J'ai suivi une formation en philosophie qui va s'orienter sur un doctorat trans-disciplinaire qui portera sur Artaud, Metzger et Collingwood. Un des buts de la these serait de trouver une piste de réponse sur le debat sur la mort de l'auteur. Je viens de découvrir votre travail et j'aimerais tout lire ! Existe-t-il des versions numériques ?
J'ai également beaucoup apprécié votre conference sur Céline.
Bonjour et bonne année aussi à vous. Vous tenez là un beau sujet de recherches. A la croisée de 3 univers très différents, mais avec des points de jonction et des interférences prometteuses. En ce qui concerne la question - technique - sur mes ouvrages : le seul actuellement en numérique est L'Affaire Artaud (Fayard). Vous trouverez les autres soit en bibliothèque (vous pouvez demander à ce que ces bibliothèques se les procurent, en librairie ou sur les sites. Les plus intéressants pour vous seraient : - Sur l'électrochoc, le Cas Antonin Artaud. - Antonin Artaud dans la guerre. De Verdun à Hitler. L'hygiène mentale - et bien sûr : la grosse biographie, très détaillée sur la question des asiles, des traitements et sur la fin de vie d'Artaud. C'était Antonin Artaud. - Il y a aussi Les dessins (Antonin Artaud, Portraits et gris-gris). Question importante par rapport à Metzger
Je vous souhaite une excellente immersion dans ce travail…
Mon point de jonction est le debat de la mort de l'auteur initie par Barthes en 1969 sans son fameux essai du meme nom. Le but serait de lire diffractivement Artaud (et le "revival" des sentiments dans le theatre de la cruauté) Metzger (et ses re-creation de mentalités) et enfin Collingwood (et son idee de re-enactment du passe).
(par exemple on pourrait reconstituer la mentalite de Artaud cherchant a "revive" les sentiments)
J'ai lu les 28 volumes des OC, donc ce n'est pas complètement nouveau pour moi!
Jean-Joseph GOUX me demande de poster (pour lui) sur ce blog le message suivant :
" Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif.. Cinquante ans est une période de temps assez longue pour les historiens (que de petites et grandes choses se sont passées dans le monde!), mais finalement plutôt courte et rapide pour ceux qui l'ont vécu. J'attends avec impatience, mais sans énervement, le déferlement d'articles en tout genre qui va avoir lieu bientôt (et même qui a commencé) sur 68. Meilleurs vœux 2018 à toutes et à tous.
Dans cette perspective-là (N'oubliez pas Foucault à l'arrière-plan), l'ouvrage que j'ai consacré à L'Affaire Artaud (Fayard, 2009) prendrait de nouvelles résonances. À creuser.
Je viens de commencer la lecture de l'Affaire Artaud! Votre style et votre humour sont tres agreables! Si besoin est, puis-je vous poser quelques questions? Bien a vous, JB Dubois
Un article interessant qui ressemble a l'affaire Artaud (excusez moi ce terme)! Le meme combat entre les amis et la famille... http://www.20minutes.fr/societe/2207919-20180124-lyon-paul-bocuse-voulait-hommage-national-comme-reclament-chefs
Certes. - On se situe ici, toutefois, à un autre niveau et une autre acception de "la mort de l'auteur". Une fois mort, l'auteur ne s'appartient plus. Il devient une espèce de "bien commun" autour duquel peuvent s'articuler bien des interprétations divergentes.
La "grande" différence, c'est que - au moment de la mort d'Artaud - il n'a aucunement été question "d'obsèques nationales". Bien au contraire.
Le débat entre "la famille et les amis" portait sur la question du bien fondé ou non d'obsèques "religieuses".
Dans les deux cas toutefois il est question d'us et coutumes, et de la façon dont les honneurs ou les traditions peuvent respecter ou non les volontés d'un mort, tout en servant les choix et les intérêts des vivants.
D'où l'instrumentalisation que toute société opère et sur les rituels liés à la mort de l'auteur, et sur ce que deviennent l'auteur et/ou son œuvre après sa mort.
