tant qu'il peut-être un révélateur de cette crise ? Un symptôme du passage de témoin d'une civilisation qui reposa sur l'idée de dieu (avec un art chrétien rendant directement hommage à Dieu, et les mouvements classique, baroques puis romantiques qui s'y rattachent par filiation spirituelle), à une civilisation qui repose sur la fascination de la Technique (principalement l'art contemporain) et privée de toute transcendance divine (un art surréaliste qui cherche sa transcendance dans l'inconscient et le rêve, un art moderne puis aujourd'hui contemporain qui ont pris acte de la mort de dieu) et de toute spiritualité, sans morale non plus. Art contemporain, donc, témoignage d'une époque plus symptomatique et intéressant sous cet angle là, que de savoir s'il se rattache à une filiation anarchiste ou libérale (puisqu'a fortiori comme je l'ai dit les deux termes sont étroitement liés aujourd'hui) ?
Ne sommes nous pas passés d'un paradigme religieux à un paradigme sacrificiel qui découle de l'économie de marché dérégulée, avec un court intermède laïque qui ne générait pas assez de sens. Sacrificiel au sens où l'on peut faire l'analogie avec une civilisation comme la civilisation aztèque, je m'explique. Au sein de la famille : sacrifice de l'un de ses membres généralement un des enfants ou le seul enfant, pour qu'elle fonctionne ; au sein de l'entreprise ou d'un groupe social, sacrifice d'une catégorie du personnel ou de membres du groupe pour qu'ils fonctionnent, au sein d'une nation, sacrifice de catégories de la population (chômeurs, sdf), pour qu'elle fonctionne. Alors que les religions faisaient la différence entre fidèles et hérétiques, ou fidèles et infidèles (selon la terminologie musulmane, les "infidèles"), avec tous les abus liés à l'intolérance que cela pouvait susciter (l'inquisition, les croisades) ; notre société sacrificielle, dont le leitmotiv est la jouissance très intense du réel immanent comme justification et comme récompense, sans principes transcendants d'origine divine ou spirituelle, et sans contraintes liées à la transmission d'une culture ou d'une civilisation, ne génère-t-elle pas une fabrique dualiste de bourreaux et de victimes ?
Enfin pour rendre compte de ce Réel traumatisant ou exaltant, cela dépend où l'on se situe, bien des œuvres d'art sont là pour en rendre compte. La noirceur de la vision de l'homme des premiers théoriciens libéraux, qui repose sur le fondement irréfragable de son intérêt personnel et non sur la théorie anthropologique du don et du contre don observable sur toutes les tribus primitives et aussi sur la plupart des sociétés religieuses contemporaines, et les conséquences de cette vision noire, pessimiste et pauvre, sur le fonctionnement de la société, est bien rendu observable dans une grande partie de la production artistique issue du cinéma (je pense tout particulièrement à un film comme "Crash" de Cronenberg qui rend compte du thème de l'automutilation), de la bd, ou de la littérature.
Pour conclure la crise actuelle ne vient elle pas d'un contresens par les théoriciens libéraux de ce qui fait la nature profonde de l'homme, et aboutissant aujourd'hui à des phénomènes comme le sacrifice ou l'automutilation ? Ce vaste contresens n'est-il pas à l'origine de l'aporie ou crise de civilisation gigantesque dans laquelle nous nous trouvons ?
L'installation de Mark Boulos, que vous m'indiquez, est tout à fait magnifique et fonctionne très bien. Un bel exemple d'art engagé. On peut en recommander vivement le visionnement (votre lien).
On est effectivement aux antipodes des Tulipes de Koons et plus généralement de l'art que celui-ci développe. Un art qui a remporté un franc succès auprès d'un large public(Cf.l'exposition Jeff Koons du Centre Pompidou en 2014-2015).
On a bel et bien deux esthétiques et deux visions "politiques" du monde.
Ce qu'a montré et continue à montrer l'ensemble de cette polémique sur la toile, c'est l'importance croissante du point de vue économique dans l'art, ainsi que sur les intrications de plus en plus serrées du politique, de l'économique et de l'esthétique. L'importance et la monumentalité même du "cadeau" font problème d'emblée. Ainsi que la source et les modalités du don : "Vous imaginez la polémique internationale qu'aurait pu générer une position de la ville consistant à dire aux Américains, 'nous ne voulons pas de votre cadeau'?" [propos de Anne Hidalgo, Maire de Paris, Sur BMFTV le 06/02/18]
Par rapport à l'ensemble de cette question, j'ai deux positions :
- une position d'analyste et d'historienne qui consiste à répertorier et décrire au plus près les objets, les comportements et leurs contextes. Je n'ai pas ici à adopter de parti-pris. Jeff Koons est, de ce point de vue, un acteur conséquent et important de l'art actuel.
- une position personnelle (que je ne mets ordinairement pas en avant) correspondant à mes goûts et mes convictions.
En ce qui concerne "Les Tulipes de Koons", je dis NON à leur implantation projetée sur le terre-plein situé entre le Palais de Tokyo et le MAM. Ce refus est ESTHETIQUE (la monumentalité de l'œuvre et son caractère assez "Kitch" perturbant fondamentalement la perfection du monument et du site actuel) et aussi MORAL et/ou POLITIQUE (quel rapport avec les attentats de novembre 2016 ? quels sont les vœux des proches des victimes de ces attentats et de l'ensemble des parisiens ?).
