jeudi 5 novembre 2009

CLAUDE LÉVI-STRAUSS : L'arc-en-ciel et les habits d'Arlequin

Les récits mythologiques qui nourrissent certains textes de Lévi-Strauss abondent en histoires d'arc-en-ciel. Diapré, multiple, diversement COLORÉ, unifiant le divers dans la perfection de sa forme, l'arc-en-ciel apparaît comme la métaphore même de son œuvre. Une et plurielle. Structurée et diverse. Sauvage et rigoureuse à l'excès.

Ce sont là les habits d'Arlequin, cette parure constituée de fragments, d'une mosaïque de tissus divers dont l'appareillage minutieux finit par constituer un habit de lumière. On y retrouve le chatoiement du divers. Et un goût prononcé pour l'agencement et l'organisation de ce qui n'est au départ presque rien. Et tout juste un fragment.

En cette science du bricolage, qu'il pratiqua (selon ses propres dires) dès l'enfance, Lévi-Strauss excelle. Il prélève, ajuste, superpose, abouche les unes aux autres toutes ces menues pièces. Comme autant de notes de musiques ou les éléments d'un rituel.

Ces rituels et ces arlequinades, Lévi-Strauss les retrouva avec un certain ravissement dans les cérémonies de notre époque. La cérémonie d'essayage de sa tenue d'académicien est un grand moment d'ethnologie appliquée. On y retrouve notre chercheur et homme de terrain dans son costume de grand corbeau ou d'oiseau de proie, scrutant dans la glace sa propre image et son propre chef surmonté d'un bicorne, à la façon dont il sut observer les totems des tribus indiennes de la côte Ouest du Canada.

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