En écho à « Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif... »
La vie intérieure, c'est tout ce que ne peut pas nous prendre les riches. Mais ils nous ont volé non seulement tous nos biens matériels, mais aussi ce qui faisait notre vie spirituelle, c'est-à-dire notre richesse, par jalousie et envie. Ce que les seigneurs ne parvinrent jamais à faire avec le peuple sous l'ancien régime, l'oligarchie l'a fait. Ou encore le régime libéral globalisant/totalisant/monolithique l'a fait au détriment de toute culture/ civilisation par définition pluralistes/plurielles/singulières. Tout ça pour éviter les guerres de religion nous dit-on.
On me répond On ne mesure pas encore assez tout le mal que ces sectes qui se font appeler "religion" ont pu faire à l'humanité !
Et moi je dis qu'on ne mesure pas non plus tout le mal que cette secte appelé libéralisme est en train faire à l'humanité. Le monde sacré issu du judéo-christianisme en Europe a quand même tenu pendant 1500 ans. Il s'éteint aujourd'hui sous les coups de boutoir d'un nouveau dogme, et ce dogme est celui de la sainte trinité de l'orthodoxie libéral : croissance, innovation, baisse des dépenses publiques. Le progressisme actuel a gardé de l'idéal des Lumières la Liberté (sans garde-fous), mais il a oublié l'égalité de droit (car on ne peut nier qu'il y a des différences entre les hommes), destinée justement à compenser ces différences, et surtout il a oublié la fraternité. Le nouveau dogme a connu un coup de fouet sous l'ère Thatcher/Reagan et semble être à son apogée (mais il peut en réalité encore "mieux faire"), c'est-à-dire que son aspect globalisant/totalisant est en train de séduire et de convertir la planète entière sous son "emprise" sans aucune autre alternative possible, plus que sous son "empire" d'ailleurs. Car la séduction qu'il exerce se fait dans l'intimité de chacun, dans ce que chacun a de plus profond en lui, et non pas seulement de façon superficielle comme les régimes totalitaires comme le nazisme ou le stalinisme contre lesquels on pouvait toujours résister par les armes ou bien par l'esprit (la vie intérieure). Ce dogme d'abord timide à ses débuts, la première révolution industrielle en Grande-Bretagne et en Wallonie vers les années 1750, marche désormais à plein régime et écrase tout sur son passage, bousculant les vieux clivages gauche/droite, qui ne s'affrontent plus que sur des questions sociétales mais qui sont d'accord sur le fond. Une politique identique sur les questions économiques conformes à l'orthodoxie financière, c'est-à-dire au dogme. Donc le régime libéral a seulement un peu plus de 250 ans, pensez-vous vraiment qu'il tiendra aussi longtemps que 1500 ans ? Devant certains de ses effets (réchauffement climatique dû aux effets de gaz à effet de serre, exploitation à outrance des ressources naturelles jusqu'à épuisement, augmentation exponentielle de la population etc. et j'en passe sur les effets destructeurs), on peut en douter fortement.
Hawkins, d'après ses calculs dit que la planète va cramer dans environ 600 ans, malgré tous nos efforts, et encore je le trouve bien optimiste. Mais ce n'est pas tout, certes les richesses matérielles augmentent, mais cela ne profite de plus en plus qu'à une certaine catégorie de la population, car dans la réalité les écarts de richesses augmentent, et ce n'est plus l'ascenseur social qui est en panne, mais le plancher social qui est troué. La "théorie du ruissellement" avancée par les théoriciens moderne du libéralisme pour justifier leur doctrine (au fond irrationnelle), est un mythe que la réalité vient contredire amèrement, puisque les écarts de richesse augmentent tous les jours et que le fameux 1% (le 1% le plus riche de la planète qui possède 50% des richesses mondiales) ne cesse de s'enrichir, et que les 90% les plus pauvres, ne cessent de s'appauvrir, c'est-à-dire de se partager une petite part de gâteau de plus en plus maigre, environ 14% des richesses mondiales, quand les 10% en possèdent 86 %.