Voici enfin un lien permettant d'appréhender le point de vue des associations de victimes de novembre 2016
https://www.nouveau-magazine-litteraire.com/idees/jeff-koons-bataclan-oeuvre-paris
A suivre
Bonjour,
Vos deux commentaires (en attente sur ma boîte de blog) sont intéressants, et très axés sur mai 68 (qu'effectivement j'avais évoqué). Mais je crains que le lecteur ne perde le fil de la question initiale (Koons et ses Tulipes).
Vous me permettrez donc de conserver en mémoire ces deux commentaires suivants. Il y aura d'autres occasions de parler de mai 68 (dont la commémoration : horrible terme !) interviendra bientôt.
Merci à vous.
Oui, l'art actuel est pris et enserré dans les rets de la société actuelle.
Notez bien que ce fut toujours le cas.
Mais que des artistes (Comme le "Guernica" de Picasso) parviennent à parler haut et fort.
L'installation de Mark Boulos est en effet une œuvre exceptionnelle. Et de circonstance pourrait-on dire ! Elle est magnifique parce qu'elle touche au « Tragique » au plus haut point et qu'elle donne des clés pour comprendre les actes terroristes. Pourtant le dispositif est très conventionnel. Mais, face à ce genre d’œuvre, vous ne sortez pas indemne. Vous êtes pris entre l’effroi et la fascination. Elle vous déroute. Vous ne savez plus très bien qui est l’oppresseur et qui est l'opprimé (on le sait mais on ne veut pas y croire). Nous sommes confrontés à un choc de civilisations qui s'enferment chacune dans leur rituel. Mais l'une est appelée à disparaître.
Il est étrange qu'une œuvre aussi ECLAIRANTE soit si peu mise en lumière. Pourtant elle avait été programmée en 2012 à La ferme du Buisson 2 ans avant celle de Koons à Beaubourg.
http://www.lafermedubuisson.com/plus-de-croissance-un-capitalisme-ideal
Ce genre d'exposition est généralement beaucoup moins médiatisée (pour ne pas dire « à peine »). Et si Koons a rencontré autant de succès à Beaubourg c'est que tout à été mis en œuvre pour qu'il en soit ainsi. Matraquage médiatique pendant des semaines et des semaines dans toute la presse écrite, radiophonique, télévisuelle. Forcément c'était inévitable. J'ai vu son expo à Beaubourg (j'allais pour celle de Duchamp) et bien elle était complètement insignifiante voire indigente, et n'apportait aucune Valeur Intellectuelle Ajoutée (au contraire, elle en enlevait) en rapport à celle de Duchamp parallèlement programmée. Je me souvient que France Culture avait fait le déplacement et fait l'éloge de Koons en le comparant au Grand Marcel. C'est d'ailleurs Fabrice Bousteau invité de l'émission « Les matins », rédacteur de Beaux Arts Magazine, qui avait demandé poliment à Koons de faire un don d'une de ses œuvres à Beaubourg, l'américain lui avait répondu que ça « serait » bien en effet que Beaubourg ait une de ses œuvres (on voit ce que cela donne aujourd'hui). Quelle mascarade, c'était affligeant de bêtises. J'avais écrit un article virulent à ce sujet que j'avais titré : « De l'infra-mince à l'ultra-épais ».
Quant aux propos de Madame Hidalgo sur BFM TV et sa « peur » de créer une polémique internationale en disant non à ce projet, j'ai bien envie de lui répondre que Jacques Chirac a eu le courage de ne pas participer à la seconde guerre du golf. Une décision bien plus difficile à prendre il me semble. Et je ne parle même pas des prises de positions de De Gaule à l’endroit des américains. Donc madame Hidalgo se créer un faux problème. Son rôle est de faire entendre à monsieur Koons et à l'ambassadrice des Etats Unis, qu'en France il y a des règles en matière d'occupation d'espace public et que Koons ne peut pas y déroger. Il doit s'y « courber ».
Maintenant si nous devions faire le bilan des arguments favorables et défavorables, on s'aperçoit vite que se sont les derniers qui le remportent. Et ce sur tous les plans. D'ailleurs votre lien sur l'avis des victimes ne fait que le confirmer, pour moi il suffit à lui seul.
Donc affaire à suivre en effet
Ceci en réponse :
- Tout d'abord, ce ne sont pas les media qui font les œuvres, ni le public.
Cela a été vrai de tout temps. Bien des œuvres importantes ont d'abord été ignorées, niées et ne se sont imposées qu'avec le temps.
- Je ne suis pas aussi sévère avec Koons que vous. En tant qu'historienne, il m'apparaît comme un singulier miroir de nos sociétés et bien des éléments de son œuvre pourraient (si l'on se basait sur une forme d'humour) avoir une force critique. Je songe au crustacé exposé à Versailles et dont le kitch et la rutilance n'étaient pas sans correspondants dans certains styles versaillais.
Ses miroirs et reflets, par ailleurs, me plaisaient et je ne les trouvais pas déplacés dans la Galerie des glaces.
La 3e édition de mon Histoire matérielle et immatérielle de 2008 avait pour couverture une œuvre de Koons (qui comporte ce miroir et repose sur une mise en abîme). - Je souhaitais alors quelque chose de résolument "contemporain" et qui s'adresse à un public qui ne va pas forcément vers l'art.
Une certaine donne est peut-être en train de changer dans les goûts du public qui pourrait avoir besoin d'un retour à des valeurs esthétiques plus établies.
J'avais vu aussi l'expo Duchamp : le Grand Verre [en l'occurrence un de ses doubles] y était un peu "clinquant". Difficile, impossible de comparer Koons et Duchamp.
Mais - bien sûr - la question des "Tulipes" est autre. Et les fameux sacs Vuitton ne m'ont pas fait rêver. Le sac à dos Van Gogh a eu du mal à passer.
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