"Le 22 février 1939, Artaud est transféré à l'Hôpital de Ville-Évrard. (…) Dans cet établissement, deux médecins italiens, Ugo Cerletti et Lucino Bini, veulent expérimenter un nouveau traitement. Le premier ayant constaté dans les abattoirs de Rome que les chocs électriques ne tuent pas les animaux mais les assomment, il passe de l'expérimentation sur les animaux aux êtres humains, encouragé dans cette entreprise par les nazis qui interdisent l'usage de l'insuline pour les malades mentaux. Artaud jugé trop faible ou considéré comme incurable ne reçoit aucun traitement." (WIKIPEDIA, en date du 14 janvier 2010)
Ce paragraphe n'est qu'un tissu d'erreurs. Ugo Cerletti et Lucio (sic) Bini, les deux médecins italiens, qui ont mis au point la technique de l'électrochoc en 1938 et 1939, n'ont JAMAIS officié à Ville-Évrard. Ils ont travaillé en Italie, pas en France.
À Ville-Évrard, le Docteur Rondepierre est un des pionniers des recherches sur l'électrochoc. Il effectue d'abord des expérimentations sur les animaux [de la ferme de l'asile] et passe ensuite à l'application sur les humains. Il n'est pas "encouragé par les nazis", ceux-ci n'ayant eu (comme l'on sait…) aucune visée "thérapeutique" concernant la maladie mentale.
La thèse de médecine du Dr Le Gallais (ce médecin a eu entre ses mains le dossier médical d'Artaud) atteste que c'est à Ville-Évrard, dans le service du Dr Rondepierre qu'Artaud, quoique particulièrement faible (en raison de la malnutrition chronique des internés), a subi son ou ses premiers électrochocs, à l'été ou l'automne 1942.
À Rodez, il subira ensuite 58 électrochocs. Artaud a-t-il eu dans les asiles d'autres traitements convulsivants (cardiazol et insuline) ? On ne sait. Le dossier médical d'Artaud demeure encore secret et recèle sans doute bien d'autres informations.
L'interdiction faite par les allemands de l'usage de l'insuline et du cardiazol pour les malades mentaux n'est que l'un des facteurs déclenchant du développement massif de la technique de l'électrochoc dans la France occupée. Ce ne sont pas les "nazis" qui appliquent cette technique controversée à Antonin Artaud et aux centaines de milliers de personnes dans le monde qui auront alors à connaître ce traitement. La puissance occupante n'est pas intervenue en France, entre 1939 et 1945, pour que ce traitement soit appliqué dans les hôpitaux psychiatriques.
Ce sont les médecins français qui ont alors pratiqué à grande échelle et très largement répandu cette thérapeutique, controversée par nombre de médecins et par ceux-là mêmes qui en firent un grand usage (tels Ugo Cerletti, Jean Delay ou, plus récemment, Peter Breggin).
Il ne faudrait pas que ce qui est vraisemblablement, dans cet article de Wikipedia, de l'ordre de "l'erreur" (d'où diable provient-elle ?) et de la plus grossière confusion se transforme en "manipulation" de l'histoire.
J'espère que WIKIPEDIA m'entendra et effectuera les modifications indispensables.
Sources à consulter :
- "Sur l'électrochoc, le cas Antonin Artaud, Blusson, 1996.
- "C'était Antonin Artaud", Fayard, 2006.
- "Nos amis les psychiatres", in L'Affaire Artaud, Fayard, 2009.
Ce paragraphe n'est qu'un tissu d'erreurs. Ugo Cerletti et Lucio (sic) Bini, les deux médecins italiens, qui ont mis au point la technique de l'électrochoc en 1938 et 1939, n'ont JAMAIS officié à Ville-Évrard. Ils ont travaillé en Italie, pas en France.
À Ville-Évrard, le Docteur Rondepierre est un des pionniers des recherches sur l'électrochoc. Il effectue d'abord des expérimentations sur les animaux [de la ferme de l'asile] et passe ensuite à l'application sur les humains. Il n'est pas "encouragé par les nazis", ceux-ci n'ayant eu (comme l'on sait…) aucune visée "thérapeutique" concernant la maladie mentale.
