AFFAIRE ARTAUD-LE MONDE
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).
UNE MODIFICATION DU STATUT DE LA PRESSE
En 1994, lorsque j’adresse à quelque 900 personnes ma “Lettre ouverte à Josyane Savigneau” (1), ce fut un beau tollé. Outre une critique du travail de Paule Thévenin, ma lettre ouverte franchissait (allègrement) un autre tabou majeur : on ne met pas en cause un journaliste. Celui-ci (ou celle-ci en l’occurrence) est persona non grata.
Les auteurs peuvent ne pas reconnaître leurs livres dans ce qui est énoncé par le dit “critique”, être (pourquoi pas) attaqués injustement ; ils peuvent se sentir trahis, manipulés. En aucun cas ils ne doivent “répondre” et s’attaquer aux grands noms de la presse.
Cette situation n’est pas normale. Un journal culturel se doit de promouvoir RÉELLEMENT et non pas seulement pour la façade un débat d’idées. L’auteur doit pouvoir s’expliquer.
La situation n’est plus aujourd’hui tout à fait la même. La situation de la presse écrite s’est modifiée. Internet a peut-être beaucoup de défauts, mais il a tout de même fait voler en éclats l’ancien monopole détenu par les journaux.
Jean-Louis Jeannelle juge “délicate” la critique de ce nouveau livre. Je serais en quelque sorte trop méchante avec les journaux. Entreprendre la critique de son article ne me paraît, inversement, une entreprise ni délicate, ni pharaonique.
Trêve de coquetteries : “Décortiquer” et critiquer l’article d’un journaliste, quoi de plus normal. C’est d’ailleurs ce que les journalistes font des livres des auteurs. Une saine réciprocité ne peut en la matière nuire à la vie intellectuelle. Nos journalistes devraient plutôt s’en réjouir. Cela montre qu’on les lit encore un peu.Le Monde a-t-il réellement envisagé de faire une “critique sérieuse” de mon livre ? Ce n’est pas impossible. - Le Monde a-t-il au contraire songé à faire l’impasse, à ne rien publier ? C’est peu probable car ce silence, par trop visible, avait déjà été repéré. D’autant plus facilement que mon livre met nommément en cause le journal. Les journalistes du Monde des livres ont donc opté pour une voie médiane et censément diplomatique : le “papier pour ne rien dire”. Publié tardivement, à l’approche de l’été. Trois mois après la sortie de l’ouvrage en librairie.
D’où ce papier écrit, on le sent, avec d’extrêmes pincettes. Un papier de “Précieuse ridicule” pratiquant le “collage” de citations” et quelques amalgames grossiers. Un papier mal ficelé. Les Jésuites, les vrais, sont bien plus doués !
Ainsi de ce prétendu paradoxe final, Jean-Louis Jeannelle me taxant de “jésuitisme”, en me reprochant conjointement :
- ces craintes que j’évoque concernant, à la parution de cet ouvrage, un renforcement des attitudes des uns et des autres, avec “fixation, cristallisation et projection accrues des fantasmes à l’œuvre depuis les origines de cette affaire, il y a soixante ans”
- et ce souhait qui était le mien que cette situation soit dépassée et que “l”Affaire ou les Affaires Artaud cessent enfin de s’écrire”.
Eh bien, oui, Monsieur Jeannelle : on peut tout à la fois se montrer lucide et souhaiter que les choses se clarifient et avancent ! - C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement. Des avis de lecteurs sur Internet, divers courriers me montrent que certaines lectures changent, et changent TRÈS VITE.
L’attitude du Monde, par contre, et de l’ensemble d’une presse écrite à peu près coite, démontre que mes craintes n’étaient pas infondées. - Allons, Allons, Monsieur Jeannelle, un petit effort de rhétorique est encore nécessaire au poli de vos articles. La méchanceté est un art et ce n’est pas si facile !
Plaidoyer pour la revivification des noyés
Lettre à Jean-Louis Jeannelle* et au Monde des livres.
