Triptyque, Le Havre, France 2021 (Chez Perrotin).
Photo ©FDM 2022.
Paris, Grand Palais Éphémère.
Du 20 au 23 octobre 2022.
J’ouvre ce « papier » par une image de JR qui nous ramène dans un grand port français, Le Havre, où je fus quelques jours durant ce dernier été. J’y retrouve les entassements de containers (colorés), les paysages de grues, dressées hautes et comme des oiseaux dans le ciel. Et - plus troublant : une ballerine qui occupe l’espace de l’une de ces « boîtes ». Ici aussi le rêve et l’incongru ont droit de cité. Le grand et le minuscule y font bon ménage. On est dans un paysage de « fiction ».
Paris, ces jours-ci, bruissait des mille et un échos d’un marché de l’art en pleine effervescence. L’électricité était palpable dans les couloirs de Paris+ par Art Basel, reconfigurant et redéployant les cartes du marché parisien de ces dernières années (marquées par une succession de Fiac qui nous laisseront des souvenirs inoubliables et bien prégnants).
A l’intérieur d’un espace plus restreint (Le Grand Palais éphémère ne pouvant sur ce point rivaliser avec l’espace du Grand Palais en travaux), on se trouvait face à une quintessence et concentration d’œuvres de très grandes qualités dont les prix se sont littéralement envolés.
Résolument (et plus que jamais internationale), avec la participation des plus grandes Galeries d’art moderne et contemporain de la planète Terre, cette foire s’est largement ouverte sur la ville. On sait que Paris regorge de Fondations, de Musées et de lieux dédiés à l’art. Places, jardins, églises, écoles d’art, etc. furent envahis par les artistes. Pour la plus grande joie de tous les publics (collectionneurs, passants, touristes, amateurs d’art et tout un chacun).
Une « success story » donc. Les médias internationaux ont été unanimes pour le noter. Il est vrai que déambuler dans les allées du Grand Palais éphémère permettait tout à la fois de se frotter à ce monde de l’art (galeristes, collectionneurs, critiques, conservateurs de musées, etc.) qui a ses codes, ses manières et ses usages, et aussi : de revoir ou découvrir pléthore de chefs d’œuvre.
Parmi les œuvres mythiques et déjà canoniques, on pourra citer un emballage de Christo, Paquet sur table, 1961 (Chez Gagosian), un Déjeuner sur l’herbe de Picasso, d’après Manet, des Calder, des Dubuffet, etc.
Personnellement je me suis régalée des petits formats de Robert Ryman, divers, variés et dont l’un se couvre partiellement d’une bande de pigments bleus. Ce qui renouvelle de façon « insensée » (mais oui !) les blancs, ocres ou gris de l’habituelle palette du peintre des formats carrés.
Je vous livre une de ses toiles, composée de touches blanches et d’un jaune chaud — de simples traits ou « barrettes » — sur le fond écru d’une toile de jute tendue en 8 points sur le support d’un cadre crème.
Photo ©FDM 2022.
La mode, le luxe, les métiers d’art se sont glissés - on le sait - dans la trame délicate de la création artistique. On ne peut ainsi « manquer » le stand de Louis Vuitton (tout en longueur dans le prolongement d’une allée). Et là - ô surprise, qui nous attend ? Une effigie en cire de Yayoi Kusama, vêtue d’une tunique rouge à gros pois blancs. Cette figure (grandeur nature ou à peu près) fut créée en 2012 lors d’une collaboration de l’artiste pour une vitrine de Louis Vuitton. - Celle-ci a donc aujourd’hui changé « de vitrine » et se retrouve dans une vitrine élargie : celle d’une Foire d’art contemporain.
(Collaboration avec Louis Vuitton 2012).
Photo ©FDM 2022.
Immuable. Hiératique, Yayoi Kusama semble ainsi veiller sur le destin et la transformation et de l’art et des foires qui lui sont consacrées. Les sacs qui se trouvent derrière elle - sur le mur et dans le prolongement du cliché ici proposé - ressemblent à des sortes d’ex-votos (plutôt "onéreux") de l’actuelle société du luxe et de la consommation d’œuvres d’art, que chacun cherche à acquérir certes "au meilleur prix". Tout en sachant que pour « valoir », l’œuvre doit être (quelque part) « hors de prix ».
Site Paris+ par Art Basel
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