Le Bunraku ou théâtre de poupées est (avec le Nô et le Kabuki) la troisième grande forme théâtrale du Japon ancestral. Photographe et artiste contemporain, Hiroshi Sugimoto revisite une des grandes pièces du répertoire japonais.
Paul Claudel a des accents magnifiques pour décrire la gestuelle de ce qu’il nomme la « marionnette japonaise » : « La marionnette c’est le masque intégral et animé, non plus le visage seulement, mais les membres et tout le corps. Une poupée autonome, un homme diminutif entre nos mains, un centre à gestes. »
Ces marionnettes, articulées et d’assez grande taille, sont cependant d'une échelle plus réduite. D’où l’impression de densité (la quintessence de gestes et d’émotion, la « sublimation » en un mot) qui nous étreint à la vision de ces modèles (à peine) réduits – qui miment avec une telle perfection les passions humaines.
Chaque poupée est portée – et suspendue, à distance du sol – par trois manipulateurs de marionnettes. D’où la légèreté de gestes qui se déploient en apesanteur. Le corps de chaque poupée est en lévitation. Il peut marcher, tomber, rouler, se casser en deux ou se plier : il est toujours hors du sol.
En résulte une exacerbation des sentiments, des expressions. Les pleurs (on pleure beaucoup dans Suicide à Sonezaki), les rires, et la palette entière des sentiments humains, s’en trouvent comme portés au carré.
Soulignée par le son (pur et aigrelet) du shamisen, portée (en négatif) par cette part d’ombre qui entoure chaque marionnette (les manipulateurs y sont intégralement recouverts d’un costume et d’un voile noir), l’épure de chaque geste renvoie à un code précis. Les poupées se pâment, se démènent, jouent et rejouent l’exaltation des sentiments : amoureux, haineux, dépités, enjoués. – Émerveillés aussi.
Marquée certes par quelques projections vidéo très épurées et le gros-plan du visage d’une des marionnettes, la mise en scène d’Hiroshi Sugimoto demeure très classique. – Le Théâtre de la Ville, où se déroulait cette précieuse cérémonie culturelle, semblait ce soir-là, comme un fragment du Japon. Sur scène et dans la salle, des femmes en kimono. À droite de la scène, le récitant et les membres de l’orchestre, tels des insectes, pris dans l’architecture de leur costume traditionnel. Dans l’espace flottaient quelques ombres et quelques fantômes et – sur l’écran face à nous – la silhouette de pins séculaires.
Sugimoto/Bunraku
© Hiroshi Sugimoto
Paul Claudel a des accents magnifiques pour décrire la gestuelle de ce qu’il nomme la « marionnette japonaise » : « La marionnette c’est le masque intégral et animé, non plus le visage seulement, mais les membres et tout le corps. Une poupée autonome, un homme diminutif entre nos mains, un centre à gestes. »
Ces marionnettes, articulées et d’assez grande taille, sont cependant d'une échelle plus réduite. D’où l’impression de densité (la quintessence de gestes et d’émotion, la « sublimation » en un mot) qui nous étreint à la vision de ces modèles (à peine) réduits – qui miment avec une telle perfection les passions humaines.
Chaque poupée est portée – et suspendue, à distance du sol – par trois manipulateurs de marionnettes. D’où la légèreté de gestes qui se déploient en apesanteur. Le corps de chaque poupée est en lévitation. Il peut marcher, tomber, rouler, se casser en deux ou se plier : il est toujours hors du sol.
En résulte une exacerbation des sentiments, des expressions. Les pleurs (on pleure beaucoup dans Suicide à Sonezaki), les rires, et la palette entière des sentiments humains, s’en trouvent comme portés au carré.
Soulignée par le son (pur et aigrelet) du shamisen, portée (en négatif) par cette part d’ombre qui entoure chaque marionnette (les manipulateurs y sont intégralement recouverts d’un costume et d’un voile noir), l’épure de chaque geste renvoie à un code précis. Les poupées se pâment, se démènent, jouent et rejouent l’exaltation des sentiments : amoureux, haineux, dépités, enjoués. – Émerveillés aussi.
Marquée certes par quelques projections vidéo très épurées et le gros-plan du visage d’une des marionnettes, la mise en scène d’Hiroshi Sugimoto demeure très classique. – Le Théâtre de la Ville, où se déroulait cette précieuse cérémonie culturelle, semblait ce soir-là, comme un fragment du Japon. Sur scène et dans la salle, des femmes en kimono. À droite de la scène, le récitant et les membres de l’orchestre, tels des insectes, pris dans l’architecture de leur costume traditionnel. Dans l’espace flottaient quelques ombres et quelques fantômes et – sur l’écran face à nous – la silhouette de pins séculaires.
Sugimoto/Bunraku
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