dimanche 30 septembre 2018

PICASSO BLEU. PICASSO ROSE.

Acrobate à la boule, 1905.
© Moscou, The Pushkin State Museum of Fine Arts.
Succession Picasso.

PICASSO, BLEU ET ROSE
Au Musée d'ORSAY
Du 18 septembre 2018 au 6 janvier 2019.

BLEU et ROSE. - Des couleurs, et puis le mélange de ces couleurs. Paul Klee, dans ses écrits, a des pages admirables sur l’opposition et la confrontation du NOIR et du BLANC. Pourrait-on appliquer ce qu’il en dit aux « périodes » rose et bleue de Picasso ?

Le processus diffère. Picasso part d’une certaine monochromie (diversifiée certes et déclinée en camaïeux) - le BLEU - pour virer insensiblement jusqu’à une infiltration lente du ROSE dans le BLEU. Jusqu’à la production d’un ensemble de toiles, ocres et rosées, fragiles et "poussiéreuses", comme de graciles Tanagras.

Arrivé à Paris en 1900, Picasso commence par une période fauve et colorée (La Naine ; La Pierreuse, 1901). - Le 17 février 1901, son ami Carlos Casagemas se donne la mort. Dans les mois qui suivent, la peinture de Picasso se transforme du tout en tout. Les nuages, les camaïeux de bleus et le modelé des corps du Greco envahissent ses toiles. L’Enterrement du comte d’Orgaz (1588) du peintre de Tolède obsède Picasso. Le bleu s’infiltre dans son pinceau et dans son âme.

Ce bleu qui colore tout à la façon d’une atmosphère va occuper Picasso jusqu’en 1904. - Le peintre voit bleu, peint bleu, soupire et rêve bleu. Objets, paysages et personnages sont ainsi trempés dans un bleu souvent proche du « bleu de méthylène » de nos enfances, mais qui se décline aussi à l’infini, se pare de gris, de verts, de violets. Tout en demeurant avant tout BLEU, POISSEUX, VAPOREUX, TRAGIQUE, intensément POÉTIQUE.

Quelques touches de rouge, de jaune, viennent souvent appuyer et relayer ces bleus. Comme dans l’Arlequin assis de l’automne 1901. Une bouche rouge, quelques fleurs, une grande collerette de pierrot et une nappe blanche servent de caisse de résonance au personnage qui demeure bleu dans sa vêture en damiers.

Fin 2004, le bleu tourne insensiblement à l’ocre, au rose. Le bleu se mélange. On voit des chairs redevenir roses, des fonds virer, s’éclaircir et muer. La toile, les fonds, les atmosphères sont de sables, de terres et d’ocres. Roses. Rouges. Bruns.

Cette savante mutation accompagnera la naissance des Demoiselles d’Avignon* (1907) dont les grands corps de chairs se déclineront en facettes acérées.

*La grande toile sera dénommée par les compagnons de Picasso "le bordel d'Avignon" ou le "bordel philosophique".

Kant et Picasso, le bordel philosophique

Les deux frères, 1906. © Succession Picasso.

2 commentaires:

Lalasong a dit…

Chère madame, j ai suivi votre enseignement en tant qu’élève a La Sorbonne. Aujourd’hui artiste peintre diplômée des Beaux-arts de Paris, j aimerai beaucoup vous présenter mon travail. Vous pouvez si vous le souhaitez consulter mon site internet : www.alicemauchamp.com. J’ai été très marquée par le travail de gutai et notamment shiraga et son rapport à la danse. N hésitez pas si vous êtes intéressée à me laisser un commentaire sur mon adresse, contact@alicemauchamp.com. Merci pour votre enseignement qui était extrêmement enrichissant. Bien cordialement à vous, Alice Mauchamp

fdemeredieu a dit…

Merci pour ce message. - Je suis allée sur votre site (où l'on peut bien apprécier votre travail, la procédure de la "toile au sol", la "vie" des couleurs, etc.). Je comprends bien également votre intérêt par rapport à Gutai (cf. votre mémoire de 2004). Sans doute connaissez-vous l'ouvrage que j'avais fait éditer en 2002, Gutai. Moments de destruction/Moments de beauté, Blusson. Ouvrage qui faisait suite à l'exposition Gutai du Jeu de Paume. - Quelques références au livre y figurent sur mon blog. - Mais le Gutai "excédait" de beaucoup la peinture et militait (dans ses débuts au moins) pour une "peinture" très élargie…
Bonne chance et bien du bonheur pour la suite de vos peintures…

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