lundi 10 octobre 2022

FRIDA KAHLO. L’Icône aux Ex-Votos.

Affiche de l’exposition au Palais Galliera.
Photo Toni Frissell. Vogue US, 1937. DR.


FRIDA KAHLO au delà des apparences.
Palais Galliera, Paris.
Du 15/09/2022 au 05/03/2023.

À la mort de Frida Kahlo, en 1954, son compagnon, Diego Rivera, fit sceller la chambre et la salle de bains de celle-ci. C’est une partie de ces objets, souvenirs, photographies et documents qui sont aujourd’hui exposés au Musée Galliera, dévoilant la part intime et très riche de celle qui - de son vivant déjà - avait tout d’une icône.

Atteinte dès l’enfance par une poliomyélite qui la laissera estropiée d’une jambe, elle sera victime d’un grave accident dû à le rencontre d’une cariole et d’un tramway. Elle ne se remettra jamais de ce drame et connaîtra le cycle infernal des opérations, aggravations, rechutes. Elle subit de longues hospitalisations et doit fréquemment rester couchée.

Elle se met à la peinture : sa mère lui aménage un lit doté d’un miroir dans le ciel de son baldaquin. Frida peut ainsi voir ce qu’elle peint. D’où le grand nombre de ses Autoportraits et le fait qu’elle se mette à peindre les corsets de plâtre que la médecine lui impose.

Corsets et prothèses sont présents dans l’exposition, projetant une vision terrible de ce que fut sa vie. Celle-ci toutefois ne sombre pas dans la tristesse ou la neurasthénie. Frida se pare, se costume, apporte un soin méticuleux à son apparence. Son élégance et sa beauté font d’elle une figure rayonnante.

Elle emprunte les robes, les châles richement colorés de la région de Tehuantepec, se pare les cheveux de fleurs multicolores, confectionne de précieux colliers à l’aide de perles et de matériaux anciens. Elle s’entoure ainsi, comme d’une bulle ou d’un cocon, de matières, de couleurs, de beauté et d’artifices.

Autobiographique, son œuvre peinte fait la part belle à une vision iconique. Frida compose son personnage et transforme sa vie en une cruelle mais triomphante Saga. Elle y raconte et y expose les avatars de son couple avec Diego Rivera, peintre de fresques qui fut, lui aussi, un personnage haut en couleurs.

Frida collectionne les ex-votos, ces tableautins qui illustrent les accidents et les peines de la vie ordinaire : celle du petit peuple qui cherche à se protéger du sort ou à remercier la vierge pour sa protection contre les coups du sort. Ces illustrations poétiques et populaires sont parfois modifiées par Frida pour lui permettre de coller avec le récit de sa propre vie. Comme cet accident de tramway qui faillit lui coûter le vie et la laissa handicapée (cf. Illustration).

Ex-Voto modifié par Frida Kahlo.
©Diego Rivera et Frida Kahlo archives.


La dimension religieuse des ex-votos laisse place à une conduite de récit qui accorde aux expressions populaires une place de choix. Révolutionnaire et féministe, avant-gardiste, Frida ancre son art au plus profond des cultures populaires mexicaines.

Maladies, peines, accidents de la vie, ce récit est cruel. Et présenté par Frida de manière crue et directe. D’où les effets de censure auxquels elle va être confrontée. La reconnaissance de son œuvre sera - pour l’essentiel - posthume. Son personnage, par contre, laissera une empreinte profonde.

L’exposition abonde en documents, en particulier photographiques, qui informent sur les voyages (Chicago, New York, Paris, etc.) du couple Diego/Frida ainsi que sur les nombreuses rencontres qu’ils firent, des multiples personnages (André Breton, Trotski, Dora Maar, Jacqueline Lamba, etc.) qui se mêlèrent à leurs vie.

Frida Kahlo révélant son corset peint.
(Florence Arquin, autour de 1951). DR Collection privée.
©Diego Rivera et Frida Kahlo archives.

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