Bref tout ça pour dire que le régime libéral ne vaut pas mieux que le monde judéo-chrétien, voire même et c'est mon hypothèse qu'on a perdu au change, car non seulement il est aussi dogmatique, voire plus... avec son politiquement correct notamment, c'est-à-dire une pensée conforme avec laquelle il cherche à conditionner les masses indécises, ainsi que son aspect totalisant/globalisant/ monolithique destructeur de toutes les cultures/civilisations pluralistes/plurielles/singulières, mais en plus, oui car ce n'est pas tout, il est terriblement plus destructeur en ayant supprimé toute forme de régulation que pouvaient apporter les interdits de la civilisation et de la culture. Comme plus rien n'est sacré/tabou, tout est permis.
Oui on peut poser comme principe que la vie est absolument absurde, je crois que cette assertion ne fait plus aucun doute pour personne un tant soit peu lucide.
Deux grands philosophes en ont tiré des conclusions différentes, Schopenhauer au nom de ce constat en a tiré la conclusion qu'il fallait avoir un comportement empreint de compassion dans la conduite de sa vie.
Nietzsche au contraire en a tiré les interprétations les plus folles, les plus cruelles, et les plus radicales et que comme « rien n'est vrai tout est permis » (ou plutôt on pourrait dire qu'il a repris cette formule de Dostoïevski à son compte).
C'est malheureusement de nos jours la vision nietzschéenne qui l'a emporté sur la schopenhaurienne, qui contenait plus d'humanité, mais aussi davantage de pessimisme. L'aspect libertaire du libéralisme, c'est cela qu'exalte notamment la philosophie de Nietzsche dans ce qu'elle a de plus radical. Il est vrai que Nietzsche n'est en rien responsable de toutes les interprétations délirantes que l'on peut tirer de son oeuvre, mais c'est lui qui en premier a tiré de l'absurdité foncière de l'existence les interprétations les plus radiclaes. Nietzsche n'est ni responsable, ni coupable, mais ses héritiers en ont tiré comme conclusion avec une certaine mauvaise foi qu'ils étaient responsables mais pas coupables, alors qu'ils sont foncièrement irresponsables. C'est ainsi en tout cas que j'interprète un mouvement comme mai 68
L'humanité est en roue libre sans garde-fous, et même privée de culture qui en l'absence de morale ne peut plus se transmettre, car l'éthique personnelle n'a aucune racine religieuse donc aucune racine collective, elle est donc caduque.
Notre monde c'est "Sa majesté des mouches", étendu à l'ensemble des enfants certes, où l'éducation ne peut plus remplir son rôle de transmission, car les enfants sont trop ensauvagés par la publicité, les écrans et des parents démissionnaires. Mais aussi étendu à l'ensemble des adultes, où ce qui régit le monde du travail et de plus en plus celui de la culture et de l'éducation, sont des relations humaines basées sur la perversion, c'est-à-dire où s'en sortent ceux qui s'adaptent le mieux, donc ceux qui jouissent le plus d'un Réel soumis à la pur prédation, une fabrique en réalité à générer des bourreaux et des victimes.
Merci pour votre participation à cette expression collective. Et pour ce "constat" établi en cette ouverture d'année 2018. Votre bilan théorique et politique est sans concession. Et votre vigilance bien en éveil.
Expression, analyse et discussion restent ouvertes…
Philosophe de formation, écrivain, spécialiste de l’art moderne et contemporain, Maître de conférences (Université Paris I,1981-2004). - Photographe, cinéaste. - Livres sur Le dessin d'enfant, van Gogh, André Masson, Duchamp, Picasso, Gutai, les nouvelles technologies, Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne et contemporain (Bordas, 1994/Larousse, 2004 ; 2017). Collaboration à des revues (Art Press, Art News, Communications, La Nouvelle Revue Française, Traverses, La Revue d'Esthétique, Parachute, Vertigo, etc.). Dix ouvrages consacrés aux différentes vies d'Antonin Artaud. 1984 : Antonin Artaud, Portraits et gris-gris (Blusson, éditions augmentées, 2007-2019). - C’était Antonin Artaud, biographie (Fayard, 2006) ; Sur l’électrochoc, le Cas Antonin Artaud (1996, Blusson) ; Antonin Artaud dans la guerre, de Verdun à Hitler (Blusson, 2013), etc. - FICTIONS Borges & Borges illimited; Et Beckett se perdit dans les roses, Blusson 1993 et 2007). - Dernier ouvrage : BACON ARTAUD VINCI. Une blessure magnifique, Blusson, 2019.
