mardi 1 juillet 2014

L'ENFANT CHEZ CÉLINE - Artaud et Céline.


Les 3, 4 et 5 juillet 2014, la Société d'études céliniennes organise un colloque consacré à L'ENFANT CHEZ CÉLINE. — Fondation Singer-Polignac, 43 avenue Georges Mandel, Paris 16e. - Sur réservation.

Intervenants (par ordre d'apparition) : François Gibault. Johanne Bénard. Anne Séba-Collett. Anne Baudart. Isabelle Blondiaux. Ana Maria Alves. Véronique Flambart-Weisbart. Pierre-Marie Miroux. Emile Brami. François-Xavier Lavenne. Pascal Ifri. Florence de Mèredieu. David Fontaine. Sven Thorsten Kilian. Christine Sautermeister. Alice Staskova. Bianca Romaniuc-Boularand. Pierre Assouline.

PROGRAMME COMPLET DU COLLOQUE : LIEN EN FIN DE BLOG

A l'invitation de la Société d'études céliniennes, et en contrepoint à la question de l'enfance, j'y prolongerai quelques points abordés récemment dans Antonin Artaud dans la guerre. De Verdun à Hitler, L’hygiène mentale (Blusson, 2013).

ARTAUD/CÉLINE. DESTINS CROISÉS : LA "GUERRE CONTINUÉE".

Antonin Artaud (1896-1948) et Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) appartiennent à la même génération : celle qui aborde ses 20 ans en 1914-1916. À deux ans d’intervalles, ils auraient pu se croiser sur ces champs de bataille des Flandres et de la Somme auxquels ils furent confrontés de manière brève mais intense. Tous deux furent marqués de manière indélébile par cette guerre. Leurs parcours, leurs œuvres respectives ne cesseront de véhiculer les impressions, les fantasmes et les monstruosités de ce conflit qu’ils vécurent comme une mise à l’épreuve de leurs nerfs et qui constitua ensuite le trauma récurrent de leurs existences chaotiques.

En 1936, ils se rencontrent à un dîner chez leur éditeur commun, Denoël et Steele. Rapportés par l’écrivain et scénariste Carlo Rim, les quelques propos qu’ils y échangent sont tout ce que l’on connaît de la relation des deux hommes.

Au-delà des divergences, politiques, culturelles et esthétiques qui les animent, ils se rencontrent sur quelques points fondamentaux, dont l’importance accordée à ce conflit de 14-18. Pour l’un comme pour l’autre, cette guerre ne s’achève pas avec la signature de l’armistice. Elle se prolonge et se perpétue dans la société civile, sous la forme de ce que Michel Foucault, retournant une célèbre proposition de Carl von Clausewitz, nommait un processus de « guerre continuée ». L’entre-deux-guerres (1919-1939) n’apparaît, dans cette perspective, que comme la lente et méthodique préparation de la deuxième guerre mondiale.

La guerre – l’état guerrier, la guerre comme état de fait permanent — constitue le creuset qui sous-tend, alimente et entretient les façons d’être au monde d’Antonin Artaud et de Louis-Ferdinand Céline. Nous en analyserons les principales lignes de force.

Le programme du Colloque

6 commentaires:

Mazet a dit…

Madame,
le peu que je connais de votre intervention sur Céline et Artaud, dont j'ai bien lu et relu chaque mot, me comble d'aise par son parallèle, et me fait regretter de ne m'être pas rendu à Paris. Le traumatisme de la guerre de 14... "la guerre continuée" : toutes les lettres de Céline, même celles de l'Occupation à Henri-Albert Mahé à propos de ravitaillement, ancien combattant comme lui, montrent que pour Céline la guerre ne s'est pas arrêtée à 1918. Autre chose : Céline et Artaud se sont vus ailleurs que chez Denoël. Une très grande amie de Céline, la journalisteAimée Barancy, de l'Intransigeant, avait accompagné l'équipe de tournage en Algérie du film Sidonie Panache (début en avril 1933, sortie en octobre 1934),film de Henry Wulschleger, produit par Alex Nalpas, pour Lux, Dialogues de Henri Jeanson. Photos de Muller.Tourné à Antibes, à Epinay, et en Algérie à Laghouat-Médéa, Bogahri-Djelfa.
Acteurs : Bach, comique, le zouave Chabichou
Florelle, danseuse, dans le rôle de l’héroïne Sidonie Panache.
Paul Azaïs en Bourrache
Antonin Artaud (1896-1948) en Abd-del-Kader
Artaud n’apparaît pas dans Sidonie Panache , mais dans Le Zouave Chabichou , 2e partie du film tournée en juillet 1934 en Algérie. Il revient d’Algérie en août 1934 à Marseille où il corrige Le Théâtre et la Peste, publié en octobre 1934. Aimée Barancy est sur le même bateau qu’Artaud. Elle raconte cela dans "Les Grandes Fantasias" , reportage sur le tournage du film, Sidonie Panache où apparaît Antonin Artaud, publié en 1936 dans Les Oeuvres Libres. La meilleure amie d'Aimée Barancy et de Céline à l'époque m'a soutenu que Céline et Artaud s'était croisés plusieurs fois chez Denoël. Carlo Rim, lui, se trompe de date, car Artaud était au Mexique, à la date donnée dans le Le Grenier d'Arlequin. Je vous dit cela au cas où cela vous aurait échappé, parce que je sais que vous ne rejetez aucun témoignage, les superposez, mais si Artaud m'a fasciné, je le connais assez peu.Eric Mazet, ancien trésorier de la Société d'Etudes céliniennes. pemazet@yahoo.fr

