lundi 22 février 2010

SERGE MALAUSSÉNA, LA PSYCHIATRIE ET LES ÉLECTROCHOCS.

12 février 2010. Colloque Singer Polignac. Table-ronde.
En fin d'après-midi, cette assertion du neveu d'Artaud :

"Artaud a été un électrochoc pour la psychiatrie
".

Mais non, mais, non, Monsieur Malausséna, c'est l'inverse !

C'est la psychiatrie qui a été -- et qui demeure -- UN (sic) électrochoc pour Artaud. La psychiatrie ne semble pas avoir appris grand chose du "cas" Antonin Artaud.

L'électro-convulsivothérapie est en pleine recrudescence ; elle se pratique aujourd'hui dans les lieux mêmes où Artaud fut interné. Sainte-Anne demeure un des hauts lieux où s'applique l'électrochoc. L'Hôpital psychiatrique Sainte-Marie de Rodez est lui-même accrédité à pratiquer l'électro-convulsivothérapie. Les médecins qui vous invitent pourraient vous le dire.

Et voici que vous, son neveu, détenteur comme vous ne cessez de le rappeler du "droit moral", aidez à faire d'Artaud le porte-étendard d'un processus d'art thérapie à base d'électrochocs !

Nous voici donc présentement avec sur les bras un Artaud qui (dixit Mme Grossman) se remet (merci les 58 et quelques chocs et comas) à une littérature de "qualité", toute une part de ses "autres" écrits (lesquels, grand dieu ?) relevant de la "quantité" et du pur délire.

On croit rêver devant cette ligne de démarcation introduite au cœur même du corpus et de l'œuvre de celui qui se revendiquait comme un "aliéné authentique" (sic). Où est l'aliéné ? Où est la littérature ? Où est l'authentique ?

Cher Monsieur, n'avez-vous pas quelquefois l'impression de vous roulez vous-même "dans la farine" ?

Rappelons, pour conclure, ce que le Dr Ferdière écrivait à Henri Thomas le 13 janvier 1945 :

"Votre lettre tombe particulièrement mal ; en effet je viens de commencer une nouvelle série d'électrochocs. Vous devez savoir que cette méthode de traitement lèse particulièrement la mémoire et c'est à ce moment qu'il est demandé à Artaud de préciser sa propre chronologie."

Cette mémoire perdue, Artaud ne la retrouvera jamais totalement.

FEUILLETON (7) : à suivre.

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