20 octobre 2014/11 janvier 2015.
Exposition collective sous forme de parcours.
De chambre en chambre, d’installation en installation, de couloir en couloirs et escaliers, il y a comme une vraie continuité. L’ensemble des œuvres se découvre au sein d’une longue itinérance, ponctuée de la découverte de mondes très divers et très riches. – À ce niveau-là, c’est une réussite.
On franchit d’abord le seuil d’une Forêt d’Eva Jospin (carton découpé et assemblé, 2012) pour se retrouver très vite au cœur de sculptures, d’architectures (Mike Nelson), de grands bâtis (Peter Buggenhout) et d’installations multimedias, distillant leurs ombres, leurs mouvements et leurs messages divers. Plus loin, ce seront des installations évoquant des sortes d’ateliers. Celle de Mark Manders dispose des figurines de plâtres (cheval, torse, visages antiques et sculptures semi-déconstruites) au centre de longues bâches ou pellicules transparentes. D’où des effets de flous, des formes et des visages embués.
Plus loin, en plein cœur d’une chambre noire, on se laissera dissoudre et perturber par un film de Christian Boltanski, L’Homme qui tousse (1969). — Le personnage n’en finit pas effectivement de tousser, de vomir et exsuder ses tripes, ses couleurs et ses formes. – Instant pénible et dissolvant.
Une vaste salle accueille plus loin l‘installation du new-yorkais Jesper Just (This Nameless Spectacle, 2011) Sur deux murs se faisant face, deux longs écrans panoramiques déploient un paysage animé, mouvant. Les deux projections dialoguent et se complètent. Assise sur un fauteuil roulant qu’elle manipule allègrement, une femme parcourt l’ensemble du paysage. La caméra subjective nous permet de suivre l'ensemble du panorama qu’elle visite. — En vis-à-vis, de l’autre côté, sur l’autre écran, un hommme la regarde, livrant la possibilité d’un autre point de vue sur une scène et une action qui se dégradent et déglinguent progressivement…
Ai-je bien vu ? Ma mémoire est-elle bonne ? Ai-je "reconstruit" l’ensemble ? Sans doute. Peut-être. — Ce sont là des questions qu’on ne peut manquer de se poser en essayant de se souvenir, de reconstruire le parcours d’une installation et – qui plus est ici – d’un ENSEMBLE d’installations. C’est bien là, aujourd’hui, le lot commun des visiteurs d’installations et amateurs de parcours multimedias, sensoriels et plastiques.
Au centre d’un couloir, une série de projections. Quelques vues fixes dont la succession peut se comprendre de manière narrative. — Comme un paysage encore : un environnement irisé, clinique. Une femme est agenouillée sur un léger piédestal. Sur ses côtés, deux brancards, blancs, sur lesquels reposent deux corps recouverts d’une sorte de drap funéraire. - Le carton nous apprend que l’artiste, d’origine thaïlandaise, Araya Rasdjarmrearnsook, témoigne ici de l’expérience qu’elle fit dans une morgue, en s’occupant de morts inconnus auxquels elle offrit lectures, chants, méditation.
À vous de découvrir, parcourir et réinventer les autres œuvres… dans les méandres du Palais de Tokyo…
Je terminerai, quant à moi, sur cette « maison d’eau » (Le Refuge) de Stéphane Thidet, dont j’avais déjà (il y a quelques années) apprécié un exemplaire lors d’une exposition à Toulouse. Il s’agit d’un simple chalet de bois, d’une maison qui ruisselle de l’intérieur (Inside) et de toutes parts, du sol au plafond. L’ensemble est sonore, harmonieux et franchement humide. Il pleut et pleut encore… et toujours…
Exposition INSIDE
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