vendredi 13 novembre 2009

PIERRE SOULAGES : LE NOIR EST UNE COULEUR

Vue de l'exposition, 2009. Photographie ©FDM

Y a-t-il des noirs chez Pierre Soulages ?

Dans les premières toiles assurément. Dans les peintures au goudron, brou de noix, encre de Chine et gouache, qui ponctuent de manière calligraphique la première salle où vous pénétrez.

Les dernières grandes toiles, celles qui ne se contentent plus des cimaises, et se déploient fréquemment dans l'espace où vous circulez, multiplient les effets de lumière. On y a des reflets, des brillances, des contrastes, des effets de textures. Des raies. Des stries. La marque du couteau. Le noir est entré en mutation.

Y a-t-il désormais des noirs dans cette peinture ? Le NOIR-NOIR n'a-t-il pas déserté ?

De cela vous ferez l'expérience dans la salle noire, ménagée tout exprès pour accueillir trois grandes toiles verticales. La face de ces toiles n'est point NOIRE. Mais texturée. Luisante. Brillante. Lumineuse. - Glissez vous maintenant à l'arrière des toiles. C'est là que s'est réfugié le NOIR, l'obscurité, l'absence de couleur.

Le noir Soulages se déploie donc dans un camaïeu de couleurs. Lui aussi, à la limite de la couleur. Précieux, diversifié. Il y a des noirs-gris, rosés, bruns. D'autres jaunes à peine ou même blancs.

Qu'est-ce en effet qu'un NOIR LUISANT sinon la négation même de ce que l'on pourrait nommer "le concept du noir".

Cf. "La Lumière. Le noir", in Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne, Larousse, 2008.

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