fdemeredieu a dit…

Monsieur,

Je trouve votre commentaire tout juste en revenant du colloque "L'enfant chez Céline". Un grand merci pour cet apport très précis et circonstancié, qui permet de compléter les données dont je disposais et dont beaucoup figuraient déjà dans la biographie d'Artaud que j'ai publié chez Fayard en 2006 (C'était Antonin Artaud).
Oui : Carlo Rim se trompe de date. Artaud ne sera de retour du Mexique qu'à la mi-novembre 1936. C'est donc après cette date que pourrait en conséquence se situer la rencontre Céline/Artaud à un dîner chez leur éditeur commun.
Il est intéressant de savoir (cela paraît très plausible) qu'Artaud et Céline se soient croisés à plusieurs reprises chez Denoël et Steele, leur éditeur commun. Artaud fréquentait beaucoup les Denoël (Robert, son éditeur et Cécile sa femme dont il était très proche et qui jouera dans Les Cenci d'Artaud en 1935). Carlo Rim, qui raconte cette rencontre dans Le Grenier d'Arlequin, était lui-même un proche des Denoël et connaissait bien Artaud.
Pour le reste, bien sûr, vous aurez d'autres éléments dans la communication faite à ce colloque.
J'avais lu le reportage paru sur le tournage algérien dans Pour Vous (n° 295). J'irai regarder "Les Grandes Fantasias".
Bien à vous.

Giuseppe Rocca a dit…

Bonjour Messieurs,
je vous demande comm'est-il possible que Artaud "revient d’Algérie en août 1934 à Marseille", comme vous dites, si le film sort le 19.10.1934? Il faut beaucoup de temps pour le montage et les autres operations pour achever l'oeuvre.
Je vous rémercie
Giuseppe Rocca (Rome-Italie)
eriusciremoarivederlestelle@gmail.com

fdemeredieu a dit…

"Sidonie Panache" est le titre générique d'un film en 2 parties, qui comprend - tout d'abord - la partie dénommée "Sidonie Panache", sortie en 1934, dans laquelle Artaud n'apparaît pas.
La deuxième partie porte le titre du "Zouave Chabichou". C'est là qu'Artaud apparaît.
Je n'ai pas la date exacte de sortie du "Zouave Chabichou", mais d'après les filmographies (peu claires effectivement sur ce point) les deux parties du film ont été réunies plus tard (après la sortie de la 1re partie) dans une version intégrale de "Sidonie Panache". Et parfois aussi montrées séparément.
Je n'ai à ce jour pas encore pu voir ce film, difficile à trouver.

Bien cordialement.

Madame Florence de Mèredieu

Giuseppe Rocca a dit…

Chère Madame Mèredieu, je vous remercie beaucoup de votre réponse. Je suis sur le point de publier un essai sur Artaud et je suis très intéressé par ce film. Pouvez-vous me dire où avez-vous trouvé cette information des deux parties séparées? Je lu seulement que "Sidonie Panache" a été distribué avec différents titres ("Bach tire au sort", "Chabichou", Le zouave Chabichou ", etc.), mais qu'il est un film unique. Merci encore pour la disponibilité.
Giuseppe Rocca

Giuseppe Rocca a dit…

J'ai vu que l'information est dans le Guide des films de Jean Tulard.
Merci
G.R.

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