Comment un artiste peut-il aujourd'hui traiter de la couleur ?
Peintre, sculpteur, "compositeur" d'événements diversement colorés, Antoine Perrot apporte une réponse spécifique.
Ses pigments, ses pinceaux, il les prélève dans le monde des objets manufacturés, produits en nombre par l'industrie. Ce monde-là, c'est celui d'où Marcel Duchamp préleva, il y a un siècle, ses fameux ready-made. Objets donnés et préexistants que l'artiste isole et désigne comme d'œuvres d'art.
C'est la couleur qui intéresse d'abord et avant tout Antoine Perrot. La dimension diversement colorée de ces objets de la société de consommation que nous utilisons quotidiennement.
Tous ces objets ont une couleur - spécifique. Il n'est plus alors à l'artiste qu'à récupérer et agencer ces couleurs "données", "toutes faites", et à les réorganiser dans l'espace de l'atelier ou de la galerie d'art. C'est bien alors la couleur qui est "ready-made". Produite par l'industrie. Reprise par l'artiste.
Celui-ci n'a plus qu'à empiler, accumuler tampons abrasifs, balais brosses, ganses et rubans de toutes sortes. Menus matériaux (ficelles, plastiques, gommettes, etc.). Et composer ainsi une toile, un tableau, une sculpture aux tons donnés et "reconnaissables".
Ces "ready-made" d'Antoine Perrot ont sans doute maintenant des caractéristiques qui leur sont propres et qui relèvent de la touche ou du choix (oserait-on dire du "goût") de l'artiste.
Il s'agit ici d'objets utilitaires, dérisoires, triviaux. Instruments ménagers. Eponges synthétiques. Sans compter ces rubans de toutes sortes dont nous faisons un si abondant usage.
Autre caractéristique propre à Antoine Perrot : le caractère violemment polychrome de ses œuvres. Les objets et matériaux repérés se déclinent de manière multicolore. Orange, bleu, rouge, jaune, vert, violet : les coloris repérés sont vifs. Et parfois même "fluos".
Quant aux œuvres - constituées de ces objets ou ustensiles, désitués ou enchâssés (pour faire tableau) au sein de simple cadres géométriques -, elles déclinent précisément l'arsenal entier de cette polychromie. Jour de bonheur n° 4 (2011) exhibe un set de table aux rubans tressés multicolores.
Cette attention portée aux caractères sensibles et sensoriels de l'objet est peut-être ce qui distingue la démarche d'Antoine Perrot de celle de Duchamp.
Privilégiant une dimension conceptuelle, celui-ci se méfiait de tout l'aspect rétinien de l'art. Ses objets ready-made ont certes une couleur. Mais ils ne furent pas choisis ou "prélevés" (car Duchamp se méfiait de toute visée par trop intentionnelle et esthétisante) en fonction de celle-ci, une certaine dimension a-tonale de l'art étant essentielle à la démarche duchampienne.
Les œuvres d'Antoine Perrot jouent enfin souvent sur des processus d'accumulations, de répétitions (de tampons abrasifs, de rubans, etc.). Sa démarche pourrait alors se rapprocher de celle d'Arman. Mais les couleurs de ce dernier proviennent d'objets très différents. Objets souvent "patinés", provenant de stocks de vieilles fabriques ou des marchés aux puces.
Les couleurs et les objets d'Antoine Perrot sont vifs, frais. Ils sont ceux de notre quotidienneté la plus immédiate. La plus actuelle. Ils sortent tout juste du rayon ménager de la supérette de notre quartier.
Il n'est plus alors qu'à les lire… autrement.
Site de l'artiste et exposition en cours
Peintre, sculpteur, "compositeur" d'événements diversement colorés, Antoine Perrot apporte une réponse spécifique.
Ses pigments, ses pinceaux, il les prélève dans le monde des objets manufacturés, produits en nombre par l'industrie. Ce monde-là, c'est celui d'où Marcel Duchamp préleva, il y a un siècle, ses fameux ready-made. Objets donnés et préexistants que l'artiste isole et désigne comme d'œuvres d'art.
C'est la couleur qui intéresse d'abord et avant tout Antoine Perrot. La dimension diversement colorée de ces objets de la société de consommation que nous utilisons quotidiennement.
Tous ces objets ont une couleur - spécifique. Il n'est plus alors à l'artiste qu'à récupérer et agencer ces couleurs "données", "toutes faites", et à les réorganiser dans l'espace de l'atelier ou de la galerie d'art. C'est bien alors la couleur qui est "ready-made". Produite par l'industrie. Reprise par l'artiste.
Celui-ci n'a plus qu'à empiler, accumuler tampons abrasifs, balais brosses, ganses et rubans de toutes sortes. Menus matériaux (ficelles, plastiques, gommettes, etc.). Et composer ainsi une toile, un tableau, une sculpture aux tons donnés et "reconnaissables".
Ces "ready-made" d'Antoine Perrot ont sans doute maintenant des caractéristiques qui leur sont propres et qui relèvent de la touche ou du choix (oserait-on dire du "goût") de l'artiste.
Il s'agit ici d'objets utilitaires, dérisoires, triviaux. Instruments ménagers. Eponges synthétiques. Sans compter ces rubans de toutes sortes dont nous faisons un si abondant usage.
Autre caractéristique propre à Antoine Perrot : le caractère violemment polychrome de ses œuvres. Les objets et matériaux repérés se déclinent de manière multicolore. Orange, bleu, rouge, jaune, vert, violet : les coloris repérés sont vifs. Et parfois même "fluos".
Quant aux œuvres - constituées de ces objets ou ustensiles, désitués ou enchâssés (pour faire tableau) au sein de simple cadres géométriques -, elles déclinent précisément l'arsenal entier de cette polychromie. Jour de bonheur n° 4 (2011) exhibe un set de table aux rubans tressés multicolores.
Cette attention portée aux caractères sensibles et sensoriels de l'objet est peut-être ce qui distingue la démarche d'Antoine Perrot de celle de Duchamp.
Privilégiant une dimension conceptuelle, celui-ci se méfiait de tout l'aspect rétinien de l'art. Ses objets ready-made ont certes une couleur. Mais ils ne furent pas choisis ou "prélevés" (car Duchamp se méfiait de toute visée par trop intentionnelle et esthétisante) en fonction de celle-ci, une certaine dimension a-tonale de l'art étant essentielle à la démarche duchampienne.
Les œuvres d'Antoine Perrot jouent enfin souvent sur des processus d'accumulations, de répétitions (de tampons abrasifs, de rubans, etc.). Sa démarche pourrait alors se rapprocher de celle d'Arman. Mais les couleurs de ce dernier proviennent d'objets très différents. Objets souvent "patinés", provenant de stocks de vieilles fabriques ou des marchés aux puces.
Les couleurs et les objets d'Antoine Perrot sont vifs, frais. Ils sont ceux de notre quotidienneté la plus immédiate. La plus actuelle. Ils sortent tout juste du rayon ménager de la supérette de notre quartier.
Il n'est plus alors qu'à les lire… autrement.
Site de l'artiste et exposition en cours