13 commentaires:
Chère Madame, une bonne année a vous!
J'ai suivi une formation en philosophie qui va s'orienter sur un doctorat trans-disciplinaire qui portera sur Artaud, Metzger et Collingwood. Un des buts de la these serait de trouver une piste de réponse sur le debat sur la mort de l'auteur. Je viens de découvrir votre travail et j'aimerais tout lire ! Existe-t-il des versions numériques ?
J'ai également beaucoup apprécié votre conference sur Céline.
Bien a vous,
Jb Dubois
Bonjour et bonne année aussi à vous.
Vous tenez là un beau sujet de recherches. A la croisée de 3 univers très différents, mais avec des points de jonction et des interférences prometteuses.
En ce qui concerne la question - technique - sur mes ouvrages : le seul actuellement en numérique est L'Affaire Artaud (Fayard).
Vous trouverez les autres soit en bibliothèque (vous pouvez demander à ce que ces bibliothèques se les procurent, en librairie ou sur les sites.
Les plus intéressants pour vous seraient :
- Sur l'électrochoc, le Cas Antonin Artaud.
- Antonin Artaud dans la guerre. De Verdun à Hitler. L'hygiène mentale
- et bien sûr : la grosse biographie, très détaillée sur la question des asiles, des traitements et sur la fin de vie d'Artaud. C'était Antonin Artaud.
- Il y a aussi Les dessins (Antonin Artaud, Portraits et gris-gris). Question importante par rapport à Metzger
Je vous souhaite une excellente immersion dans ce travail…
Bien à vous.
FM
Bonjour ! Merci pour votre réponse détaillée.
Mon point de jonction est le debat de la mort de l'auteur initie par Barthes en 1969 sans son fameux essai du meme nom. Le but serait de lire diffractivement Artaud (et le "revival" des sentiments dans le theatre de la cruauté) Metzger (et ses re-creation de mentalités) et enfin Collingwood (et son idee de re-enactment du passe).
(par exemple on pourrait reconstituer la mentalite de Artaud cherchant a "revive" les sentiments)
J'ai lu les 28 volumes des OC, donc ce n'est pas complètement nouveau pour moi!
Merci pour votre attention!
Sincèrement,
Jean-Baptiste Dubois.
Jean-Joseph GOUX me demande de poster (pour lui) sur ce blog le message suivant :
" Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif.. Cinquante ans est une période de temps assez longue pour les historiens (que de petites et grandes choses se sont passées dans le monde!), mais finalement plutôt courte et rapide pour ceux qui l'ont vécu.
J'attends avec impatience, mais sans énervement, le déferlement d'articles en tout genre qui va avoir lieu bientôt (et même qui a commencé) sur 68.
Meilleurs vœux 2018 à toutes et à tous.
Jean-Joseph Goux"
Dans cette perspective-là (N'oubliez pas Foucault à l'arrière-plan), l'ouvrage que j'ai consacré à L'Affaire Artaud (Fayard, 2009) prendrait de nouvelles résonances.
À creuser.
Bien à vous.
FM
Je viens de commencer la lecture de l'Affaire Artaud! Votre style et votre humour sont tres agreables! Si besoin est, puis-je vous poser quelques questions? Bien a vous, JB Dubois
Un article interessant qui ressemble a l'affaire Artaud (excusez moi ce terme)! Le meme combat entre les amis et la famille... http://www.20minutes.fr/societe/2207919-20180124-lyon-paul-bocuse-voulait-hommage-national-comme-reclament-chefs
Certes. - On se situe ici, toutefois, à un autre niveau et une autre acception de "la mort de l'auteur". Une fois mort, l'auteur ne s'appartient plus. Il devient une espèce de "bien commun" autour duquel peuvent s'articuler bien des interprétations divergentes.