*Auteur de l’article “L’Affaire Artaud : journal ethnographique de Florence de Mèredieu : Artaud et les jésuites” (11 / 06 / 09).
UNE MODIFICATION DU STATUT DE LA PRESSE
En 1994, lorsque j’adresse à quelque 900 personnes ma “Lettre ouverte à Josyane Savigneau” (1), ce fut un beau tollé. Outre une critique du travail de Paule Thévenin, ma lettre ouverte franchissait (allègrement) un autre tabou majeur : on ne met pas en cause un journaliste. Celui-ci (ou celle-ci en l’occurrence) est persona non grata.
Les auteurs peuvent ne pas reconnaître leurs livres dans ce qui est énoncé par le dit “critique”, être (pourquoi pas) attaqués injustement ; ils peuvent se sentir trahis, manipulés. En aucun cas ils ne doivent “répondre” et s’attaquer aux grands noms de la presse.
Cette situation n’est pas normale. Un journal culturel se doit de promouvoir RÉELLEMENT et non pas seulement pour la façade un débat d’idées. L’auteur doit pouvoir s’expliquer.
La situation n’est plus aujourd’hui tout à fait la même. La situation de la presse écrite s’est modifiée. Internet a peut-être beaucoup de défauts, mais il a tout de même fait voler en éclats l’ancien monopole détenu par les journaux.
Jean-Louis Jeannelle juge “délicate” la critique de ce nouveau livre. Je serais en quelque sorte trop méchante avec les journaux. Entreprendre la critique de son article ne me paraît, inversement, une entreprise ni délicate, ni pharaonique.
Trêve de coquetteries : “Décortiquer” et critiquer l’article d’un journaliste, quoi de plus normal. C’est d’ailleurs ce que les journalistes font des livres des auteurs. Une saine réciprocité ne peut en la matière nuire à la vie intellectuelle. Nos journalistes devraient plutôt s’en réjouir. Cela montre qu’on les lit encore un peu.Le Monde a-t-il réellement envisagé de faire une “critique sérieuse” de mon livre ? Ce n’est pas impossible. - Le Monde a-t-il au contraire songé à faire l’impasse, à ne rien publier ? C’est peu probable car ce silence, par trop visible, avait déjà été repéré. D’autant plus facilement que mon livre met nommément en cause le journal. Les journalistes du Monde des livres ont donc opté pour une voie médiane et censément diplomatique : le “papier pour ne rien dire”. Publié tardivement, à l’approche de l’été. Trois mois après la sortie de l’ouvrage en librairie.
D’où ce papier écrit, on le sent, avec d’extrêmes pincettes. Un papier de “Précieuse ridicule” pratiquant le “collage” de citations” et quelques amalgames grossiers. Un papier mal ficelé. Les Jésuites, les vrais, sont bien plus doués !
Ainsi de ce prétendu paradoxe final, Jean-Louis Jeannelle me taxant de “jésuitisme”, en me reprochant conjointement :
- ces craintes que j’évoque concernant, à la parution de cet ouvrage, un renforcement des attitudes des uns et des autres, avec “fixation, cristallisation et projection accrues des fantasmes à l’œuvre depuis les origines de cette affaire, il y a soixante ans”
- et ce souhait qui était le mien que cette situation soit dépassée et que “l”Affaire ou les Affaires Artaud cessent enfin de s’écrire”.
Eh bien, oui, Monsieur Jeannelle : on peut tout à la fois se montrer lucide et souhaiter que les choses se clarifient et avancent ! - C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement. Des avis de lecteurs sur Internet, divers courriers me montrent que certaines lectures changent, et changent TRÈS VITE.
L’attitude du Monde, par contre, et de l’ensemble d’une presse écrite à peu près coite, démontre que mes craintes n’étaient pas infondées. - Allons, Allons, Monsieur Jeannelle, un petit effort de rhétorique est encore nécessaire au poli de vos articles. La méchanceté est un art et ce n’est pas si facile !
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