La thèse de médecine du Dr Le Gallais (ce médecin a eu entre ses mains le dossier médical d'Artaud) atteste que c'est à Ville-Évrard, dans le service du Dr Rondepierre qu'Artaud, quoique particulièrement faible (en raison de la malnutrition chronique des internés), a subi son ou ses premiers électrochocs, à l'été ou l'automne 1942.
À Rodez, il subira ensuite 58 électrochocs. Artaud a-t-il eu dans les asiles d'autres traitements convulsivants (cardiazol et insuline) ? On ne sait. Le dossier médical d'Artaud demeure encore secret et recèle sans doute bien d'autres informations.
L'interdiction faite par les allemands de l'usage de l'insuline et du cardiazol pour les malades mentaux n'est que l'un des facteurs déclenchant du développement massif de la technique de l'électrochoc dans la France occupée. Ce ne sont pas les "nazis" qui appliquent cette technique controversée à Antonin Artaud et aux centaines de milliers de personnes dans le monde qui auront alors à connaître ce traitement. La puissance occupante n'est pas intervenue en France, entre 1939 et 1945, pour que ce traitement soit appliqué dans les hôpitaux psychiatriques.
Ce sont les médecins français qui ont alors pratiqué à grande échelle et très largement répandu cette thérapeutique, controversée par nombre de médecins et par ceux-là mêmes qui en firent un grand usage (tels Ugo Cerletti, Jean Delay ou, plus récemment, Peter Breggin).
Il ne faudrait pas que ce qui est vraisemblablement, dans cet article de Wikipedia, de l'ordre de "l'erreur" (d'où diable provient-elle ?) et de la plus grossière confusion se transforme en "manipulation" de l'histoire.
J'espère que WIKIPEDIA m'entendra et effectuera les modifications indispensables.
Sources à consulter :
- "Sur l'électrochoc, le cas Antonin Artaud, Blusson, 1996.
- "C'était Antonin Artaud", Fayard, 2006.
- "Nos amis les psychiatres", in L'Affaire Artaud, Fayard, 2009.
11 commentaires:
Je pense que "Wikipédia" ne lit pas votre blog, vu que c'est un collectif de milliers d'internautes à travers le monde dont l'immense majorité ne connaît pas votre blog et n'a rien à faire d'Antonin Artaud. Je vous suggère de poster vos remarques sur la page de discussion associée à l'article.
Merci à vous. J'avais effectivement cru comprendre. Encore que soit apparue en tête de l'article une note précisant que les éléments de l'article ne sont pas assez référencés.
J'ai rectifié directement l'erreur la plus énorme, concernant Cerletti, Bini et Ville-Evrard, ainsi que le nombre (et le lieu d'application) des électrochocs.
Je ferai de même pour ce qui concerne les "pères maristes".
Mais oui, vous avez raison, je vais chercher cette page de discussion.
Bien cordialement.
Donc vous pensez qu'Artaud a bien subi ses premiers électrochocs à Ville-Évrard ? Cela devrait dans tous les cas pouvoir être vérifié dans son dossier médical de Ville-Évrard, auquel il semblerait que tout un chacun ait accès.
Le dossier medical d'Artaud n'est pas accessible.
Mais les medecins qui ont eu acces a ce dossier ont laisse beaucoup de traces ecrites.
Vous trouverez toutes les informations la-dessus
dans L'Affaire Artaud (Fayard) dans le chapitre intitule nos amis les psychiatres
et aussi dans la biographie d'Artaud C'etait Antonin Artaud chez Fayard dans le passage qui concerne Ville-Evrard.
Beaucoup d' informations y figurent.
Bonne lecture.
Florence de Meredieu
J'ai consulté le dossier médical d'Artaud,
de Ville Evrard, Il es pas mentioné par trace écrite que celui ci aurait subit des electrochocs, mais nous sommes convaincu que il a bien été traité par electrochocs, il reste des machines las bas et on pense qu'elles ont été tester sur Artaud. J'ai pu avoir des témoiniages comme quoi les traitements d'életrochocs n'était pas mentioné dans les dossiers car cela été expérimentale alors cela reste un mystère mais nous pouvons quand même croire que il en avait subit.
