samedi 23 novembre 2013

SALGADO. GENESIS. TERRES SAUVAGES.

Genesis © Sebastiao Salgado.

L’exposition Genesis est à la mesure (et démesure) de l’entreprise de Sebastiao Salgado. Les terres et continents demeurés sauvages de la planète sont réunis – de l’extrême nord (le Canada, la Sibérie) à l’extrême sud (la Patagonie), en passant par l’Afrique, le Pentanal et l’Amazonie - en cinq univers rutilants. De noirs, de gris, de blancs. De nuages, de terres et d’anthracites. De textures végétales complexes. De peaux (humaines et animales). D’ombres et de lumières architecturées en larges plans ou circonvolutions musicales.

Nous autres citadins, engoncés dans nos cubes et sphères de béton, nos cités étroitisées, nos us et coutumes prétendument policés, nous entrons en plein rêve. Dans une réalité que nous ne parvenons plus à imaginer : celle de l’Aube du monde. Animaux, végétaux, humains appartiennent à une nature au sein de laquelle ils rivalisent de rituels et d’artifices. - Bijoux, labrets, plumes, déformations et scarifications : les tribus rencontrées par Salgado portent fièrement, innocemment, les marques et attributs de leur environnement.

Et que l’on n’aille pas nous parler ici du « bon sauvage », du regard du « colon » ou des méfaits de l’ethnographie. Le regard de Salgado se situe bien au-delà. Il nous entraîne dans un univers d’intense poésie.

Deux éléments dominent l’ensemble visuel ainsi construit par la patte de ce photographe des horizons extrêmes : une science précise des textures ; un sens affûté de l’étrange.

L’utilisation systématique du noir et blanc permet à Salgado de délinéer, damasquiner la moindre texture : relevé des plans et pitons montagneux, écailles de la peau du crocodile, scarifications de la peau humaine, centaines d’yeux brillants dans l’obscurité. Sans parler des courbes - et contrecourbes - du désert. Ou de l’état - incessamment réajusté - de l’effilochement des nuages.

Ce monde est en mouvement. Les photographies de Salgado ont enregistré la trace des élans, des transparences et des diverses transhumances : de la faune, de la flore, des humains, de l’eau et des nuages…

Nous devenons, nous sommes l’eau qui ruisselle, le nuage en surplomb, la tête de jaguar surgissant de l’épaisse végétation, le rêve poursuivi…

Exposition à la Maison européenne de la Photographie, Paris, du 25 septembre 2013 au 5 janvier 2014.

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