Paris, 26 rue du Départ - Situation en 1926.
Projet réalisé pour la première fois par Frans Postma
en 1994-1995 lors de l’exposition "Earthly Paradise" au Beurs van Berlage d’Amsterdam. Haarlem, Collection Link.
Les ateliers d'artistes fascinent. Depuis le XIXe siècle, une certaine vision romantique du travail de l'artiste veut effectivement que l'un soit comme la projection et le reflet de l'autre.
Cette influence joue d'ailleurs dans les deux sens. Et l'on comprend que bien des découvertes puissent surgir de l'atmosphère et du cadre étudié d'un atelier.
La contemplation conjointe (ou successive) des photographies de deux ateliers célèbres renforce cette idée. Celui de Mondrian est froid, rigoureux et coloré, celui de Francis Bacon, minuscule et surencombré, souillé et maculé comme une palette antique. Deux mondes, deux planètes s'opposent et nous font face. Sans qu'on puisse découvrir là aucun espace commun.
L'habitat du peintre, sa coquille, le lieu où il travaille, tout cela se prolonge dans sa production. Celui-ci apparaît, en retour, comme une sorte d'œuvre ultime du peintre. Work in progress, que la mort seule vient figer, stopper.
L'exposition du Centre Pompidou reconstitue l'un des ateliers de Mondrian. On peut s'y promener comme l'on ferait dans l'une de ses œuvres. - Du gris, du noir, du jaune, du rouge. Beaucoup de blanc. Des lignes austères. Les éléments utilitaires (poêle, table, éléments de rangements, etc.) se fondent dans ce qui fait « tableau » ou se présente comme « sculpture-habitacle ».
On ne peut s'empêcher d'imaginer ce que put être la vie du peintre dans un environnement aussi contraignant. La gomme, la règle, la paire de ciseaux, etc., tout cela devait assurément posséder une forme et une couleur particulières.
Lorsque Mondrian mangeait des fruits, les choisissait-il en fonction de leur forme (mais un fruit, à moins d'être coupé, peut-il être rectangulaire ou bien carré...) et de leur couleur (orange, fraise, banane, cerise) ? On comprend que dominait un processus d'exclusion de tout cela qui, par sa forme, sa couleur, sa bizarrerie, sa vulgarité, ne pouvait s'adapter et se fondre dans le "tout Mondrian" de l'atelier.
L'atelier de Bacon dût, quant à lui, connaître d'autres contraintes. Ce qui y domine est un certain "fouillis", un amalgame de couleurs, de tubes, de pots, de pinceaux, de journaux découpés, de photographies épinglées au mur, déchirées et elles aussi maculées.
Voilà donc deux ateliers. Deux mondes. A visiter. L'un après l'autre. Pour bien se persuader de la richesse et l'extrême diversité du monde de « la peinture ».
(Sur l'Atelier de Mondrian et son influence sur l'œuvre de l'artiste : Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne, Larousse, pp.. 512-513).
Cette influence joue d'ailleurs dans les deux sens. Et l'on comprend que bien des découvertes puissent surgir de l'atmosphère et du cadre étudié d'un atelier.
La contemplation conjointe (ou successive) des photographies de deux ateliers célèbres renforce cette idée. Celui de Mondrian est froid, rigoureux et coloré, celui de Francis Bacon, minuscule et surencombré, souillé et maculé comme une palette antique. Deux mondes, deux planètes s'opposent et nous font face. Sans qu'on puisse découvrir là aucun espace commun.
L'habitat du peintre, sa coquille, le lieu où il travaille, tout cela se prolonge dans sa production. Celui-ci apparaît, en retour, comme une sorte d'œuvre ultime du peintre. Work in progress, que la mort seule vient figer, stopper.
L'exposition du Centre Pompidou reconstitue l'un des ateliers de Mondrian. On peut s'y promener comme l'on ferait dans l'une de ses œuvres. - Du gris, du noir, du jaune, du rouge. Beaucoup de blanc. Des lignes austères. Les éléments utilitaires (poêle, table, éléments de rangements, etc.) se fondent dans ce qui fait « tableau » ou se présente comme « sculpture-habitacle ».
On ne peut s'empêcher d'imaginer ce que put être la vie du peintre dans un environnement aussi contraignant. La gomme, la règle, la paire de ciseaux, etc., tout cela devait assurément posséder une forme et une couleur particulières.
Lorsque Mondrian mangeait des fruits, les choisissait-il en fonction de leur forme (mais un fruit, à moins d'être coupé, peut-il être rectangulaire ou bien carré...) et de leur couleur (orange, fraise, banane, cerise) ? On comprend que dominait un processus d'exclusion de tout cela qui, par sa forme, sa couleur, sa bizarrerie, sa vulgarité, ne pouvait s'adapter et se fondre dans le "tout Mondrian" de l'atelier.
L'atelier de Bacon dût, quant à lui, connaître d'autres contraintes. Ce qui y domine est un certain "fouillis", un amalgame de couleurs, de tubes, de pots, de pinceaux, de journaux découpés, de photographies épinglées au mur, déchirées et elles aussi maculées.
Voilà donc deux ateliers. Deux mondes. A visiter. L'un après l'autre. Pour bien se persuader de la richesse et l'extrême diversité du monde de « la peinture ».
(Sur l'Atelier de Mondrian et son influence sur l'œuvre de l'artiste : Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne, Larousse, pp.. 512-513).
1 commentaire:
"L'atelier de Bacon", je l'ai retrouvé lors de l'écriture, en 2019, de mon livre consacré à "BACON, ARTAUD, VINCI. Une blessure magnifique" (Editions Blusson, 2019). Prégnant, physique. Et qui est à la fois source et prolongement de l'œuvre.
Ce qui amènerait au fameux texte que Michel Foucault a consacré aux Ménines de Vélasquez et aux singuliers prolongements spatiaux d'un tableau qui enjambe et mêle les espaces.
Enregistrer un commentaire