Qu'avez-vous consulté à Ville-Evrard ? Une partie du dossier médical ou la totalité de ce qui avait été enregistré (ou non enregistré) à l'époque où Artaud y était ?
Le mystère ne s'épaissit peut-être qu'en apparence. Les "témoignages" dont vous faites état pourraient être importants. Mais évidemment il faudrait qu'ils soient plus explicites et que l'on sache "qui" parle.
Les documents faisant mention de ces électrochocs de Ville-Evrard (thèse du Dr le Gallais) se trouvent noirs sur blancs (et en fac-sim) page 336 de mon ouvrage L'Affaire Artaud, Fayard, 2009. Avec toutes les explications et les références qui vont avec : pages 333-335.
D'autres éléments complémentaires se trouvaient déjà dans ma biographie d'Artaud, parue en 2006 toujours chez Fayard, C'était Antonin Artaud, page 735.
Avez-vous eu la curiosité d'aller voir ?
Bonne continuation dans vos recherches.
Je vois que vous avez de la "constance".
C'est une qualité.
J'ai consulté à Ville-Evrard l'intégralité du dossier d'Artaud à l'époque ou il était, que m'a laissé filmer , photographier et feuilleter l'archiviste.
Ce dossier était peut-être incomplet car je n'y ai vu aucun documents mentionnant le traitement par électrochocs. Mais j'ai gardé
le contacte de l'archiviste et d'une femme d'un certain âge qui y travaille depuis un certain temps, et qui ont donc de nombreuses connaissances sur le sujet des traitements administrés à Ville-Evrard. En effet, elles m'ont toutes deux confirmé qu'il existait bien des pemiers essais d'électrochocs sur certains patients.
Je n'ai pas eu la curiosité d'aller consulter vos écrits, mais je compte le faire très prochainnement.
Lors de sa fin de vie de 1946 à 1948 il à vécu et fini ses jours à la maison de sante D'ivry.
Qui a été détruite par la suite et dont les archives restent un grand mystère car inconsultable et privatisées. Je mène donc actuellement mon "enquête" de ce côté.
Merci à vous de votre réponse et de vos indications sur les écrits.
J'ai actuellement 17 ans, oui c'est jeune mais ce projet me tiens à coeur et je suis une grande passionée de l'artiste et de ce que la psychiatrie aurait pu altérer à son Art.
Des réponses à beaucoup des questions que vous vous posez se trouve effectivement dans mes ouvrages. En particulier, pour ce qui concerne l'électrochoc à Ville-Evrard, le livre paru en 1996, Sur l'électrochoc, le Cas Antonin Artaud. Qui contient une histoire de l'électrochoc, en particulier en France, et s'étend beaucoup sur le rôle de "pionnier" en la matière de Ville-Evrard. Voir le rôle joué par le Docteur Rondepierre.
Pour Ivry, oui je sais.Bonne chance pour vos démarches. Tout finit par sortir un jour.
Artaud est un auteur attachant, important. Et je comprends bien qu'il puisse vous fasciner.
http://yannricordel.com/2013/03/15/web-2-0-vers-le-crepuscule-dune-utopie/
OUi : la question de la dilution de tout référentiel est une question ENORME.
Pour ce qui est de la teneur de l'article de Wikipedia sur Artaud en date de mars 2010 a été rectifiée. Mais, les informations bougeant en permanence, j'ai laissé mon commentaire en ligne. — Pour ce qui est de la question (plus anecdotique) de frères maristes, je l'avais corrigé ; elle est réapparue. Et j'ai jeté l'éponge.
J'aurai aussi beaucoup de choses à dire concernant ce commentaire [des psychiatres] concernant le "barrage" dont Artaud aurait été victime à Bruxelles. Cette proposition est tout bonnement grotesque et l'on ne voit pas comment on peut avancer de tels commentaires rétrospectifs à partir des documents connus : parce qu'il évoque tout à coup dans sa conférence la masturbation chez les Jésuites, il faudrait considérer qu'il s'agit là d'un trouble psychique ! Quand on connaît la verdeur des propos habituels d'Antonin Artaud, son goût pour la provocation, on reste éberlué de tant de "candeur psychiatrique" des médecins.
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