Portrait 75, 2021.
Paris, Grand Palais éphémère.
Du 10 au 13 novembre 2022.
Cette année, Paris/Photo s’ouvre - plus que jamais - sous les auspices de l’audace, de la transgression. Et du trompe-l’œil. Comme si les milieux de la photographie, demeurés jusque là plus « feutrés » que ceux des arts plastiques, cherchaient à leur tour un affranchissement et des codes de la profession et des balises de leur territoire. Tout semble fait pour que l’on oublie que l’on se trouve en présence d’un travail utilisant le médium photographique.
La référence à la peinture est non seulement omniprésente, mais « affichée ». Comme ces sortes de "papiers peints", que l’on pourrait dire modernistes et dont certains rappellent certains des grands décors de David Hockney.
L’image numérique et ses multiples avatars acquièrent également de plus en plus droit de cité au salon. Jeu sur le réel et le virtuel : Radiance, l’installation de Sabrina Raté, est révélatrice de cette explosion de l’utilisation du numérique…
Auparavant, on se sera arrêté devant cette double image (plus ancienne et raffinée) d’un canoë glissant sur un plan d’eau d’Irving Penn (Two in a Canoë, Long Island, 1954). Deux images dans des tons et des colorations différentes. Comme une sorte de clin d’œil aux recherches de la peinture impressionniste. Tout particulièrement aux « impressionnantes » variations de Claude Monet (Série des « Cathédrales de Rouen ». 1892-1894).
Des galeries de peinture renommées présentent des œuvres « d’artistes-photographes ». Comme Le stand de la Galerie Lelong où nous attend une exposition solo de Jean-Baptiste Huynh. Là encore, les pigments colorés - utilisés par les peuplades de la Vallée de l’Omo en Ethiopie, à des fins de maquillages et de peintures corporelles - renvoient à une expérience picturale.
Cela mène aussi à redécouvrir l’usage des photographies rehaussées de couleurs apposées à la main. Ce qui donne l’occasion d’un hommage à la société ukrainienne des années 1980. Le degré d'intégration de la couleur est tel, dans cette image, que l'on imagine difficilement cette même image en noir et blanc. Le maquillage n'est plus seulement celui d'un corps que l'on peint, mais d'une image et de "corps de papier" que l'on colore.
Entre toutes, l’image que je retiendrai, cette année, et à rebours de la tendance générale de ce salon, est ce plan miraculeux, cet instant décisif, ce cliché happé au vol à Glasgow en 1980 par Raymond Depardon, durant le reportage (finalement non paru) qu’il y effectuait pour le Sunday Times. Un grand moment de poésie. Cru. Épinglé sur le vif.
Lien vers le site de Paris Photo 2022.
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