La "grande" différence, c'est que - au moment de la mort d'Artaud - il n'a aucunement été question "d'obsèques nationales". Bien au contraire.
Le débat entre "la famille et les amis" portait sur la question du bien fondé ou non d'obsèques "religieuses".
Dans les deux cas toutefois il est question d'us et coutumes, et de la façon dont les honneurs ou les traditions peuvent respecter ou non les volontés d'un mort, tout en servant les choix et les intérêts des vivants.
D'où l'instrumentalisation que toute société opère et sur les rituels liés à la mort de l'auteur, et sur ce que deviennent l'auteur et/ou son œuvre après sa mort.
En écho à « Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif... »
La vie intérieure, c'est tout ce que ne peut pas nous prendre les riches. Mais ils nous ont volé non seulement tous nos biens matériels, mais aussi ce qui faisait notre vie spirituelle, c'est-à-dire notre richesse, par jalousie et envie. Ce que les seigneurs ne parvinrent jamais à faire avec le peuple sous l'ancien régime, l'oligarchie l'a fait. Ou encore le régime libéral globalisant/totalisant/monolithique l'a fait au détriment de toute culture/ civilisation par définition pluralistes/plurielles/singulières. Tout ça pour éviter les guerres de religion nous dit-on.
On me répond On ne mesure pas encore assez tout le mal que ces sectes qui se font appeler "religion" ont pu faire à l'humanité !
Et moi je dis qu'on ne mesure pas non plus tout le mal que cette secte appelé libéralisme est en train faire à l'humanité. Le monde sacré issu du judéo-christianisme en Europe a quand même tenu pendant 1500 ans. Il s'éteint aujourd'hui sous les coups de boutoir d'un nouveau dogme, et ce dogme est celui de la sainte trinité de l'orthodoxie libéral : croissance, innovation, baisse des dépenses publiques. Le progressisme actuel a gardé de l'idéal des Lumières la Liberté (sans garde-fous), mais il a oublié l'égalité de droit (car on ne peut nier qu'il y a des différences entre les hommes), destinée justement à compenser ces différences, et surtout il a oublié la fraternité. Le nouveau dogme a connu un coup de fouet sous l'ère Thatcher/Reagan et semble être à son apogée (mais il peut en réalité encore "mieux faire"), c'est-à-dire que son aspect globalisant/totalisant est en train de séduire et de convertir la planète entière sous son "emprise" sans aucune autre alternative possible, plus que sous son "empire" d'ailleurs. Car la séduction qu'il exerce se fait dans l'intimité de chacun, dans ce que chacun a de plus profond en lui, et non pas seulement de façon superficielle comme les régimes totalitaires comme le nazisme ou le stalinisme contre lesquels on pouvait toujours résister par les armes ou bien par l'esprit (la vie intérieure). Ce dogme d'abord timide à ses débuts, la première révolution industrielle en Grande-Bretagne et en Wallonie vers les années 1750, marche désormais à plein régime et écrase tout sur son passage, bousculant les vieux clivages gauche/droite, qui ne s'affrontent plus que sur des questions sociétales mais qui sont d'accord sur le fond. Une politique identique sur les questions économiques conformes à l'orthodoxie financière, c'est-à-dire au dogme. Donc le régime libéral a seulement un peu plus de 250 ans, pensez-vous vraiment qu'il tiendra aussi longtemps que 1500 ans ? Devant certains de ses effets (réchauffement climatique dû aux effets de gaz à effet de serre, exploitation à outrance des ressources naturelles jusqu'à épuisement, augmentation exponentielle de la population etc. et j'en passe sur les effets destructeurs), on peut en douter fortement.
