dimanche 21 août 2011

ISSEY MIYAKE. LA MODE. LE VENT. LE PLI.

Jeu sur les matières, déconstruction du vêtement ordinaire, création d'un univers de lignes autonomes : tels sont les maîtres mots de l'art d'Issey Miyake, styliste de mode né à Hiroshima le 22 avril 1938, qui commence par apprendre le stylisme à Tokyo avant de travailler à New York et à Paris.

Le tissu, au Japon, n'est jamais loin du papier ou de la fibre naturelle dont il dérive. L'hybridation des deux cultures - occidentale et japonaise - se traduit chez Miyake par des mélanges incongrus de matériaux : laine, soie, lin, rotin, polyester, caoutchouc, fil d'aluminium, etc.

La mode occidentale souligne étroitement le corps ; la mode japonaise tend, elle, à s'éloigner des lignes du corps pour recréer des volumes autonomes. Le vêtement, Miyake le veut hautement fonctionnel, mais ses contours correspondent à l'autonomie d'un volume indépendant du corps qui l'anime. Le vêtement vit de sa vie propre. Comme ces « manteaux à transformations » qui s'adaptent à divers usages ou ces robes lanternes, constituées d'armatures et de plissés à étages multicolores.

Le vêtement se noue et s'organise librement autour du corps. Les organes ou parties du corps immédiatement utiles, ceux qui se trouvent liés à la perception, la préhension et la locomotion - tête, pied, mains - affleurent seuls à la surface du tissu.

Intéressé par les vêtements de travail et par les costumes traditionnels du Japon, Miyake retiendra aussi la fonctionnalié des vêtements new-yorkais. D'où l'extrême simplicité des robes, capes, manteaux, imperméables, constitués d'une seule pièce d'étoffe et qui s'architecturent à l'instar de volumes ou d'organismes indépendants. L'amplitude et la liberté de ces formes confèrent au vêtement l'allure d'un oiseau, d'une tenue de samouraï ou celle encore d'un habitacle primitif.

Certaines coques ou vêtements sculptés épousent inversement au plus près les formes du corps. Tel ce bustier moulé en matière plastique qui révèle tous les détails du corps de la femme, de la pointe des seins à l'empreinte du nombril. Le vêtement se confond alors avec les corps qu'il voile, recouvre ou prolonge à la façon d'une prothèse.

D'autres vêtements rembourrent, camouflent, donnent à la silhouette une ampleur incongrue. Ainsi de cette robe-bustier « pneumatique » en polyester polyuréthane enrobant les hanches de rondeurs aérodynamiques. Ou ce bustier encore, en rotin, porté, à la façon d'une armure ou d'une parure d'insecte, sur une large jupe de polyuréthane laminé.

Que dire enfin de cette débauche, cette accumulation, cette surenchère de plis, de plissés - redondants, ouverts en éventail, emboîtés les uns dans les autres et qui sculptent le corps de manière baroque. D'autres plissés, tels des pétales, recouvrent le corps de fines architectures végétales.

La mode est pour Miyake une forme de rébellion ludique, poétique et amoureusement décalée. - Algues, roches, coquillages, insectes, écorces : la peau du vêtement mue, se hérisse de menues aspérités. Le corps s'enveloppe, tel un mutant, de divers cocons, huilés, métalliques. L'air, le vent font partie de ces structures qui se gonflent et s'animent, tels de nouveaux organismes, au gré des mouvements du corps.

Animation vidéo Issey Miyake

Vidéo Issey Miyake

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