"L'homme et sa douleur", titre d'un dessin d'Artaud, donné par ce dernier au Dr Latrémolière à l'asile de Rodez. Ce que rappelle le Dr Gassiot, en ajoutant : "pour le remercier de ses électrochocs", mais en ne mentionnant pas le fait que ce commentaire fut ajouté par Artaud, postérieurement, lors de son retour à Paris, commentaire ironique, précise Paule Thévenin (Œuvres complètes, XIV-1-258).
Question centrale de ce colloque : la douleur, celle d'Artaud, celle des malades mentaux. Avec cette idée-force selon laquelle la psychiatrie (et ses traitements) vise à soulager le malade, à le guérir de sa souffrance.
On voit l'importance de la question. La réponse sera-t-elle à la hauteur ?
Sans aller jusqu'à rappeler ce que furent les conditions d'internement d'Artaud en pleine guerre, il faudrait se souvenir (et c'est moi qui parle) que la GRANDE DOULEUR d'Artaud, beaucoup plus que le délire (qui comporte aussi des aspects jouissifs) ce fut précisément LA PSYCHIATRIE.
Ce qu'il aurait fallu donc, c'est guérir Artaud de la psychiatrie. Et là, évidemment (on l'aura compris) on est, au cœur de ce colloque, bien loin du compte.
Je mentionnerai ce qu'Artaud écrivait au Dr Ferdière le 2 avril 1944, en espérant ainsi échapper à une nouvelle série d'électrochocs : "Le dernier service que j'attends de vous est de me comprendre (…) en évitant aussi de m'affoler par la perspective de traitements suppliciants qui sont tout ce que le mal attend pour achever de se jeter sur moi. Car j'ai remonté la pente une fois après trois mois d'angoisse, de délire, de confusion, d'oubli. Je ne la remonterai pas une autre fois parce que mon âme en a assez d'être maltraitée et martyrisée."
L'intervention de Jacob Rogozinski (Parlement des philosophes) portera sur cette question de la douleur. Chez Artaud, explique-t-il, la problématique de la douleur serait centrale ; le poète pourrait revendiquer l'adage suivant (proche du cogito cartésien) : "Je souffre donc je suis".
On comprend dans cette perspective (et c'est moi qui m'exprime) que vouloir extirper cette "douleur" en utilisant la technique du "choc" (décrite par les psychiatres eux-mêmes comme une technique d'"altération mentale"), cela conduise à supprimer pour Artaud tout sentiment et toute sensation d'existence.
Les psychiatres participants au débat n'ont pas eu l'air de comprendre que les implications des propos de Rogozinski allaient à l'encontre de ce qu'ils défendaient, à savoir que la psychiatrie avait amélioré Artaud. Rogozinski s'est-il rendu compte qu'il divergeait de ses "confrères" ? Je me permets en tout cas de le lui signaler.
FEUILLETON (2) : à suivre.
Question centrale de ce colloque : la douleur, celle d'Artaud, celle des malades mentaux. Avec cette idée-force selon laquelle la psychiatrie (et ses traitements) vise à soulager le malade, à le guérir de sa souffrance.
On voit l'importance de la question. La réponse sera-t-elle à la hauteur ?
Sans aller jusqu'à rappeler ce que furent les conditions d'internement d'Artaud en pleine guerre, il faudrait se souvenir (et c'est moi qui parle) que la GRANDE DOULEUR d'Artaud, beaucoup plus que le délire (qui comporte aussi des aspects jouissifs) ce fut précisément LA PSYCHIATRIE.
Ce qu'il aurait fallu donc, c'est guérir Artaud de la psychiatrie. Et là, évidemment (on l'aura compris) on est, au cœur de ce colloque, bien loin du compte.
Je mentionnerai ce qu'Artaud écrivait au Dr Ferdière le 2 avril 1944, en espérant ainsi échapper à une nouvelle série d'électrochocs : "Le dernier service que j'attends de vous est de me comprendre (…) en évitant aussi de m'affoler par la perspective de traitements suppliciants qui sont tout ce que le mal attend pour achever de se jeter sur moi. Car j'ai remonté la pente une fois après trois mois d'angoisse, de délire, de confusion, d'oubli. Je ne la remonterai pas une autre fois parce que mon âme en a assez d'être maltraitée et martyrisée."
L'intervention de Jacob Rogozinski (Parlement des philosophes) portera sur cette question de la douleur. Chez Artaud, explique-t-il, la problématique de la douleur serait centrale ; le poète pourrait revendiquer l'adage suivant (proche du cogito cartésien) : "Je souffre donc je suis".
On comprend dans cette perspective (et c'est moi qui m'exprime) que vouloir extirper cette "douleur" en utilisant la technique du "choc" (décrite par les psychiatres eux-mêmes comme une technique d'"altération mentale"), cela conduise à supprimer pour Artaud tout sentiment et toute sensation d'existence.
Les psychiatres participants au débat n'ont pas eu l'air de comprendre que les implications des propos de Rogozinski allaient à l'encontre de ce qu'ils défendaient, à savoir que la psychiatrie avait amélioré Artaud. Rogozinski s'est-il rendu compte qu'il divergeait de ses "confrères" ? Je me permets en tout cas de le lui signaler.
FEUILLETON (2) : à suivre.
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