Hawkins, d'après ses calculs dit que la planète va cramer dans environ 600 ans, malgré tous nos efforts, et encore je le trouve bien optimiste. Mais ce n'est pas tout, certes les richesses matérielles augmentent, mais cela ne profite de plus en plus qu'à une certaine catégorie de la population, car dans la réalité les écarts de richesses augmentent, et ce n'est plus l'ascenseur social qui est en panne, mais le plancher social qui est troué. La "théorie du ruissellement" avancée par les théoriciens moderne du libéralisme pour justifier leur doctrine (au fond irrationnelle), est un mythe que la réalité vient contredire amèrement, puisque les écarts de richesse augmentent tous les jours et que le fameux 1% (le 1% le plus riche de la planète qui possède 50% des richesses mondiales) ne cesse de s'enrichir, et que les 90% les plus pauvres, ne cessent de s'appauvrir, c'est-à-dire de se partager une petite part de gâteau de plus en plus maigre, environ 14% des richesses mondiales, quand les 10% en possèdent 86 %.
Bref tout ça pour dire que le régime libéral ne vaut pas mieux que le monde judéo-chrétien, voire même et c'est mon hypothèse qu'on a perdu au change, car non seulement il est aussi dogmatique, voire plus... avec son politiquement correct notamment, c'est-à-dire une pensée conforme avec laquelle il cherche à conditionner les masses indécises, ainsi que son aspect totalisant/globalisant/ monolithique destructeur de toutes les cultures/civilisations pluralistes/plurielles/singulières, mais en plus, oui car ce n'est pas tout, il est terriblement plus destructeur en ayant supprimé toute forme de régulation que pouvaient apporter les interdits de la civilisation et de la culture. Comme plus rien n'est sacré/tabou, tout est permis.
Oui on peut poser comme principe que la vie est absolument absurde, je crois que cette assertion ne fait plus aucun doute pour personne un tant soit peu lucide.
Deux grands philosophes en ont tiré des conclusions différentes, Schopenhauer au nom de ce constat en a tiré la conclusion qu'il fallait avoir un comportement empreint de compassion dans la conduite de sa vie.
Nietzsche au contraire en a tiré les interprétations les plus folles, les plus cruelles, et les plus radicales et que comme « rien n'est vrai tout est permis » (ou plutôt on pourrait dire qu'il a repris cette formule de Dostoïevski à son compte).
C'est malheureusement de nos jours la vision nietzschéenne qui l'a emporté sur la schopenhaurienne, qui contenait plus d'humanité, mais aussi davantage de pessimisme. L'aspect libertaire du libéralisme, c'est cela qu'exalte notamment la philosophie de Nietzsche dans ce qu'elle a de plus radical. Il est vrai que Nietzsche n'est en rien responsable de toutes les interprétations délirantes que l'on peut tirer de son oeuvre, mais c'est lui qui en premier a tiré de l'absurdité foncière de l'existence les interprétations les plus radiclaes. Nietzsche n'est ni responsable, ni coupable, mais ses héritiers en ont tiré comme conclusion avec une certaine mauvaise foi qu'ils étaient responsables mais pas coupables, alors qu'ils sont foncièrement irresponsables. C'est ainsi en tout cas que j'interprète un mouvement comme mai 68
L'humanité est en roue libre sans garde-fous, et même privée de culture qui en l'absence de morale ne peut plus se transmettre, car l'éthique personnelle n'a aucune racine religieuse donc aucune racine collective, elle est donc caduque.
Notre monde c'est "Sa majesté des mouches", étendu à l'ensemble des enfants certes, où l'éducation ne peut plus remplir son rôle de transmission, car les enfants sont trop ensauvagés par la publicité, les écrans et des parents démissionnaires. Mais aussi étendu à l'ensemble des adultes, où ce qui régit le monde du travail et de plus en plus celui de la culture et de l'éducation, sont des relations humaines basées sur la perversion, c'est-à-dire où s'en sortent ceux qui s'adaptent le mieux, donc ceux qui jouissent le plus d'un Réel soumis à la pur prédation, une fabrique en réalité à générer des bourreaux et des victimes.
Merci pour votre participation à cette expression collective.
Et pour ce "constat" établi en cette ouverture d'année 2018.
Votre bilan théorique et politique est sans concession.
Et votre vigilance bien en éveil.
Expression, analyse et discussion restent ouvertes…
Florence de Mèredieu
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