“Table mobile, renfermant dans son milieu un réservoir en cuivre étamé occupant juste l’espace représenté par la surface du corps, et pouvant, en un temps fort court, réchauffer d’une manière continue toute la partie postérieure du noyé.” par Félix Archimède Pouchet, 1840.
AFFAIRE ARTAUD LE MONDE
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).
Saluons tout d’abord le courage de Jean-Louis Jeannelle. Et du Monde en arrière-plan. Oser, simplement oser, un papier, ou un semblant de papier, sur L’Affaire Artaud ne semble pas évident. Le silence de presque toute la presse en témoigne. Rendons donc hommage à cette simple initiative.
L’Affaire Artaud concernant l’ensemble de la presse et des médias, nous donnerons à cette lettre un aspect “générique”.
UNE CRITIQUE “IMPOSSIBLE” ?
“À force de disséquer chaque recension que les journaux ont consacrée (ou non) à ses précédentes publications, Florence de Mèredieu rend délicate la critique de son nouveau livre, L’Affaire Artaud. Les articles des journalistes du “Monde des livres” y sont décortiqués. Peu désireux d’être soupçonnés de collusion ou de censure, il ne nous reste plus qu’à refuser de prendre parti - position insatisfaisante aux yeux de l’auteur qui y voit une forme de “jésuitisme”...
(Jean-Louis Jeannelle, Le Monde, 11/06/09)
“Artaud et les jésuites”. - Ce titre m’a amusée. Pour quelqu’un comme moi, dont la réputation de grande gueule et le peu de sens diplomatique sont connus, il est délicieux de se faire ainsi traiter de “jésuite”. Surtout à l’occasion d’un livre qui les assène et ne les cache pas ces vérités-là qui ne sont pas bonnes à dire. Un livre qui semble en effrayer et déranger plus d’un ! Alors oui : ce que l’on peut saluer en moi, c’est un “jésuitisme à l’envers”, un certain sens de la “diplomatie à rebours”.
Plutôt que de traiter de l’Affaire et du fond de l’Affaire, l’article de J.-L. Jeannelle se concentre (mais de manière fort elliptique) sur le traitement d’Artaud et de l’Affaire par Le Monde des livres. Le journal fut effectivement très impliqué dans l’histoire et l’on peut dire qu’à un certain moment, il ne lui déplut pas d’y “mener le jeu”.
Certaines des critiques contenues dans mon dernier livre concernent en effet des articles publiés naguère par Le Monde ou l’absence, tout aussi significative, d’articles concernant les ouvrages que j’ai consacrés au poète.
On comprend bien que L’Affaire Artaud, journal ethnographique (Fayard, mars 2009) n’ait pu être appréhendé par Le Monde qu’avec des pincettes. Et de bien curieuses lorgnettes.
Mais trêve de nombrilisme. Ce n’est là qu’un aspect du livre incriminé, lequel met en scène bien d’autres journaux (Combat, Libération, Le Nouvel Observateur, le Figaro, Art Press, Télérama, etc.), bien des institutions (Gallimard, La Bibliothèque nationale de France, le Centre Georges Pompidou, etc) et de succulentes personnalités (Paule Thévenin, Roland Dumas, Philippe Sollers, Derrida, Bernard Noël, etc.). Et tant d’événements.
Pourquoi donc cet article (“Artaud et les jésuites”) dont l’essentiel consiste à proclamer qu’on ne dira rien du livre en question, de crainte de ce que son auteur pourrait en dire ou en penser ?
L’article de J.L. Jeannelle se contente ensuite d’énoncer quelques faits déjà connus. Et passe sous silence la masse de documents, d’informations, de faits nouveaux dont beaucoup sont inédits. Tout cela qui devrait induire bien des débats.
- “Artaud toujours en débat”, écrivait Josyane Savigneau en 1995. - À lire aujourd’hui ce bref papier, on comprend que Le Monde n’a qu’une idée en tête : clore au plus vite ce débat. Autrement dit : “circulez ; il n’y a rien à voir”. Passez votre chemin et SURTOUT : oubliez l’Affaire Artaud.
Le Monde aurait-il quelque chose à perdre ? Ou à cacher ? Ou à voiler ? - Le Monde et, bien sûr, ceux qui en arrière-plan tirent les ficelles de l’histoire. - Il y a trop de beau monde impliqué dans l’Affaire Artaud.
De quoi donc a peur Le Monde, qui refuse explicitement de “prendre parti”, de crainte d’être à nouveau taxé de “jésuitisme” ou - plus grave encore (et c’est moi ici qui m’avance) de vouloir dérober la vérité et faire en sorte que le lecteur surtout ne se précipite pas sur ce livre-là : L’Affaire Artaud ? - Je ne suis pas un ennemi bien puissant et l’on me ferait beaucoup rire en me faisant croire que l’article pourrait se résumer à ce bref adage : “Qui a peur de FdeM ?” - Personne, n’est-ce pas ? Alors ? Il faudrait éclairer un peu plus ma lanterne.